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[CRITIQUE] : Shirley


Réalisateur : John Ridley
Acteur : Regina King, Lance Reddick, Terrence Howard, Lucas Hedges, Andre Holland,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min

Synopsis :
Shirley Chisholm, première femme noire élue députée aux États-Unis, se lance dans une course historique pour être nommée candidate démocrate aux élections présidentielles de 1972.



Critique :



Le rapprochement n'est pas si putassier qu'il en a l'air, mais difficile de ne pas voir en Shirley de John Ridley, les mêmes soucis - et maigres qualités - perceptibles à la vision du définitivement plus défendable Bayard Rustin/Rustin de George C. Wolfe, lui-même symbole d'une formule du biopic moderne aussi redondante que profondément cheap, déclinée à foison depuis des lustres puisqu'elle est, justement, l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).

Copyright Glen Wilson/Netflix

Même porté par les meilleures intentions du monde, le film de Ridley (scénariste oscarisé pour 12 Years a Slave, ça fait toujours bien plus joli sur le CV que le script du remake de Ben-Hur) a tout de l'oeuvre " bingo " qui coche toutes les cases historiques en annhilant tout potentiel investissement émotionnel de son auditoire - pas le temps.
Pourtant, impossible de renier la puissance autant que l'importance de Shirley Chisholm et de son parcours politique dans l'histoire récente des États-Unis d'Amérique, elle qui fut la première femme noire élue au Congrès, puis par la suite la première femme et la première personne de couleur, à solliciter l'investiture présidentielle d'un grand parti politique américain.
Sa course avait remis en question le statu quo grâce à ses efforts pour gagner suffisamment de délégués pour parler au nom du peuple, à la Convention nationale des démocrates.

Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que cette figure passionnante et importante, quand bien même un seul film ne semble pas suffir pour la caractériser complètement, attire un septième art ayant (très) souvent posé ses caméras sur des personnalités bien moins fascinante.
Mais la limonade peine à prendre à l'écran.
Comme pour Rustin, le prisme choisit par Ridley, seul scénariste à bord, s'inscrit dans l'ombre de ceux opérés par Ava DuVernay (Selma) et de Steven Spielberg (Lincoln) à savoir une manière presque procédurale, de célébrer autant que de décortiquer certaines facettes de la personnalité de sa figure titre, à travers les obstacles et les personnalités qui ont pu jalonner son parcours au coeur d'un événement bien précis.

Copyright Glen Wilson/Netflix

Mais à la différence de ses aînés, le film laisse un vrai goût de frustration sur la rétine (déjà bien agressée par sa palette de couleurs ternes), tant son examen conventionnel sert ni les actes de Chisholm, ni même la femme dure à cuire qu'elle était, ne lui rendant jamais justice, tout comme la performance électrisante de Regina King - qui aurait été une cinéaste parfaite sur ce biopic.

Sans tambour ni trompette, Shirley incarne une tambouille sous-Sorkinesque qui adhère avec une telle diligence aux conventions du biopic, qu'il laisse en surface tout ce qui aurait pu le rendre plus important et universel.
Une sacrée occasion manquée...


Jonathan Chevrier