[CRITIQUE] : Sweat
Réalisateur : Magnus von Horn
Avec : Magdalena Kolesnik, Julian Swiezewski, Aleksandra Konieczna,…
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Suédois, Polonais.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Sylwia est belle, sportive, énergique. Elle est la coach sportive du moment. Avec 600 000 abonnés, elle est influenceuse et courtisée par les marques. Mais derrière le succès virtuel, la solitude, bien réelle, ne se partage avec personne…
Critique :
Au-delà de la dangerosité - bien réelle - et de l'aspect furieusement addictif qu'ils incarnent au coeur de notre quotidien (ils se sont tellement rendus indispensables qu'on peut difficilement faire sans), les réseaux sociaux ont su créer au fil du temps une sorte de phénomène/monstre de foire proprement terrifiant : les influenceurs, dont la percée - voire même le culte pour certains - s'est transformée d'une puissance virtuelle indéniable à une industrie artisanale et cynique d'auto-promotion souvent incroyablement lucrative.
C'est ce symbole du paraître un brin pernicieux d'une société contemporaine hyper-connectée dont la vie est vissée sur un petit bout d'écran, qui sert de prisme au second long-métrage du cinéaste suédois Magnus von Horn, Sweat, dont la caméra scrute le moindre détail de trois journées intenses dans l'existence déjà très publique de Sylwia (excellente Magdalena Kolesnik), une gourou du fitness résidant à Varsovie, qui prend son travail très au sérieux.
Documentant le moindre aspect de ses journées, elle compte un nombreux imposant de followers sur les réseaux sociaux comme autant d'adeptes de sa vie parfaite entre squats, déballages intimes et captures de moments supposément heureux.
Un bonheur de façade qui s'évanouit lorsqu'elle exprime, sur son compte, ses réserves sur son mode de vie et rendra visible la solitude et son poids constant de devoir plaire aux masses.
Et lorsqu'un harceleur apparaît à l'extérieur de son appartement, les choses commence vraiment à tourner mal...
Beau drame intimiste et empathique où le culte du corps et d'une beauté aussi cristalline que débordante d'énergie, croise une amère et dévastatrice histoire de solitude et d'inconfort existentiel, Sweat se fait, au travers d'un portrait douloureusement réaliste d'une existence complètement inhibée par son pendant virtuel, autant un constat puissant de notre société actuelle (esclave des réseaux sociaux et de son dictat au pluriel) qu'un regard anxiogène (et littéralement au près du corps de sa protagoniste) sur une petite communauté érigée comme une élite, entre haine et adulation, proche de la rupture, esclaves des mécanismes numériques et d'une surexposition continue ayant façonnés leurs propres succès.
Avec Sylwia, le cinéaste sonde cette petite vie faite de paraître, entre amitiés pas très sincères qui demandent du temps et de l'attention - mais qui n'en donnent jamais en retour -, peur constante d'être jugée (où toute vulnérabilité est un défaut qui peut se retourner contre soi) où de décevoir les attentes de centaines de milliers de followers qui sont autant d'artisans de notre succès/confort de vie; mais aussi et surtout d'une mécanique conduisant à l'objectivation sexuelle impitoyable de la femme qui, en tant que symbole de désir et de beauté, devient une victime potentielle dans la vie " réelle ".
D'une histoire individuelle au réalisme authentique, Sweat tend à voguer vers l'universel et encore plus à une époque - plus où moins - post-pandémique qui nous a rendus plus solitaires, négatifs voire même en colère, et accentué notre consommation du monde virtuel (au point de la rendre plus importante qu'elle ne devait l'être), comme une porte biaisée (cette connexion virtuelle à l'autre est autant un outil formidable pour communiquer qu'un mal qui ne fait qu'accentuer notre isolement) à une réalité que l'on ne pouvait vivre pleinement.
Jonathan Chevrier
Avec : Magdalena Kolesnik, Julian Swiezewski, Aleksandra Konieczna,…
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Suédois, Polonais.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Sylwia est belle, sportive, énergique. Elle est la coach sportive du moment. Avec 600 000 abonnés, elle est influenceuse et courtisée par les marques. Mais derrière le succès virtuel, la solitude, bien réelle, ne se partage avec personne…
Critique :
D'une histoire intimiste au réalisme authentique, #Sweat tend in fine vers l'universel en scrutant le quotidien d'une influenceuse, entre vie artificielle et peur du jugement, qui profite autant qu'elle est victime de la mécanique du dictat du corps et de l'objectivation sexuelle pic.twitter.com/D1PE7hPfpQ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 13, 2022
Au-delà de la dangerosité - bien réelle - et de l'aspect furieusement addictif qu'ils incarnent au coeur de notre quotidien (ils se sont tellement rendus indispensables qu'on peut difficilement faire sans), les réseaux sociaux ont su créer au fil du temps une sorte de phénomène/monstre de foire proprement terrifiant : les influenceurs, dont la percée - voire même le culte pour certains - s'est transformée d'une puissance virtuelle indéniable à une industrie artisanale et cynique d'auto-promotion souvent incroyablement lucrative.
C'est ce symbole du paraître un brin pernicieux d'une société contemporaine hyper-connectée dont la vie est vissée sur un petit bout d'écran, qui sert de prisme au second long-métrage du cinéaste suédois Magnus von Horn, Sweat, dont la caméra scrute le moindre détail de trois journées intenses dans l'existence déjà très publique de Sylwia (excellente Magdalena Kolesnik), une gourou du fitness résidant à Varsovie, qui prend son travail très au sérieux.
Documentant le moindre aspect de ses journées, elle compte un nombreux imposant de followers sur les réseaux sociaux comme autant d'adeptes de sa vie parfaite entre squats, déballages intimes et captures de moments supposément heureux.
Copyright Lava Films |
Un bonheur de façade qui s'évanouit lorsqu'elle exprime, sur son compte, ses réserves sur son mode de vie et rendra visible la solitude et son poids constant de devoir plaire aux masses.
Et lorsqu'un harceleur apparaît à l'extérieur de son appartement, les choses commence vraiment à tourner mal...
Beau drame intimiste et empathique où le culte du corps et d'une beauté aussi cristalline que débordante d'énergie, croise une amère et dévastatrice histoire de solitude et d'inconfort existentiel, Sweat se fait, au travers d'un portrait douloureusement réaliste d'une existence complètement inhibée par son pendant virtuel, autant un constat puissant de notre société actuelle (esclave des réseaux sociaux et de son dictat au pluriel) qu'un regard anxiogène (et littéralement au près du corps de sa protagoniste) sur une petite communauté érigée comme une élite, entre haine et adulation, proche de la rupture, esclaves des mécanismes numériques et d'une surexposition continue ayant façonnés leurs propres succès.
Avec Sylwia, le cinéaste sonde cette petite vie faite de paraître, entre amitiés pas très sincères qui demandent du temps et de l'attention - mais qui n'en donnent jamais en retour -, peur constante d'être jugée (où toute vulnérabilité est un défaut qui peut se retourner contre soi) où de décevoir les attentes de centaines de milliers de followers qui sont autant d'artisans de notre succès/confort de vie; mais aussi et surtout d'une mécanique conduisant à l'objectivation sexuelle impitoyable de la femme qui, en tant que symbole de désir et de beauté, devient une victime potentielle dans la vie " réelle ".
Copyright Lava Films |
D'une histoire individuelle au réalisme authentique, Sweat tend à voguer vers l'universel et encore plus à une époque - plus où moins - post-pandémique qui nous a rendus plus solitaires, négatifs voire même en colère, et accentué notre consommation du monde virtuel (au point de la rendre plus importante qu'elle ne devait l'être), comme une porte biaisée (cette connexion virtuelle à l'autre est autant un outil formidable pour communiquer qu'un mal qui ne fait qu'accentuer notre isolement) à une réalité que l'on ne pouvait vivre pleinement.
Jonathan Chevrier