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[CRITIQUE] : Le Ministère de la sale guerre



Réalisateur : Guy Ritchie
Acteurs : Henry Cavill, Eiza González, Alan Ritchson, Alex Pettyfer, Henry Golding, Cary Elwes, Hero Fiennes Tiffin,...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Action, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
L'histoire de la toute première organisation de forces spéciales créée pendant la Seconde Guerre mondiale par le Premier ministre britannique Winston Churchill et un petit groupe de responsables militaires, dont l'auteur Ian Fleming. Cette unité de combat ultrasecrète, composée d'une équipe hétéroclite de voyous et de francs-tireurs, entreprend une mission audacieuse contre les nazis en utilisant des techniques de combat tout à fait non conventionnelles et tout à fait "non gentleman". En fin de compte, leur approche audacieuse a changé le cours de la guerre et a jeté les bases du SAS britannique et de la guerre moderne des opérations secrètes.



Critique :



Il y a deux détails qui ne trompent pas et qui prouvent que, avant même de se lancer tête baissée dans sa vision, The Ministry of Ungentlemanly Warfare - Le Ministère de la sale guerre par chez nous - est bel et bien un film de Guy Ritchie.
Premièrement, la propension gentiment gourmande du cinéaste à s'aligner sur les pas de son cousin américain Quentin Tarantino, en calquant tout comme il avait pu le faire avec Inglorious Bastards, son processus de citation/régurgitation sur une véracité historique qu'il a sensiblement romancé (pour être poli) au passage.

Dans un second temps, ce nouvel effort trahit également la passion du bonhomme pour faire s'entrechoquer avec brutalité les différentes classes sociales (pour preuve Snatch voire Sherlock Holmes où même le plus récent The Gentlemen), dans une sorte de gros bordel (dés)organisé comico-violent et profondément masculin.

Copyright Lionsgate

Pouvant assez logiquement, sur le papier, se voir comme une réponse Britpop au film de QT cité plus haut, mais aussi une autre définitivement moins surchargée et ironique à la trilogie Kingsman de Matthew Vaughn (ancien collaborateur du Guy qui a vite démontré qu'il était beaucoup, beaucoup trop influencé par le cinéma du papa de RocknRolla); The Ministry of Ungentlemanly Warfare est finalement un peu plus que la somme de tous les tropes du " lore " Ritchie, sans doute parce que le réalisateur a opéré une mue plus mature ces dernières années, laissant un peu (pas totalement, calmez-vous) ses fioritures stylistiques de côté pour voguer vers quelque chose de plus rugueux, efficace et rythmé, enchaînant les (bonnes) péloches à un rythme tellement effréné qu'il rendrait jaloux le Steven Soderbergh de la grande époque.

En ce sens, Ritchie fait de son nouvel effort un solide The Dirty Dozen à son image, bourrin et cartoonesque même si un peu trop brouillon pour son bien, où il tricote avec irrévérence une narration déglinguée à la fois nouée autour de la relecture un brin auto-glorifiée des faits (l'opération Postmaster, en Guinée espagnole, et basée sur le roman Churchill's Secret Warriors: The Explosive True Story of the Special Forces Desperadoes of WWII de Damien Lewis), que d'une exploration glamour et musclée du film d'espionnage sauce film de guerre; le tout vissé sur un capitaine/électron libre indiscipliné - un Henry Cavill so Bondien -, missionné par Winston Churchill himself pour composer un commandos de figures aussi téméraires que lui (mais surtout tout aussi doués à tuer de sang-froid leur prochain), histoire de détruire les lignes d'approvisionnement des sous-marins nazis qui ont la mainmise sur l'Atlantique.

Copyright Lionsgate

Conscient que le spectateur a toujours deux longueurs d'avance sur lui, tout autant qu'il arrive continuellement à se faire ludique pour ne pas que celui-ci détourne le regard (où qu'il joue d'une violence cartoonesque pour masquer celle horrible de la Seconde Guerre mondiale), même s'il laisse beaucoup trop de côté sa belle galerie de personnages badass et hétéroclites (dont seul Alan Ritchson se démarque réellement, malgré un accent à couper au couteau), The Ministry of Ungentlemanly Warfare se fait un gros bout de cinéma désinvolte, tout en jeu de massacre régressif, en punchlines faciles et en héroïsme plein de panache.

Un bon blockbuster estival à la lisière du comic book movie tortueux et furieux, qui n'a malheureusement pas eu, chez nous tout du moins, les honneurs des salles...


Jonathan Chevrier