[CRITIQUE] : Rodéo
Réalisatrice : Lola Quivoron
Acteurs : Julie Ledru, Yanis Lafki, Antonia Buresi,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : 1,2 M€
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Le film est présenté en ouverture dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.
Julia vit de petites combines et voue une passion dévorante, presque animale, à la pratique de la moto. Un jour d’été, elle fait la rencontre d’une bande de motards adeptes du cross-bitume et infiltre ce milieu clandestin, constitué majoritairement de jeunes hommes. Avant qu’un accident ne fragilise sa position au sein de la bande...
Critique :
Le premier effort de Lola Quivoron n'a même pas eu besoin d'atteindre les salles obscures hexagonales pour subir les foudres polémiques d'une presse avide de relans putaclic pour nourrir futilement son actualité.
Une - mauvaise - publicité qui pourrait le desservir s'il n'avait pas suffisamment les reins solides pour incarner une étonnante proposition brute et provocatrice (même si pas dénué de quelques défauts évidents) sur l'initiation à la dure d'une jeune fille au coeur d'un univers furieusement misogyne.
La figure tutélaire de Julia Ducournau n'est jamais loin, de son esthétique bleuté et glaciale jusque dans le prénom même de son héroïne, dans cette mise en images humaine et sauvagement frénétique (voire même pimentée par quelques touches fantastiques et mystiques) d'une jeune femme régit par son obsession pour l'adrénaline et une bande adepte du cross-bitume et des rodéos urbains, qu'elle va rejoindre par la force des choses et d'une tragédie - la mort brutale d'un des membres.
Dès sa scène d'ouverture qui pose tout de suite les bases d'une expérience singulière qui se veut autant comme une immersion à la dure dans un univers captivant, aussi fermé qu'il est illégal, que la quête identitaire d'une ado explosive forcée trop tôt à atteindre l'âge de la " maturité " (tout autant qu'à ne dépendre que d'elle-même) et aux prises avec sa propre vulnérabilité; Rodéo épouse les contours d'une chronique sociale féminine et pleine de verve, intelligemment dépourvue d'admiration pour la virilité masculine où la violence - physique comme verbale et psychologique - est partout.
Avec son approche urbano-réaliste et sa volonté féroce de brûler le bitume, Quivoron privilégie l'immédiateté, la spiritualité et le naturalisme à une narration plus soutenue et travaillée, ce qui est à la fois une qualité essentielle à son approche (qui favorise pleinement son immersion), et un défaut criant pour rendre l'errance et les choix de l'anti-héroïne (impressionnante Julie Ledru, pour ses premiers pas sur grand écran) plus palpables et plausibles, quand tous les personnages qui gravitent autour d'elle sont cantonnés au strict minimum.
Un premier effort audacieux donc, pas dénué de quelques scories mais qui démontre que le cinéma hexagonal en a bel et bien dans le moteur, tant qu'on laisse ses jeunes cinéastes prometteurs un minimum s'exprimer.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Julie Ledru, Yanis Lafki, Antonia Buresi,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : 1,2 M€
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Le film est présenté en ouverture dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.
Julia vit de petites combines et voue une passion dévorante, presque animale, à la pratique de la moto. Un jour d’été, elle fait la rencontre d’une bande de motards adeptes du cross-bitume et infiltre ce milieu clandestin, constitué majoritairement de jeunes hommes. Avant qu’un accident ne fragilise sa position au sein de la bande...
Critique :
Avec son approche urbano-réaliste et sa volonté de brûler le bitume, #Rodeo privilégie l'immédiateté et le naturalisme à une narration soutenue, ce qui est autant une qualité essentielle qu'un défaut criant pour rendre les choix de son anti-héroïne plus palpables et plausibles. pic.twitter.com/q476kLJDtf
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 5, 2022
Le premier effort de Lola Quivoron n'a même pas eu besoin d'atteindre les salles obscures hexagonales pour subir les foudres polémiques d'une presse avide de relans putaclic pour nourrir futilement son actualité.
Une - mauvaise - publicité qui pourrait le desservir s'il n'avait pas suffisamment les reins solides pour incarner une étonnante proposition brute et provocatrice (même si pas dénué de quelques défauts évidents) sur l'initiation à la dure d'une jeune fille au coeur d'un univers furieusement misogyne.
La figure tutélaire de Julia Ducournau n'est jamais loin, de son esthétique bleuté et glaciale jusque dans le prénom même de son héroïne, dans cette mise en images humaine et sauvagement frénétique (voire même pimentée par quelques touches fantastiques et mystiques) d'une jeune femme régit par son obsession pour l'adrénaline et une bande adepte du cross-bitume et des rodéos urbains, qu'elle va rejoindre par la force des choses et d'une tragédie - la mort brutale d'un des membres.
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Dès sa scène d'ouverture qui pose tout de suite les bases d'une expérience singulière qui se veut autant comme une immersion à la dure dans un univers captivant, aussi fermé qu'il est illégal, que la quête identitaire d'une ado explosive forcée trop tôt à atteindre l'âge de la " maturité " (tout autant qu'à ne dépendre que d'elle-même) et aux prises avec sa propre vulnérabilité; Rodéo épouse les contours d'une chronique sociale féminine et pleine de verve, intelligemment dépourvue d'admiration pour la virilité masculine où la violence - physique comme verbale et psychologique - est partout.
Avec son approche urbano-réaliste et sa volonté féroce de brûler le bitume, Quivoron privilégie l'immédiateté, la spiritualité et le naturalisme à une narration plus soutenue et travaillée, ce qui est à la fois une qualité essentielle à son approche (qui favorise pleinement son immersion), et un défaut criant pour rendre l'errance et les choix de l'anti-héroïne (impressionnante Julie Ledru, pour ses premiers pas sur grand écran) plus palpables et plausibles, quand tous les personnages qui gravitent autour d'elle sont cantonnés au strict minimum.
Un premier effort audacieux donc, pas dénué de quelques scories mais qui démontre que le cinéma hexagonal en a bel et bien dans le moteur, tant qu'on laisse ses jeunes cinéastes prometteurs un minimum s'exprimer.
Jonathan Chevrier