[FUCKING SERIES] : Becoming Karl Lagerfeld : Biopic Brühlant
(Critique - avec spoilers - de la mini-série)
Dans un milieu comme la mode appelant à l’iconisation absolue, il y a des noms qui frappent immédiatement. Lagerfeld en fait indéniablement partie au vu de son style reconnaissable et de ses rapports conflictuels avec Yves Saint-Laurent. Il était évident que la fiction allait s’intéresser à pareille figure et c’est donc le sujet central de la mini-série Becoming Karl Lagerfeld, disponible le 7 juin sur Disney +, interrogeant le parcours du styliste dans une narration à double intérêt.
La série alterne principalement entre deux points de vue : celui de Karl Lagerfeld, bien sûr, mais également celui de Jacques de Bascher, le grand amour du couturier. Cette distanciation apparente permet d’amener une forme d’éloignement réflexif à la personnalité de Karl et de jouer sur un double tableau : l’homme tel qu’il se perçoit et tel qu’il est perçu. La romance entre nos deux protagonistes constitue dès lors rapidement un moteur émotionnel assez fort, bien portée par l’interprétation de Daniel Brühl et Théodore Pellerin dans un registre à fleur de peau. C’est un sentiment brut qui se dégage de leur jeu, un besoin constant de reconnaissance, une interrogation sur leur place qui se développe avec tout l’intérêt de la création, pas seulement de tenues, mais d’une identité et d’un héritage mémorable.
La confrontation identitaire se développe avec une certaine réussite, bien nourrie par les rejets constants de Lagerfeld, que ce soit en tant qu’allemand ou par ses liens avec Saint-Laurent. Cette animosité s’inscrit particulièrement par les apparitions à chaque fois remarquables d’Alex Lutz en Pierre Bergé, résonnant comme le plafond de verre qui écrase perpétuellement Karl. S’inscrit alors l’idée de l’émergence de l’icône derrière la tenue que doivent s’approprier d’autres personnes, ironie verbalisée d’ailleurs sur cette idée d’un équilibre entre renommée et effacement pour laisser respirer l’individu portant la tenue.
C’est donc dans cette marge fragile que Becoming Karl Lagerfeld trouve son plus grand intérêt, confrontant les besoins personnels dans un secteur aussi bien culturel qu’économique, imposant un besoin permanent d’exister. Si l’on y ajoute une narration bien segmentée et une interprétation de qualité, la série se fait plus qu’un simple biopic et un vrai questionnement identitaire au sein d’un milieu où l’on doit être plus que soi mais une figure iconique dépassant l’individu tout en s’y effaçant subtilement. Les conflits d’égo ne peuvent être que légion et la création aussi mémorable que l’individu derrière. On savoure tout cela avec un plaisir non feint, celui de se confronter à un milieu riche en dramaturgie, en personnages hauts en couleurs mais surtout en drame d’existence, au-delà de la vie, au-delà de la mort, au-delà de l’être même.
Liam Debruel
Dans un milieu comme la mode appelant à l’iconisation absolue, il y a des noms qui frappent immédiatement. Lagerfeld en fait indéniablement partie au vu de son style reconnaissable et de ses rapports conflictuels avec Yves Saint-Laurent. Il était évident que la fiction allait s’intéresser à pareille figure et c’est donc le sujet central de la mini-série Becoming Karl Lagerfeld, disponible le 7 juin sur Disney +, interrogeant le parcours du styliste dans une narration à double intérêt.
Copyright Disney+ |
La série alterne principalement entre deux points de vue : celui de Karl Lagerfeld, bien sûr, mais également celui de Jacques de Bascher, le grand amour du couturier. Cette distanciation apparente permet d’amener une forme d’éloignement réflexif à la personnalité de Karl et de jouer sur un double tableau : l’homme tel qu’il se perçoit et tel qu’il est perçu. La romance entre nos deux protagonistes constitue dès lors rapidement un moteur émotionnel assez fort, bien portée par l’interprétation de Daniel Brühl et Théodore Pellerin dans un registre à fleur de peau. C’est un sentiment brut qui se dégage de leur jeu, un besoin constant de reconnaissance, une interrogation sur leur place qui se développe avec tout l’intérêt de la création, pas seulement de tenues, mais d’une identité et d’un héritage mémorable.
La confrontation identitaire se développe avec une certaine réussite, bien nourrie par les rejets constants de Lagerfeld, que ce soit en tant qu’allemand ou par ses liens avec Saint-Laurent. Cette animosité s’inscrit particulièrement par les apparitions à chaque fois remarquables d’Alex Lutz en Pierre Bergé, résonnant comme le plafond de verre qui écrase perpétuellement Karl. S’inscrit alors l’idée de l’émergence de l’icône derrière la tenue que doivent s’approprier d’autres personnes, ironie verbalisée d’ailleurs sur cette idée d’un équilibre entre renommée et effacement pour laisser respirer l’individu portant la tenue.
Copyright Disney+ |
C’est donc dans cette marge fragile que Becoming Karl Lagerfeld trouve son plus grand intérêt, confrontant les besoins personnels dans un secteur aussi bien culturel qu’économique, imposant un besoin permanent d’exister. Si l’on y ajoute une narration bien segmentée et une interprétation de qualité, la série se fait plus qu’un simple biopic et un vrai questionnement identitaire au sein d’un milieu où l’on doit être plus que soi mais une figure iconique dépassant l’individu tout en s’y effaçant subtilement. Les conflits d’égo ne peuvent être que légion et la création aussi mémorable que l’individu derrière. On savoure tout cela avec un plaisir non feint, celui de se confronter à un milieu riche en dramaturgie, en personnages hauts en couleurs mais surtout en drame d’existence, au-delà de la vie, au-delà de la mort, au-delà de l’être même.
Liam Debruel