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[CRITIQUE] : Tehachapi

Réalisateur : JR
Acteurs : -
Distributeur : mk2.Alt
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Les Etats-Unis représentent 4,2% de la population mondiale et 20% des détenus dans le monde. En octobre 2019, l'artiste JR obtient l'autorisation sans précédent d'intervenir dans l’une des prisons de haute sécurité les plus violentes de Californie : Tehachapi. Certains détenus y purgent des peines à perpétuité pour des crimes commis alors qu’ils n’étaient que mineurs. À travers son projet de fresque, JR rassemble les portraits et les histoires de ces hommes, offrant un regard différent sur le milieu carcéral et apportant un message d'espoir et de rédemption possible.



Critique :



Entre JR et le septième art, c'est une petite histoire d'amour qui va bien au-delà du magnifique Visages Villages, composé avec feu la grande Agnès Varda, tant il s'était laissé aller il y a encore peu, à l'effort difficile du documentaire via Paper & Glue, a JR project (dispo depuis septembre dernier sur Netflix), effort intime où, à l’aide de toiles inattendues, il s'échinait à donner une voix mondiale aux gens ordinaires à travers une combinaison de compositions artistiques mêlant art public, photographie et spectacle grand format.

Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas - où à qui on ne veut pas/plus la donner -, privilégier l'humanité et l'espoir dans un monde de plus en plus violent et obscur, c'est une nouvelle fois la vérité qui irrigue son dernier projet cinématographique en date, Tehachapi, qui emprunte son titre à l’une des prisons de haute sécurité les plus violentes de Californie... ambiance.

© JR / Social Animals Production (JRSA) / Ciné-Tamaris / MK2 Films

Loin de plonger tête la première dans la surenchère outrancière et putassière des magazines nationaux du type Enquêtes Exclusives, Tehachapi incarne un regard réaliste, pudique  et humain autant sur un milieu carcéral à la vérité opaque, que sur plusieurs détenus condamnés à perpétuité (et ce depuis leur adolescence pour certains), dont les portraits prônent sensiblement plus l'optimisme et l'espoir d'une hypothétique rédemption, que le laisse présager un cadre aussi violent qu'étrange, flanqué au milieu de nulle part.

Par la force de l'acte artistique, touchés par l'histoire de ses hommes qu'il a filmé avec justesse, pour qu'on les voie de la même manière que lui, et à qui il laisse suffisamment de temps d'écran pour qu'il existe au-delà de leur simple statut de détenus, JR sonde autant l'absurdité parfois assez folle du système judiciaire et carcéral américain (le notre n'en est pas exempt), qu'il appuie l'importance des programmes de réadaptation, même pour les délinquants les plus impitoyables et dangereux.
Une vraie œuvre humaniste, engagée et poignante.


Jonathan Chevrier