[CRITIQUE] : To the moon
Réalisateur : Greg Berlanti
Acteurs : Scarlett Johansson, Channing Tatum, Anna Garcia, Ray Romano, Woody Harrelson, Jim Rash,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min.
Synopsis :
Chargée de redorer l'image de la NASA auprès du public, l'étincelante Kelly Jones, experte en marketing, va perturber la tâche déjà complexe du directeur de la mission, Cole Davis. Lorsque la Maison-Blanche estime que le projet est trop important pour échouer, Kelly Jones se voit confier la réalisation d'un faux alunissage, en guise de plan B et le compte à rebours est alors vraiment lancé...
Critique :
Au sein d'un été des blockbusters tout en franchises pas toujours bien lunées (même pas pardon), To The Moon de Greg Berlanti a tout d'une anomalie profondément charmante, petit bout de comédie romantico-historique aussi terre-à-terre qu'inoffensive mais qui, pourtant, est emprunt d'une assurance assez folle, conscient qu'elle est de ses qualités et de son charme.
Du divertissement à l'ancienne, sans doute peut-être un peu trop fragile et nostalgique pour son bien, qui nous ramène tout en douceur au cœur des années 50/60 et de ses comédies aussi chastes que gentiment excentriques, portées par des comédiennes et des comédiens élégants et à l'enthousiasme jamais feint, contents de tourner ensemble, et dont les bonnes intentions n'étaient pas encore perverti par la domination écrasante du roi dollar et la franchisation à outrance.
Alors évidemment, tout n'est pas parfait à la vision du film, loin de là même, mais son postulat de départ un poil culotté (l'idée, complotiste mais dans le sens mignon du terme, qu'un responsable marketing travaille avec le gouvernement américain pour organiser un faux atterrissage sur la Lune, comme plan de secours afin de vendre au peuple la mission Apollo 11), est suffisamment intriguant sur le papier, pour titiller l'intérêt et justifier sa présence en salles.
On y suit les atermoiements de Kelly Jones, une prêtresse du monde de la publicité et du marketing, capable de tout vendre ou presque.
Mais vraiment, genre elle serait sans doute capable de vendre des bâtonnets de poisson Findus au Capitaine Iglo (référence de boomer, mais totalement assumée), d'autant qu'elle n'est définitivement pas la dernière à monter des coups où même à défier la morale et l'éthique, pour vendre son argumentaire.
Définitivement, une escroc comme on les aime, qui sait s'appuyer sur l'absurdité du milieu qu'elle domine de la tête et des épaules, tout en ayant pleinement conscience de son pouvoir et de son importance à une époque où l'Amérique est au plus bas.
La femme de la situation donc, pour une NASA qui désespère de sensibiliser et intéresser aussi bien le peuple américain que les membres du Congrès, à la mission Apollo 11 et l'atterrissage sur la Lune (jusqu'ici accueillie avec un profond scepticisme, pas aidé par les gros soucis de relations publiques de l'agence fédérale).
Catapultée à Cap Kennedy, elle va vite découvrir que sa mission est loin d'être une sinécure, non seulement parce que l'angle pour enthousiasmer tout le monde est difficile à trouver, mais aussi et surtout parce que personne ne lui facilite la tâche sur place, dont Cole Davis, le directeur du lancement d'Apollo 11, pas forcément jouasse à l'idée de voir ses astronautes - Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin - se ridiculiser dans une pluie de publicités.
Mais, comédie - et romance - oblige, cette véritable tornade va faire craquer la NASA, et les deux opposés se chamailleront autant qu'ils s'attireront, même quand l'équation se complexifiera avec l'arrivée de Moe Berkus, le bras droit de Richard Nixon, qui ordonne à Kelly d'engager un réalisateur pour filmer un faux alunissage en guise de plan d'urgence, car Apollo 11 n'a absolument pas le droit à l'échec...
Chargée comme une mule, ce n'est in fine pas tant vers son hypothétique manque de dynamisme que To The Moon pèche, ni du côté de l'alchimie évidente qui unit ses deux interprètes vedette (si Channing Tatum fait le strict minimum - il est aussi drôle que charmant, mais trop corseté par la solennité de son personnage -, Scarlett Johansson elle, en impose dans une composition tout en vivacité et en légèreté, elle dont le charisme solaire se fond à merveille dans un cadre 60s définitivement fait pour elle), mais dans sa propension à aligner les personnages et les sous-intrigues avec une gourmandise maladive, véritable épine du pied d'une écriture qui avait déjà maille à se bagarrer avec sa fidélité historique vraiment relative (tout autant qu'avec sa corde sensible et émotionnelle), et un contexte politique grave qu'il tente de mettre un brin sous le tapis (la guerre froide et la relation étroite et évidente entre les ambitions cosmiques de l'Amérique et sa volonté de damner le pion à l'Union soviétique), quand il ne l'approche pas maladroitement (quelques relans patriotiques pas toujours digestes).
Alors certes, si sa contextualisation - culturelle, politique et historique - épouse difficilement son élan romantique (voire crée plusieurs grésillements sur sa partition jazzy d'un amour doux et réconfortant), paradoxalement surécrit parfois, difficile de totalement bouder son plaisir pour autant devant ce petit bout de cinéma délicieux qui divertit autant qu'il interroge, dont la reconstitution est d'une authenticité et d'une précision folle (des décors comme aux costumes rétro, tout est juste parfait).
À défaut de nous faire nous décoller jusqu'aux étoiles, To The Moon nous fait passer un joli moment sur terre, et ce n'est déjà pas si mal.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Scarlett Johansson, Channing Tatum, Anna Garcia, Ray Romano, Woody Harrelson, Jim Rash,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min.
Synopsis :
Chargée de redorer l'image de la NASA auprès du public, l'étincelante Kelly Jones, experte en marketing, va perturber la tâche déjà complexe du directeur de la mission, Cole Davis. Lorsque la Maison-Blanche estime que le projet est trop important pour échouer, Kelly Jones se voit confier la réalisation d'un faux alunissage, en guise de plan B et le compte à rebours est alors vraiment lancé...
Critique :
Si sa fragile contextualisation (culturelle, politique où même historique) épouse difficilement son élan romantique (paradoxalement surécrit), impossible pourtant de bouder son plaisir devant #ToTheMoon, petit bout de comédie romantique délicieuse tout droit sortie des 50s/60s. pic.twitter.com/ORRmzo5oeb
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 10, 2024
Au sein d'un été des blockbusters tout en franchises pas toujours bien lunées (même pas pardon), To The Moon de Greg Berlanti a tout d'une anomalie profondément charmante, petit bout de comédie romantico-historique aussi terre-à-terre qu'inoffensive mais qui, pourtant, est emprunt d'une assurance assez folle, conscient qu'elle est de ses qualités et de son charme.
Du divertissement à l'ancienne, sans doute peut-être un peu trop fragile et nostalgique pour son bien, qui nous ramène tout en douceur au cœur des années 50/60 et de ses comédies aussi chastes que gentiment excentriques, portées par des comédiennes et des comédiens élégants et à l'enthousiasme jamais feint, contents de tourner ensemble, et dont les bonnes intentions n'étaient pas encore perverti par la domination écrasante du roi dollar et la franchisation à outrance.
Copyright 2024 CTMG, Inc. |
Alors évidemment, tout n'est pas parfait à la vision du film, loin de là même, mais son postulat de départ un poil culotté (l'idée, complotiste mais dans le sens mignon du terme, qu'un responsable marketing travaille avec le gouvernement américain pour organiser un faux atterrissage sur la Lune, comme plan de secours afin de vendre au peuple la mission Apollo 11), est suffisamment intriguant sur le papier, pour titiller l'intérêt et justifier sa présence en salles.
On y suit les atermoiements de Kelly Jones, une prêtresse du monde de la publicité et du marketing, capable de tout vendre ou presque.
Mais vraiment, genre elle serait sans doute capable de vendre des bâtonnets de poisson Findus au Capitaine Iglo (référence de boomer, mais totalement assumée), d'autant qu'elle n'est définitivement pas la dernière à monter des coups où même à défier la morale et l'éthique, pour vendre son argumentaire.
Définitivement, une escroc comme on les aime, qui sait s'appuyer sur l'absurdité du milieu qu'elle domine de la tête et des épaules, tout en ayant pleinement conscience de son pouvoir et de son importance à une époque où l'Amérique est au plus bas.
La femme de la situation donc, pour une NASA qui désespère de sensibiliser et intéresser aussi bien le peuple américain que les membres du Congrès, à la mission Apollo 11 et l'atterrissage sur la Lune (jusqu'ici accueillie avec un profond scepticisme, pas aidé par les gros soucis de relations publiques de l'agence fédérale).
Copyright 2024 CTMG, Inc. |
Catapultée à Cap Kennedy, elle va vite découvrir que sa mission est loin d'être une sinécure, non seulement parce que l'angle pour enthousiasmer tout le monde est difficile à trouver, mais aussi et surtout parce que personne ne lui facilite la tâche sur place, dont Cole Davis, le directeur du lancement d'Apollo 11, pas forcément jouasse à l'idée de voir ses astronautes - Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin - se ridiculiser dans une pluie de publicités.
Mais, comédie - et romance - oblige, cette véritable tornade va faire craquer la NASA, et les deux opposés se chamailleront autant qu'ils s'attireront, même quand l'équation se complexifiera avec l'arrivée de Moe Berkus, le bras droit de Richard Nixon, qui ordonne à Kelly d'engager un réalisateur pour filmer un faux alunissage en guise de plan d'urgence, car Apollo 11 n'a absolument pas le droit à l'échec...
Chargée comme une mule, ce n'est in fine pas tant vers son hypothétique manque de dynamisme que To The Moon pèche, ni du côté de l'alchimie évidente qui unit ses deux interprètes vedette (si Channing Tatum fait le strict minimum - il est aussi drôle que charmant, mais trop corseté par la solennité de son personnage -, Scarlett Johansson elle, en impose dans une composition tout en vivacité et en légèreté, elle dont le charisme solaire se fond à merveille dans un cadre 60s définitivement fait pour elle), mais dans sa propension à aligner les personnages et les sous-intrigues avec une gourmandise maladive, véritable épine du pied d'une écriture qui avait déjà maille à se bagarrer avec sa fidélité historique vraiment relative (tout autant qu'avec sa corde sensible et émotionnelle), et un contexte politique grave qu'il tente de mettre un brin sous le tapis (la guerre froide et la relation étroite et évidente entre les ambitions cosmiques de l'Amérique et sa volonté de damner le pion à l'Union soviétique), quand il ne l'approche pas maladroitement (quelques relans patriotiques pas toujours digestes).
Copyright 2024 CTMG, Inc. |
Alors certes, si sa contextualisation - culturelle, politique et historique - épouse difficilement son élan romantique (voire crée plusieurs grésillements sur sa partition jazzy d'un amour doux et réconfortant), paradoxalement surécrit parfois, difficile de totalement bouder son plaisir pour autant devant ce petit bout de cinéma délicieux qui divertit autant qu'il interroge, dont la reconstitution est d'une authenticité et d'une précision folle (des décors comme aux costumes rétro, tout est juste parfait).
À défaut de nous faire nous décoller jusqu'aux étoiles, To The Moon nous fait passer un joli moment sur terre, et ce n'est déjà pas si mal.
Jonathan Chevrier