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[CRITIQUE] : Drive-away Dolls


Réalisateur : Ethan Coen
Avec : Margaret Qualley, Geraldine Viswanathan, Beanie Feldstein, Colman Domingo,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Action, Comédie, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h24min

Synopsis :
Jamie, une jeune femme libre d’esprit essuyant une énième rupture amoureuse, et Marian, son amie pudique et réservée qui souffre de frustration généralisée, sont en quête d'une bouffée d’air frais. Elles se lancent dans un road trip en direction de Tallahassee, mais leur périple va vite se compliquer quand elles croisent la route d'une bande de truands.


Critique :



Alors que Joel Coen sortait son tout premier film réalisé seul, MacBeth, en 2021, le réalisateur avait déclaré que son frère, Ethan, voulait se concentrer uniquement au théâtre. Trois ans plus tard, il semblerait qu’il ait changé d’avis. Drive-away Dolls le confirme : le duo légendaire réalise désormais des films chacun de leur côté. Ethan Coen mélange star cinq étoiles et étoiles montantes du cinéma indépendant pour ce film solo qu’il a co-écrit avec sa femme, Tricia Cooke. Margaret Qualley, Beanie Feldstein, Pedro Pascal, Matt Damon. Renouant avec le ton irrévérencieux de leur début, le cinéaste nous entraîne dans une aventure sans queue (et c’est le cas de le dire…), ni tête (...c’est aussi le cas de le dire).

Les quelques critiques déjà tombées ne sont pas tendres avec Drive-away Dolls. Et nous ne serons pas les voix dissidentes, hélas. Pourtant, sur le papier, tout devait fonctionner. Jamie, sorte de Kristen Stewart et de Matthew McConaughey (si, si), s'incruste dans la voiture de son amie Marian, en route vers la Floride. Deux lesbiennes dans le vent, à la Thelma et Louise, qui n’ont absolument pas conscience qu’elles transportent un dangereux colis dans leur coffre. La volonté de refuser tout premier degré est flagrante. Tout est exagéré : l’accent du sud de Margaret Qualley, les scènes de sexe, les blagues… Comme si nous assistions aux private jokes du couple de scénaristes. On imagine sans mal les fous rires qu’ils ont dû avoir en écrivant certaines scènes.

Copyright 2023 Focus Features. LLC.


Ethan Coen ne se prend pas au sérieux. Mais passé le plot hilarant, que reste-t-il du film, à part une vision que nous pensions éculée sur la sexualité des lesbiennes ? Eh bien, pas grand chose. Si Drive-away Dolls sent bon les années 90s, il sent aussi l’ancien. Le duo féminin véhicule l’image de la prude et de la salope, la seule différence étant qu’elles sont lesbiennes. Elles ne peuvent prendre du plaisir uniquement avec un godemiché (moulé du pénis d’un politicien conservateur, fin de la blague), parce qu’il faut bien mettre un phallus entre tous ces vagins ! Alors oui, elles sont beaucoup plus intelligentes que les hommes qui les poursuivent et elles n’ont pas froid aux yeux. Tricia Cooke, ouvertement queer, a déclaré s’être inspirée de ses souvenirs des bars gays de l’époque. Cependant, on ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel face au traitement des personnages. Avec quelle facilité le film passe du ton camp voulu et assumé, à une pure parodie de lui-même.

Parce qu’au fond, ce qu’on peut reprocher à Ethan Coen, c’est de reproduire le même genre de films que ce qu’il a pu réaliser avec son frère. De Ladykillers, à Fargo, en passant par The Big Lebowski et Intolérable Cruauté, Drive-away Dolls sent cruellement le réchauffé. Qu’importe les blagues de cul et le cabotinage de Margaret Qualley, c’est un défaut difficilement pardonnable.


Laura Enjolvy