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[FUCKING SERIES] : Moon Knight : Strange Attraction


(Critique - avec spoilers - de la mini-série)


Difficile de ne pas se sentir un brin mitigé - voire frustré - à la vue de la mini-série Moon Knight, un sentiment probablement partagé par beaucoup de ceux qui ont suivi assidûment la série Disney + au cours des six dernières semaines, tant elle avait tout en elle pour être LE show le plus mémorable du MCU, un cran devant WandaVision et Loki - dont il est vrai que l'on oublie un brin vite les défauts.
Alors que chaque projet du Marvel Cinematic Universe, que ce soit du film à son pendant streaming/télévisé, tisse des fils narratifs et des (pseudos) mystères qui se répercutent assez souvent sur l'un où les projets suivants, Moon Knight n'est définitivement pas logé à la même enseigne en termes d'achèvement d'histoire, ce qui entraîne un finale si ce n'est étrangement précipité, au minimum furieusement foutraque (même si la scène post-générique donne du liant au cliffhanger final).

Copyright Disney+

S'il est indéniable que la série a su maintenir l'intérêt sur sa relative longueur, impossible de ne pas se demander si sa courte durée, couplée à un impact mineur au sein de la grande histoire du MCU, font que Moon Knight était condamnée à frustrer son auditoire avant même d'atteindre les ondes.
Estampillée première création du MCU - chapeauté par Jeremy Slater - a être purement originale dans le sens où le personnage titre n'avait jamais été introduit ni cité auparavant, le show ne s'est finalement donné qu'une poignée d'heures pour instaurer sa mythologie, présenter son histoire autant que ses nouveaux personnages au public, en espérant que sa tambouille ne perde pas trop de saveur en route.
Mais si une telle méthode fonctionne sur grand écran (finalement moins exigeant avec deux heures au compteur), notamment via des personnages/parcours moins complexes où passablement réinventer pour ne plus l'être (Shang-Chi), car il appelle évidemment à ce que le héros soit de retour assez vite dans l'univers (sauf peut-être Les Éternels de Chloé Zhao, dont on ne sait vraiment pas de quoi sera fait l'avenir, eux qui devaient justement apparaître dans Moon Knight), sur le petit écran en revanche, l'aspect expéditif est résolument plus difficile à digérer et encore plus avec un tel matériau de base.

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S'il n'y a aucun mal à ce que la série s'éloigne plus où moins de la bande dessinée (notamment via un nouveau regard sur Arthur Harrow, une Layla El-Faouly en version méconnaissable de Marlene Alraune,...), pour mieux jouer la carte de l'étude de personnage ciblée plus que celle du show super-héroïque spectaculaire et jouissif, le problème réside avant tout et surtout dans le fait que Moon Knight démarre à un moment précis où le spectateur se doit de rentrer dans une histoire déjà tracée dont il n'a pas tous les tenants, un parcours balisé qui implique de laisser énormément de zones d'ombre qui ne seront pas totalement éclaircie au fil de la narration.
Ironique - où triste - de voir un show sensiblement déconnecté du MCU (aucune vraie indication temporelle, ce qui est la clé pourtant de toutes les phases), qui déconnecte lui-même son spectateur sur sa propre personne.
Un comble quand d'une certaine manière, il ne fait que titiller l'intérêt au travers du grisant parcours psychologique brisé/traumatisé et complexe de son personnage principal et de son trouble dissociatif de l'identité, appuyé par la performance stellaire d'un Oscar Isaac plus impliqué que jamais; une destruction captivante du personnage et de ses différents alters mais qui n'amène finalement nulle part (Marc et Steven s'imaginent libérés, mais cela mène où ?).

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Et la vérité est qu'au terme des six épisodes, la fâcheuse impression que l'on ne sait toujours pas vraiment qui est Marc Spector - et qu'on ne le saura peut-être jamais - nous tiraille plus que le plaisir - réel - que procure cette vision, dont on se doit d'accepter l'incohérence et l'inconsistance pour mieux en épouser son imprévisibilité - notamment dans le foutraque épisode final.
Un pacte étrange pour une petite saison aussi excitante que frustrante et expéditive qui semble vouloir en condenser le triple, nous présentant un joker de luxe au sein d'une Phase 4 joliment sombre où il a pourtant tout d'un titulaire indiscutable.
L'espoir d'une hypothétique suite reste toujours là quand-même hein...


Jonathan Chevrier