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[CRITIQUE] : La Vie selon Ann


Réalisatrice : Joanna Arnow
Acteurs : Joanna Arrow, Scott CohenBabak TaftiAlysia Reiner,...
Distributeur : Pan Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Comédie Dramatique, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h28min.

Synopsis :
Ann, tren­te­naire new-yor­kaise, livre sa ver­sion décom­plexée de la sou­mis­sion. Les ren­contres avec ses par­te­naires, ain­si que ses rela­tions pro­fes­sion­nelles, fami­liales et ami­cales, deviennent alors un savou­reux ter­rain de jeu.



Critique :



Il y a, définitivement, dans les bons comme dans les moins bons côtés, les esprits de Woody Allen et de Lena Dunham au cœur du premier long-métrage audacieux et brut du couteau suisse (actrice principale, réalisatrice, scénariste et chef monteuse) Joanna Arnow, La vie selon Ann, dont on préférera intimement plus le titre original, à la fois impossible à retenir et merveilleusement évocateur de la séance a venir - The Feeling That the Time for Doing Something Has Passed.

Copyright Pan Distribution

Chronique désenchantée et gentiment déglinguée à l'humour sensiblement féroce, façon simili-autofiction conflictuel où la détresse prend sensiblement son temps pour se transformer en espoir, l'histoire est vissée sur la fameuse Ann du titre, la trentaine bien avancée, dont le quotidien oscille entre des relations BDSM occasionnelles, un travail en entreprise insatisfaisant et des interactions angoissantes avec ses parents autoritaires.
Une vie tout en soumission et en ennui existentiel, que ne vient jamais tromper un vide émotionnel profond.

Mais, au fil de la bobine et des diverses confrontations aux autres, une jolie personnalité émerge, celle d'une femme à la fois pleine d'esprit et opiniâtre, passive et égocentrique, mais avant tout et surtout frustrée d'être coincée entre ses propres choix de vie et ses diverses humiliations - sexuelles comme familiales et professionnelles.
A travers elle, au-delà de signer une prestation tout en vulnérabilité, Arnow scrute avec une méticulosité grinçante et un humour résolument sec (mais souvent percutant) autant la vacuité des relations humaines que la banalité de l'être.
Ann a beau enchaîner les relations diverses et - perversement - variées, où elle découvre des sources de connexions à l'autre parfois inattendue, ce n'est que pour vaincre sa peur de la solitude, de vieillir et d'être bouffée par les regrets.

Copyright Pan Distribution

Tout en lenteur et en gêne ambiante, structuré de manière elliptique, tel des vignettes superficielles qui forment un tout pas toujours cohérent (on a longtemps l'impression d'être le spectateur, lui aussi soumis, d'une histoire suspendue entre les phases de la vie de son anti-héroine, sans que la drôlerie ne s'y invite), La vie selon Ann se fait une expérience à part, une tragi-comédie s'épanouissant dans le spleen et le malaise désespérée, à l'humour volontairement déstabilisant, sur une figure antipathique et pourtant difficile à lâcher.

Pas toujours adroit donc, mais hautement recommandable.


Jonathan Chevrier