[CRITIQUE] : La Tête froide
Réalisateur : Stéphane Marchetti
Avec : Florence Loiret Caille, Saabo Balde, Jonathan Couzinié, Aurélia Petit,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min
Synopsis :
Dans les Alpes enneigées, en plein hiver. Pour boucler ses fins de mois, Marie, 45 ans, trafique des cartouches de cigarettes entre la France et l’Italie avec l’aide de son amant Alex, policier aux frontières. Lorsqu’elle rencontre Souleymane, jeune réfugié, prêt à tout pour rejoindre sa petite sœur, elle s’embarque dans un engrenage bien plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé.
Critique :
Le cinéma hexagonal a toujours su plus où moins habilement (la nuance est importante) s'inspirer de l'actualité et de sujets sociétaux bouillants pour nourrir des oeuvres ayant - principalement - pour but de jouer la carte du didactisme, quant elles ne sont pas il est vrai, pipées dès le départ par une vision totalement hors sujet.
Sensiblement au coeur des débats, et pas uniquement du côté de la droite (tout court, extrême compris), la question de la migration clandestine et de ses nombreuses tragédies humaines n'est pas étrangère dans notre actualité quotidienne mais aussi et surtout, dans nos salles obscures : la romance intime Ils sont vivants de Jérémie Elkaïm, le drame socialo-maladroit Les Engagés d'Emilie Frèche où encore le survival tendu Les Survivants de Guillaume Renusson, et même le thriller sous tension Le Prix du Passage de Thierry Binisti.
C'est justement dans l'ombre de ce dernier, d'une manière assez troublante pour le coup, voire même avec un chouïa du film de Guillaume Renusson (pour le cadre enneigé, mais pas que), que vogue le nouveau long-métrage - son premier de fiction - de Stéphane Marchetti, La Tête Froide, qui lui aussi puise dans une expérience du réel (les rencontres de Marchetti pour son documentaire Calais, les enfants de la jungle; celles de la scénariste Sophie Gueydon, auprès d'associations venant en aide aux migrants, pour Le Prix du Passage), pour donner un visage et des âmes à ses hommes et ses femmes qui sont des deux côtés du miroir (ceux en attente de passage et ceux qui à la fois les rejettent où les aident, dont la situation est à la fois à peine meilleure), au travers de deux figures aux abois mais étonnamment complémentaires qui survivent plus qu'ils ne vivent, et vont se lancer dans une filière clandestine et improvisée de passage de migrants entre l'Italie et la France.
Sur le papier, seul le cadre (le Nord d'un côté, les Alpes de l'autre) semblent différencier les deux copies, mais Marchetti privilégie moins la carte de la fiction que celle d'une perspective résolument plus réelle et authentique, plus humaine dans sa démarche de sauvetage (mutuelle, finalement) mais surtout sensiblement plus tendu, fruit d'un cadre aussi majestueux qu'anxiogène et d'une mise en scène précise et au plus près des corps.
Une vision plus sobre et naturaliste, renforcée par la partition vibrante et puissante de Florence Loiret Caille (Saabo Balde n'est pas en reste non plus, même si un chouïa en retrait), qui capture à merveille le désarroi et la résilience d'une femme aux abois, qui subit les conséquences de ses choix passées mais qui affronte la rudesse de la vie avec force et dignité, quitte à fracasser ses propres barrières morales.
Jamais misérabiliste et dénué de tout jugement envers sa complexe héroïne, La Tête Froide se fait un solide et captivant récit social, pas original pour un sou donc, mais suffisamment bien charpenté pour justifier son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier
Avec : Florence Loiret Caille, Saabo Balde, Jonathan Couzinié, Aurélia Petit,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min
Synopsis :
Dans les Alpes enneigées, en plein hiver. Pour boucler ses fins de mois, Marie, 45 ans, trafique des cartouches de cigarettes entre la France et l’Italie avec l’aide de son amant Alex, policier aux frontières. Lorsqu’elle rencontre Souleymane, jeune réfugié, prêt à tout pour rejoindre sa petite sœur, elle s’embarque dans un engrenage bien plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé.
Critique :
Jamais misérabiliste et dénué de tout jugement envers sa complexe héroïne, #LaTêteFroide se fait un captivant récit social, pas original pour un sou (ses similarités avec #LePrixDeLaJustice de Thierry Binisti, sont marquées), mais suffisamment charpenté pour justifier sa séance. pic.twitter.com/nsAZE4OQic
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 16, 2024
Le cinéma hexagonal a toujours su plus où moins habilement (la nuance est importante) s'inspirer de l'actualité et de sujets sociétaux bouillants pour nourrir des oeuvres ayant - principalement - pour but de jouer la carte du didactisme, quant elles ne sont pas il est vrai, pipées dès le départ par une vision totalement hors sujet.
Sensiblement au coeur des débats, et pas uniquement du côté de la droite (tout court, extrême compris), la question de la migration clandestine et de ses nombreuses tragédies humaines n'est pas étrangère dans notre actualité quotidienne mais aussi et surtout, dans nos salles obscures : la romance intime Ils sont vivants de Jérémie Elkaïm, le drame socialo-maladroit Les Engagés d'Emilie Frèche où encore le survival tendu Les Survivants de Guillaume Renusson, et même le thriller sous tension Le Prix du Passage de Thierry Binisti.
Copyright UFO Distribution |
C'est justement dans l'ombre de ce dernier, d'une manière assez troublante pour le coup, voire même avec un chouïa du film de Guillaume Renusson (pour le cadre enneigé, mais pas que), que vogue le nouveau long-métrage - son premier de fiction - de Stéphane Marchetti, La Tête Froide, qui lui aussi puise dans une expérience du réel (les rencontres de Marchetti pour son documentaire Calais, les enfants de la jungle; celles de la scénariste Sophie Gueydon, auprès d'associations venant en aide aux migrants, pour Le Prix du Passage), pour donner un visage et des âmes à ses hommes et ses femmes qui sont des deux côtés du miroir (ceux en attente de passage et ceux qui à la fois les rejettent où les aident, dont la situation est à la fois à peine meilleure), au travers de deux figures aux abois mais étonnamment complémentaires qui survivent plus qu'ils ne vivent, et vont se lancer dans une filière clandestine et improvisée de passage de migrants entre l'Italie et la France.
Sur le papier, seul le cadre (le Nord d'un côté, les Alpes de l'autre) semblent différencier les deux copies, mais Marchetti privilégie moins la carte de la fiction que celle d'une perspective résolument plus réelle et authentique, plus humaine dans sa démarche de sauvetage (mutuelle, finalement) mais surtout sensiblement plus tendu, fruit d'un cadre aussi majestueux qu'anxiogène et d'une mise en scène précise et au plus près des corps.
Copyright UFO Distribution |
Une vision plus sobre et naturaliste, renforcée par la partition vibrante et puissante de Florence Loiret Caille (Saabo Balde n'est pas en reste non plus, même si un chouïa en retrait), qui capture à merveille le désarroi et la résilience d'une femme aux abois, qui subit les conséquences de ses choix passées mais qui affronte la rudesse de la vie avec force et dignité, quitte à fracasser ses propres barrières morales.
Jamais misérabiliste et dénué de tout jugement envers sa complexe héroïne, La Tête Froide se fait un solide et captivant récit social, pas original pour un sou donc, mais suffisamment bien charpenté pour justifier son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier