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[CRITIQUE] : Le Samaritain


Réalisateur : Julius Avery
Acteurs : Sylvester Stallone, Javon “Wanna” Walton, Pilou Asbæk,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Âgé de 13 ans, Sam Cleary suspecte que son mystérieux et solitaire voisin, Mr. Smith, soit en réalité une légende qui se cache au grand jour. Il y a 25 ans, le superpuissant justicier de Granite City, Le Samaritain, a été déclaré mort dans un entrepôt, après un combat tragique avec son rival, Nemesis. La plupart des gens pensent que Le Samaritain a péri dans les flammes, mais certains habitants, comme Sam, ont bon espoir qu’il soit encore en vie. Alors que la ville est au bord du chaos et que les crimes se multiplient, Sam se donne pour mission de persuader son voisin de sortir de sa cachette et de sauver la ville de la ruine.



Critique :


Le fait que Samaritan se soit vu ôter les honneurs d'une sortie en salles à peine deux mois avant la deadline, par une MGM qui ne s'était pas foulée le petit doigt pour en faire la promo jusqu'alors (déjà qu'il avait été placardé dans les limbes du studio depuis deux ans, avec l'arrivée du Covid-19) et qui n'avait même pas cherché à bousculer son planning en le catapultant à la même date sur la plateforme de sa nouvelle maison mère - Prime Video -, en disait peut-être déjà long sur la potentielle qualité du long-métrage de Julius Avery, honnête faiseur qui n'arrive cependant jamais à rendre justice aux excellents concepts qui agrémentent ses films.
Reste que l'idée de voir la légende Stallone se frotter à nouveau et pleinement au genre super-héroïque (on ne compte pas vraiment ses partitions de luxe chez James Gunn) vingt-sept ans après la grosse débandade Judge Dredd de Danny Cannon, titillait méchamment notre curiosité d'autant que l'approche minimaliste du genre - on est loin d'un délire friqué made in Marvel/DC -, opéré par le film couplé à l'aura de vrai héros bigger than life que Sly cultive habilement depuis quarante ans maintenant (le plus grand héros du cinéma d'action, c'est lui), faisait terriblement des ravages sur le papier.

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Sorte de fusion entre À la rencontre de Forester et Creed sauce Shazam - en plus mature et amer -, la péloche colle aux basques de Sam Cleary, treize ans au compteur et toutes ses dents, vivant dans les bas fonds de la cité en crise Granite City.
Le gamin suspecte sérieusement que son mystérieux et taciturne voisin éboueur, Mr. Joe Smith, n'est pas ce qu'il prétend être mais bien le légendaire " Samaritain ", un justicier superpuissant déclaré mort dans un entrepôt vingt-cinq ans plus tôt, à la suite d'un ultime affrontement avec son ennemi juré, Nemesis - son propre frère jumeau.
Si la plupart des gens pensent que Le Samaritain a péri dans les flammes, certains habitants comme Sam, ont bon espoir qu’il soit encore en vie.
Alors que la ville est au bord du chaos et que les crimes se multiplient, Sam se donne pour mission de persuader son voisin de sortir de sa cachette et de sauver la ville de la ruine, lui qui l'a déjà sauvé des mains des sbires du terrible Cyrus, avec quelques mandales bien sèches...
Film super-héroïque totalement conscient de sa vacuité tout en restant tout du long fidèle à son statut de petite bisserie chaleureuse et musclée qui à la tête et le coeur bien ancrés au sol, Le Samaritain ne pète jamais dans la soie de l'originalité mais fait joliment le café tout en laissant au fond de sa tasse un petit goût d'amertume quant aux possibilités - réelles - d'incarner un vrai renouveau du genre, qu'il laisse sur le carreau.

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Le souci de la péloche d'y parvenir ne réside pas tant dans son exécution (même si la mise en scène d'Avery, solide dans l'action - merci J.J. " Day Shift " Perry derrière la seconde équipe - mais furieusement conventionnelle le reste du temps, n'arrive jamais vraiment à masquer l'artificialité des dialogues et de certaines séquences), où dans quelques choix créatifs douteux (des CGI furieuses inutiles en te tête) mais bien dans le manque cruel de profondeur de son écriture, qui distille quelques réflexions morales et complexes sur l'univers super-héroïque sans jamais se donner le temps (l'ambition ?) d'y répondre à travers une exploration sérieuse du genre (la notion ambiguë du bien contre le mal, remettant en cause le statut oppressif de figures glorifiées parce qu'elle représente - supposément - " la justice ").
Comme si le script de Bragi F. Schut (Escape Game) désirait tout du long se montrer plus intelligent que la moyenne dans son approche des vieux tropes faciles du genre, sans pour autant chercher à pleinement mettre à exécution ses bonnes intentions/idées.
Même chose pour ses personnages taillés à la serpe et manquant cruellement de dimension, laissant Pilou Asbæk (charismatique et burné en vilain majeur à la psychologie bouillonne, sorte de proto-Bane qui aime tout faire péter) et Sylvester Stallone (parfait en vieux briscard en pleine quête de rédemption, à laquelle il donne une partie de la décence et de la mélancolie du Rocky Balboa de Creed et sa suite) sauver les meubles en faisant (très) bien ce qu'ils ont l'habitude de faire depuis toujours.

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Et pourtant, Le Samaritain est porté par ce petit " je-ne-sais-quoi " de gentiment irrésistible, ce doux parfum de nostalgie qui fait que l'on sera toujours touché où au minimum attiré par le fait de voir l'un des grands héros de notre enfance continuer à faire des films qui lui ressemble avec la même envie et la même sincérité qu'à ses débuts.
Des films à la formule " magique " réconfortante et familière où l'action l'emporte souvent sur l'histoire, où l'enthousiasme qu'incarne l'expérience de sa vision surplombe tout esprit critique à son égard - même si l'on a totalement conscience de ses défauts et failles.
En ce sens, Samaritan ressemble à une relique perdue des 90s, cette époque où le genre super-héroïque partait dans tous les sens - rarement le bon - mais surtout où le cinéma d'action entamait avec gourmandise un baroud d'honneur décomplexé et sincère, suscitant instinctivement l'affection de bouffeurs de VHS facilement contentés.
D'autant qu'il ne se laisse pas aller à une photographie sombre et délavée so Batman pour justifier son penchant plus urbain, tant il épouse une esthétique colorée et lumineuse qui évoque joliment l'imagerie des bandes dessinées - jusque dans ses couleurs exagérées et saturées.
Une ambiance sensiblement 80s pour une dystopie pas si éloigné de notre réalité, aux enjeux simplistes (pas de monde à sauver, uniquement quelques pâtés de maison qui sont pourtant tout un univers pour les personnages) et se déroulant dans un paysage urbain en décomposition et littéralement au bord de l'effondrement.

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Même s'il n'incarne jamais assez ses captivantes réflexions pour voir plus loin que son simple statut d'honnête et divertissante bisserie, Le Samaritain se fait un pur divertissement vintage du samedi soir dont la quête rédemptrice centrale accouche d'un final Rambo-esque gentiment jubilatoire (pensez Rambo : Last Blood); une sympathique récréation dans un genre super-héroïque sclérosé par la formule indigeste du " Marvel-like ", totalement consciente de ses facilités et de ses défauts.
Un vrai film de plateforme en somme, comme quoi la MGM a eu du nez... où pas.


Jonathan Chevrier