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[CRITIQUE] : White Building

Réalisateur : Neang Kavich
Avec : Chhun Piseth, Soem Chinnaro, Sokha Uk, Chinnaro Soem,...
Distributeur : Les Films du Losange
Genre : Drame.
Nationalité : Cambodgien, Chinois, Français, Qatarien.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Samnang, 20 ans, habite dans un immeuble historique de Phnom Penh. Le départ de son meilleur ami, la maladie de son père et la démolition imminente du bâtiment vont le faire grandir.



Critique :


Depuis sa fondation au XVe siècle, Phnom Penh a été (par intermittence) la capitale de la nation khmère et aujourd'hui, en tant que capitale du Cambodge, elle abrite pas moins de trois millions d'âmes tout en étant le cœur économique, industriel et culturel de la nation.
Un vrai centre névralgique qui de facto, comme de nombreuses villes du monde, connaît une crise colossale du logement ou au milieu des constructions et reconstructions express, des milliers de familles défavorisés ou au revenu à peine raisonnable, sont chassées de chez elles avec peu ou pas de compensation.
C'est cette gentrification, catastrophiquement contemporaine et universelle, qui est le thème matricielle du premier long-métrage de fiction de Kavich Neang, White Building, qu'il nourrit de sa propre expérience personnelle au sein de la capitale cambodgienne - tout comme pour son documentaire Last Night I Saw You Smiling.

Copyright Les Films du Losange

Pure chronique dramatico-sociale à combustion lente (un rythme sinueux qui laissera sûrement plus d'un spectateur sur le carreau), constamment entre réalité et fiction, le film suit le quotidien difficile d'un jeune fraîchement dans la vingtaine, aux prises avec les mutations de la société cambodgienne tiraillée entre tradition et contemporanéité.
Soit Samndang (Piseth Chhun, tout simplement incroyable), un danseur en herbe qui passe ses nuits à gagner un peu d'argent et à sortir avec ses amis Khana et Tol, le trio vivant dans l'espoir de percer en tant que danseurs professionnels.
Il vit dans un immense édifice blanc en ruine au centre de la ville (le fameux White Building du titre, un édifice iconique bien réel ayant été le témoin silencieux puis malade, des douloureux soulèvements sociaux du Cambodge) avec sa mère et son père, mais lorsque celui-ci est destiné à la démolition, ils sont contraint de plier bagages, bouleversant littéralement leur existence jusqu'ici paisible...
Enlacé entre une tristesse accablante, une fierté blessée et un optimisme sensible, rappelant joliment le réalisme social du cinéma d'Andrea Arnold, ou la danse se fait autant un motif d'espoir qui lentement se fane face à la dure et implacable réalité, que l'évasion physique et expressive d'une douleur qui lentement consume l'âme; White Building se fait autant le portrait furieusement pessimiste et vibrant d'une Cambodge qui se meurt (à travers l'intimité émouvante d'une famille acculée), que celui enthousiaste d'une jeunesse entre insouciante et maturité, déterminée à endiguer cette chute vers l'avant et à changer les choses, trouvant des opportunités d'un lendemain meilleur, même dans le plus rude des échecs.

Copyright Les Films du Losange

Profondément humble tout en s'offrant quelques petites excentricités qui détonnent (notamment la photographie enlevée, avec des faux air d'expressionnisme allemand, de Douglas Seok), Kavich Neang utilise à la fois son expérience personnelle et cinématographique pour faire de son premier effort de fiction, un moment de cinéma incroyablement personnel et sincère.


Jonathan Chevrier


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