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[CRITIQUE] : Le couteau par la lame


Réalisateur : Janus Metz Pedersen
Acteurs : Chris Pine, Thandiwe Newton, Jonathan Price, Laurence Fishburne,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Thriller, Espionnage, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min.

Synopsis :
Un soir, dans la charmante ville de Carmel, deux ex amants se retrouvent. Les deux anciens espions de la CIA se rappellent leurs belles années et leurs mauvais souvenirs, notamment la sanglante prise d'otages du Vol 127. La vraie question est : Henry est-il venu dîner pour faire renaître la flamme éteinte... ou mettre à jour une vieille conspiration ? Un des deux ex amants pourrait ne pas sortir de table vivant...



Critique :


Et si l'âge mûr était finalement la meilleure chose qui puisse arriver à la carrière plutôt atypique de Chris Pine ?
La question a le mérite d'être posée tant le comédien semble avoir trouvé un apaisement étonnant sur ses derniers choix cinématographiques, des péloches exemptées des salles certes, mais laissant transparaître plusieurs facettes de son jeu d'acteur que seuls une poignée de cinéastes (David Mackenzie et Craig Zobel en tête).
Nouvelle preuve en date, quelques jours après The Contractor de Tarik Saleh, avec Le couteau par la lame du danois Janus Metz Pedersen qui incarne si ce n'est une redéfinition originale du thriller d'espionnage, au moins une sinueuse et séduisante exploration du genre vissée sur l'enquête tout sauf routinière, visant à démasquer le suspect ayant saboté les tentatives de sauvetage de l'équipage et des passagers à bord d'un vol, détourné huit ans plus tôt.
Mélangeant astucieusement romance, élans (très) volubiles et espionnage old school dans un jeu du chat et de la souris résolument plus complexe qu'il ne le laisse entendre de prime abord, le film suit donc les aternoiements de l'agent de la CIA Henry Pelham, loin d'être à l'aise à l'idée de calomnier deux personnes qu'il pensait bien connaître : une ancienne amante et collègue, Celia Harrison (désormais mariée et mère de deux enfants), et Bill Compton, l'ancien adjoint du chef de la station à Vienne qui l'a missionné sur cette enquête, Victor Wallinger.

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Professionnel et lucide, le bonhomme est néanmoins tout à fait conscient de l'importance de sa mission, car c'est une condamnation à mort qu'il s'en va proclamer au coupable qu'il débusquera, car l'agence ne peut pas se permettre la mauvaise publicité d'un procès...
Mais ce n'est pas le plus tortueux des dilemmes moraux à l'œuvre dans cette auto-adaptation de son propre roman par Olen Steinhauer, démontrant une fois de plus pourquoi ce n'est jamais une bonne idée pour tout agent de tomber passionnément amoureux.
Démontrant très vite une passion peu commune pour empiler les flashbacks sur des flashbacks, Steinhauer articule sa narration sur trois périodes bien distinctes : le présent (où Henry et la femme qu'il a aimée et perdue, Celia se remémorent leur passé tout en partageant tranquillement du vin - et des accusations - dans un restaurant chic de la région viticole de la Californie), le passé proche (deux semaines plus tôt, quand Henry affronte son ancien supérieur, Bill Compton, dans un pub londonien) et le passé lointain (huit ans auparavant, le jour du drame où des terroristes tchétchènes ont tué plus de 100 innocents à bord d'un avion de ligne, échoué à l'aéroport de Vienne).
Un choix plutôt singulier mais in fine accrocheur, d'autant que le refus de répondre aux conventions du genre émerge encore plus dans la volonté du tandem Steinhauer/Pedersen de ne pas se concentrer sur l'incident en lui-même (suffisamment tragique et réel pour ne pas s'alourdir sur l'angoisse des passagers et de l'équipage), mais bien sur l'état des sentiments qui unissent Pelham et Harrison, distillant de manière de plus en plus intense le venin de la trahison au coeur d'un cadre idyllique et romantique, alors que les deux anciens amants ressuscitent le pire jour de leur vie (et si l'amour pouvait être le seul et unique responsable de cette tragédie ?).

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Thriller psychologique et d'espionnage aussi tranchant qu'un rasoir porté par un casting au diapason se rendant continuellement la balle (l'alchimie brûlante et charnelle entre Pine et Newton dénote du côté férocement pudique des productions actuelles), Le couteau par la lame, pas dénué de quelques longueurs il est vrai, n'est néanmoins jamais aussi passionnant que lorsqu'il brouille les lignes entre l'intimité et l'interrogatoire auquel se livre les deux protagonistes principaux (au point de remettre souvent en question les rôles du dominé et du dominant dans leur dynamique), permettant à certaines confessions de se sentir autant comme des coups de poignards dans le dos, que de potentielles pistes lancées pour piéger l'autre.
Si cela n'a pas totalement la saveur nuancée d'un roman de John le Carré, c'est quand-même une cuvée suffisamment goûteuse pour en justifier sa vision, et ce n'est pas le cas de toutes les nouveautés récentes du catalogue Amazon Prime Vidéo...


Jonathan Chevrier
 

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