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[INSTANT LITTÉRATURE] : #11. Autopsie d'un drame (Sarah Vaughan)


" Quoi, un site centré sur le cinéma qui papote littérature, mais quelle hérésie ! ".Voilà une manière polie de dire " qu'est-ce qu'on est en train de foutre ", mais à une heure ou la littérature n'a jamais autant été liée au septième art (ah, Hollywood et son manque d'originalité...), nous avons trouvé de bon ton, en temps que media, de voir un petit peu plus loin que le bout de notre plume, et d'élargir notre prisme de partage culturel en papotant littérature donc, sans pour autant que cela soit lié au cinéma - même si cela arrivera certainement souvent.

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#11. Autopsie d'un drame de Sarah Vaughan



Liz est amie avec Jess depuis dix ans, une mère au foyer dévouée envers ses trois enfants. Un jour, Jess se présente aux urgences pédiatriques avec sa petite dernière, à peine âgée de dix ans. L'enfant présente tous les signes d'un traumatisme crânien. Liz, qui travaille au sein de ce service médical, se demande comment cet accident domestique est arrivé. Pour ne rien arranger, le comportement et les explications de Jess sont étranges...


Principalement connue pour son roman Anatomie d'un scandale (adapté en série par Netflix en 2022), l'autrice britannique Sarah Vaughan, ancienne journaliste du Guardian, a publié Autopsie d'un drame (Little Disasters en version originale) en 2020. Le roman parvient à susciter notre intérêt grâce aux différents thèmes abordés. Le premier thème concerne celui de la maternité. Les mères sont omniprésentes dans ce texte : Jess (celle qui est au cœur de ce « drame » annoncé par le titre français), Liz (et sa mère par intermittence) et leurs amies. Elles traversent toutes des turbulences à cause de leurs progénitures et surtout de la pression sociale. Sarah Vaughan met au cœur de son récit des sujets difficiles, voire même tabous, comme la dépression post-partum et la maltraitance infantile. Elle prend le soin de ne pas juger les personnages qui n'échappent cependant pas à leurs responsabilités.


Le deuxième thème plutôt intéressant dans ce roman concerne la confrontation entre la vie privée et la vie professionnelle. L'amitié entre Jess et Liz est contrariée, Liz s'interrogeant naturellement sur le rôle de Jess concernant le traumatisme crânien. Liz connaît-elle vraiment son amie ? Jess est-elle aussi dévouée envers ses enfants qu'elle le prétend ? Est-elle capable de leur faire du mal ? Face à ces questions, comment agir en tant que professionnelle sans impacter leur relation amicale ? Et au contraire, comment prendre la bonne décision dans le cadre de son travail sans être influencé par le facteur intime ? Comment savoir prendre la distance sans tomber dans un certain déni ? Alors qu'un certain voile plane sur Jess (on a besoin de comprendre ce qui s'est passé pour adhérer à la complexité de ce personnage), on s'attache plus immédiatement à Liz qui serait presque comme le lecteur. Tout lecteur a pu se retrouver dans la même situation que Liz. On s'est tous un jour senti impuissant face à un événement vécu par un proche, on en est même le témoin direct ou indirect et on tente de reconstituer les faits à partir des signes qui ont pu nous échapper avant le drame qui explose en pleine figure.


Photograph: Jill Mead/The Guardian


Enfin, le troisième dégagé, plus secondaire, concerne le lieu de travail de Liz : l'hôpital. Dans ses remerciements, Sarah Vaughan rend hommage à son mari qui est médecin hospitalier et plus globalement aux personnes qui travaillent dans des conditions difficiles. Le parallèle entre la souffrance maternelle et celle des médecins ou infirmiers fonctionne étonnamment bien, sans que cet effet alourdisse le récit. Vaughan aborde aussi assez brièvement la méfiance des futurs parents envers les hôpitaux ou encore éclaire sur le côté procédurier de l'hôpital face à des accidents, négligeant la part humaine dans le traitement de ces affaires.


Autopsie d'un drame est un roman captivant sur la maternité qui se dévore en quelques jours. Pourtant, on ne peut pas s'empêcher d'être un peu frustré sur certains choix adoptés par l'autrice. Dans un premier temps, on peut être sceptique sur les points de vue adoptés : Jess, Liz, Ed, Charlotte ou encore Frankie (l'un des fils de Jess) seront alternativement au cœur de la narration, de la 1ere à la 3e personne. Si cette alternance donne une certaine dynamique, on ne peut s'empêcher de trouver cette narration un peu confuse, comme si l'autrice n'avait pas su trancher. On regrette aussi de connaître le twist (un poil grossier au passage) via l'un des points de vue puis de constater au chapitre suivant que l'un des personnages a compris exactement ce qui s'est passé (il aurait été intéressant de procéder à un autre « montage »). Enfin, allons savoir pourquoi, l'autrice a crée un parallèle entre la mère de Liz et Jess qui est très lourd et même un peu tiré par les cheveux. C'est dommage que ces quelques éléments, heureusement assez secondaires, parasitent parfois ce roman qui possède de réelles qualités.


Tinalakiller


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