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[CRITIQUE] : Bis Repetita


Réalisatrice : Émilie Noblet
Acteurs : Louise Bourgoin, Xavier Lacaille, Noémie Lvovsky, Francesco Montanari,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min

Synopsis :
Delphine, prof de lettres désabusée, a un deal bien rôdé avec ses élèves : ils lui fichent une paix royale, elle leur distribue des 19/20. Mais la combine se retourne contre elle quand ses excellents résultats (fictifs) propulsent sa classe au championnat du monde de latin, à Naples. Comble du cauchemar, c'est le neveu très zélé de la Proviseure qui est choisi comme accompagnateur. Pour sauver l’option latin, et surtout sa situation confortable, Delphine ne voit qu’une solution : tricher !



Critique :



Discrètement mais sûrement, forte de choix qui l'a font explorer toutes les nuances de son jeu d'actrice, capable d'alterner entre comédie et drame avec une facilité absolument déconcertante, Louise Bourgoin détonne, rayonne mais surtout impose sans effort sa marque au sein d'un septième art hexagonal qui, n'ayons pas peur des morts, n'aurait pas été le même sans sa présence lumineuse depuis plus d'une décennie désormais.

Copyright Stéphanie Branchu/Topshot Film/Why Not Productions

Un de ses talents rare, qui peut nous vendre un film et nous pousser à se rendre en salles sur sa seule et unique présence (même pour des séances loin d'être attrayantes sur le papier, et parfois encore plus après vision), autant que de ceux capables de relever les menus défauts d'une écriture et/où d'une mise en scène ne les mettant jamais assez en valeur - voire même les deux.

Forte d'une année 2023 assez remarquable (La Montagne, C'est mon homme, Un Métier sérieux et Anti-squat), qui aurait pu lui valoir son petit quart d'heure de gloire aux César - aussi peu utiles et bouffés par l'entre-soi soient-ils -, elle nous revient déjà en 2024, à nouveau dans le costume d'une prof au bout du rouleau (comme pour le dernier Lilti, mais dans un versant définitivement plus comique ici), avec Bis Repetita, estampillé premier long-métrage écrit et réalisé par Émilie Noblet, petite pépite de comédie piquante et tendre vissé sur les atermoiements d'une classe de latin qui n'en est pas totalement une, celle de la prof de lettres Delphine, tellement désabusé par le fait de faire cours pour peu d'élèves, qu'elle a perdu la flamme de son métier.

Copyright Stéphanie Branchu/Topshot Film/Why Not Productions

En conséquence, et via un pacte tacite passé avec ses cinq élèves : s'ils lui fichent une paix royale, elle leur distribue des 19/20.
Le hic, c'est que cette faille dans la matrice l'amène à devoir assumer cette supercherie à un stade proprement improbable : amener sa classe et son excellence fictive, au championnat du monde de latin, à Naples.
Sans victoire, elle perd sa classe et donc son travail, l'année suivante.
Flanquée du neveu très zélé de la proviseure - et passionné de latin, pour ne rien gâcher à la fête - comme accompagnateur, elle va devoir tout organiser pour sauver l’option latin et son boulot on ne peut plus confortable, quitte même à motiver des troupes à tricher.

Loin du spot télévisé aseptisé made in gouvernement prônant (faussement) le savoir et l'égalité des chances pour tous, et encore moins le drame initiatique sur la puissance des mots sauce ersatz du Cercle des poètes disparus, Bis Repetita rentre gentiment dans le lard de son sujet cocasse avec une malice insoupçonnée, sans pour autant laisser de côté son intelligence mais aussi et surtout, la sincérité de ses émotions.

Copyright Stéphanie Branchu/Topshot Film/Why Not Productions

Cocktail certes pas toujours adroit mais résolument ambitieux et bien rythmé, de comédie vacharde et un brin slapstick, de romance un poil alambiquée et de teen movie touchant, le tout sous fond d'une vraie auscultation du métier d'enseignant (des failles béantes de l'éducation nationale aux conditions de travail des enseignants, qui justifie pleinement leurs lente perte d'enthousiasme face à l'idée de sculpter les connaissances des générations de demain, en passant par un regard rafraîchissant - et pas toujours pédagogique - sur la manière de titiller l'apprentissage et la soif de savoir de la jeunesse d'aujourd'hui); ce premier effort transpire la générosité et l'envie, boostée par la partition de Louise Bourgoin, merveilleuse en prof quasi-démissionnaire, face à un Xavier Lacaille franchement désopilant en premier de la classe.

Il en faut peu pour faire une bonne comédie, et Émilie Noblet semble déjà avoir trouvé la formule gagnante.


Jonathan Chevrier


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