[CRITIQUE] : Crépuscule
Réalisateur : György Fehér
Acteurs : Péter Haumann, János Derzsi, Judit Pogany, Kati Lazar,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Policier.
Nationalité : Hongrois.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Le corps de la petite Anna, huit ans, est découvert au fin fond d’une forêt. Deux inspecteurs sont dépêchés sur place pour mener l’enquête et retrouver le dangereux tueur en série qui a déjà sévi deux fois dans la région. Lorsque leur unique suspect met fin à ses jours, les enquêteurs décident de partir sur une nouvelle piste, s’aidant pour cela d’un dessin de la dernière victime...
Critique :
À l'instar des films du Camélia où même de Potemkine, pour faire un peu de name-dropping aux petits distributeurs qui méritent amplement tous les regards (pas de petite publicité, même à notre échelle), Carlotta Films a toujours su être dans les bons coups pour aligner les (re)découvertes aussi bien dans les bacs, qu'au sein d'une grille de sorties annuelle où quantité ne rime pas toujours avec pluralité, et encore moins qualité.
Nouvelle preuve cette semaine avec la sortie, inédite dans les salles obscures, de Crépuscule de György Fehér (qui s'offre ici une restauration 4K toute pimpante), qui a pour point commun avec l'excellent The Pledge de Sean Penn, d'adapter plus ou moins librement le roman La Promesse de l'auteur suisse Friedrich Dürrenmatt, quand bien même son approche s'avère diamétralement opposée.
Aux codes résolument conventionnels du polar noir abordé par le cinéaste américain, Fehér, proche collaborateur de Béla Tarr (dont l'influence ici est criante) qui adaptait dix ans plus tôt le bouquin, préfère davantage ceux d'un thriller douloureusement nihiliste couplé à une horreur atmosphérique et existentielle profondément anxiogène.
À tel point que les tenants et aboutissants même de l'intrigue (l'enquête d'un flic pour retrouver l'assassin quasi-mystique d'une jeune fillette de huit ans, dont le corps a été retrouvé au fin fond d'une forêt) semble moins intéressé le bonhomme, que la lente aura de terreur et de désespoir qui s'empare douloureusement de la communauté frappée par un mal invisible mais omniprésent; une violence qui s'immisce partout, gangrène tout.
Embaumant sa plongée au cœur des limbes d'un purgatoire métaphorique au silence pesant, dans un noir et blanc épuré et élégant, à peine brusqué par un rythme lancinant et délibérément glacial (ni par une mise en scène tout en longs travellings), Crépuscule séduit presque autant qu'il décontenance dans sa manière de vouloir constamment troubler son auditoire dans sa quête impossible de vérité, par des détails parfois subtils (des personnages sans nom, la manière de lier sa figure menaçante aux vraies menaces de la Hongrie des années 30, aux portes du nazisme), parfois maladroits (des ellipses grossières, plombées par un cruel manque de contextualisation entre les bonds).
Reste, malgré tout, l'impression aussi enthousiasmante que douloureuse une fois sortie de la salle, d'avoir été catapulté de force au plus profond de la noirceur et du nihilisme de la nature humaine.
Et ce genre d'expérience est tout simplement inestimable.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Péter Haumann, János Derzsi, Judit Pogany, Kati Lazar,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Policier.
Nationalité : Hongrois.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Le corps de la petite Anna, huit ans, est découvert au fin fond d’une forêt. Deux inspecteurs sont dépêchés sur place pour mener l’enquête et retrouver le dangereux tueur en série qui a déjà sévi deux fois dans la région. Lorsque leur unique suspect met fin à ses jours, les enquêteurs décident de partir sur une nouvelle piste, s’aidant pour cela d’un dessin de la dernière victime...
Critique :
Sacrée expérience que #Crépuscule, in fine moins polar noir furieusement nihiliste qu'un vrai morceau d'horreur atmosphérique et existentielle joliment anxiogène. Une véritable plongée au cœur des limbes d'un purgatoire métaphorique, embaumée dans un noir & blanc épuré et élégant pic.twitter.com/luZcmtsNCi
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 13, 2024
À l'instar des films du Camélia où même de Potemkine, pour faire un peu de name-dropping aux petits distributeurs qui méritent amplement tous les regards (pas de petite publicité, même à notre échelle), Carlotta Films a toujours su être dans les bons coups pour aligner les (re)découvertes aussi bien dans les bacs, qu'au sein d'une grille de sorties annuelle où quantité ne rime pas toujours avec pluralité, et encore moins qualité.
Nouvelle preuve cette semaine avec la sortie, inédite dans les salles obscures, de Crépuscule de György Fehér (qui s'offre ici une restauration 4K toute pimpante), qui a pour point commun avec l'excellent The Pledge de Sean Penn, d'adapter plus ou moins librement le roman La Promesse de l'auteur suisse Friedrich Dürrenmatt, quand bien même son approche s'avère diamétralement opposée.
Aux codes résolument conventionnels du polar noir abordé par le cinéaste américain, Fehér, proche collaborateur de Béla Tarr (dont l'influence ici est criante) qui adaptait dix ans plus tôt le bouquin, préfère davantage ceux d'un thriller douloureusement nihiliste couplé à une horreur atmosphérique et existentielle profondément anxiogène.
Copyright Carlotta Films |
À tel point que les tenants et aboutissants même de l'intrigue (l'enquête d'un flic pour retrouver l'assassin quasi-mystique d'une jeune fillette de huit ans, dont le corps a été retrouvé au fin fond d'une forêt) semble moins intéressé le bonhomme, que la lente aura de terreur et de désespoir qui s'empare douloureusement de la communauté frappée par un mal invisible mais omniprésent; une violence qui s'immisce partout, gangrène tout.
Embaumant sa plongée au cœur des limbes d'un purgatoire métaphorique au silence pesant, dans un noir et blanc épuré et élégant, à peine brusqué par un rythme lancinant et délibérément glacial (ni par une mise en scène tout en longs travellings), Crépuscule séduit presque autant qu'il décontenance dans sa manière de vouloir constamment troubler son auditoire dans sa quête impossible de vérité, par des détails parfois subtils (des personnages sans nom, la manière de lier sa figure menaçante aux vraies menaces de la Hongrie des années 30, aux portes du nazisme), parfois maladroits (des ellipses grossières, plombées par un cruel manque de contextualisation entre les bonds).
Reste, malgré tout, l'impression aussi enthousiasmante que douloureuse une fois sortie de la salle, d'avoir été catapulté de force au plus profond de la noirceur et du nihilisme de la nature humaine.
Et ce genre d'expérience est tout simplement inestimable.
Jonathan Chevrier