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[CRITIQUE] : Butterfly Vision


Réalisateur : Maksym Nakonechnyi
Acteurs : Rita Burkovska, Lyubomyr Valivots, Myroslava Vytrykhoska-Makar,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Ukrainien, Tchèque, Croate, Suédois.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Lilia, une spécialiste en reconnaissance aérienne, retourne auprès de sa famille en Ukraine après plusieurs mois passés en prison dans le Donbass. Le traumatisme de la captivité la tourmente et refait surface sous forme de visions. Quelque chose de profondément ancré en elle l'empêche d'oublier, mais elle refuse de se voir comme une victime et se bat pour se libérer.



Critique :


Les récits dramatiques vissés sur les ravages physiques et psychologiques de la guerre sur les survivants sont tous quasiment où presque centrés sur des personnages masculins, raison de plus alors de voir notre curiosité être titillée par le premier long-métrage du wannabe cinéaste ukrainien Maksym Nakonechnyi, Butterfly Vision, qui exprime ses ravages à travers le corps et l'âme d'une femme soldat ukrainienne, le tout avec le conflit russo-ukrainien éminemment actuel (la guerre du Donbass n'a pas démarré en février dernier), en toile de fond.
Soit Lilia (formidable Rita Burkovska), une experte en reconnaissance aérienne qui est de retour en Ukraine après avoir été retenue prisonnière.
À la maison, son mari Tokha l'attend, lui qui ne soupçonne absolument pas le degré de terreur vécu par son épouse, qui se révèle progressivement au fil des minutes.

(© Nourfilms)

Des cicatrices sur le dos et la poitrine, la frayeur instinctive lorsque Tokha essaie de l'embrasser où encore l'horrible vérité qui la frappe lorsqu'un examen gynécologique dévoile clairement le type de violence qu'elle subie par Lilia aux mains de l'ennemi - sa grossesse en est un rappel perpétuel - Lilia a vécu l'enfer et la question est désormais de savoir si elle peut réellement s'en remettre...
Frappé par le sceau d'une mise en scène réaliste au plus près des corps et des conflits (vidéos filmés avec des smartphones, des drones, diffusion en direct sur les réseaux sociaux, comme des témoins d'une réalité des faits qui anime déjà nos quotidiens), le film cherche à nous amener littéralement au coeur de l'enfer, que ce soit celui du front où celui que Lilia a ramené avec et en elle, un traumatisme contre lequel elle lutte continuellement et qui ne lui offre aucun répit - même son mari devient plus un fardeau qu'un pilier sur lequel s'appuyer.
Juste dans son regard sur le stoïcisme face à l'horreur, la désensibilisation sociétale, les institutions incapables de soutenir les victimes de guerre et les dommages collatéraux de la guerre (et les mécanismes cruels pour déstabiliser l'ennemi), Butterfly Vision est un drame éloquent et puissant dont on ne ressort pas indemne.


Jonathan Chevrier