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[CRITIQUE] : Being The Ricardos

Réalisateur : Aaron Sorkin
Avec : Avec Nicole Kidman, Javier Bardem, Nina Arianda, J.K. Simmons,...
Budget : -
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Genre : Biopic, Romance, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h05min

Synopsis :
Lucille Ball et Desi Arnaz sont menacés par des accusations personnelles choquantes, une diffamation politique et des tabous culturels dans le film Being the Ricardos, du scénariste et réalisateur Aaron Sorkin, lauréat d'un Oscar. Une immersion au cœur de la relation romantique et professionnelle du couple. Le film invite les spectateurs dans la salle des auteurs, sur plusieurs plateaux de tournage et dans les coulisses d'une semaine critique de la production du sitcom « I Love Lucy ».



Critique :


Ce n'est un secret pour personne, le prolifique et talentueux Aaron Sorkin a toujours été férocement fasciné par le fonctionnement interne de la télévision américaine, comme ont pu le démontrer plusieures de ses créations télévisées (Studio 60 on the Sunset Strip, Sports Night et surtout The Newsroom) ou même scénique (son scénario non produit de « The Farnsworth Invention », centré sur Philo Farnsworth, l'un des premiers pionniers à avoir développé la technologie qui a permis certaines des toutes premières transmissions télévisées).
Alors que les séries dramatiques susmentionnées ont été inspirées par des chaînes et émissions réelles mais dont les narrations étaient purement fictives, Sorkin utilise cette fois sa méthode et son approche stylisée pour non pas retranscrire la fiction au coeur de son sujet, mais bien la vie réelle qui se cache derrière, avec le fantastique anti-biopic Being The Ricardos.

Photo: Glen Wilson/Amazon Studios

Une ré-imagination intelligente, effrontée et sépia de l'histoire de Lucille Ball et de son mari Desi Arnaz, dont la sitcom révolutionnaire des 50s I Love Lucy, qui attirait en moyenne 60 millions de téléspectateurs par semaine et qui, à ce jour, est considérée comme l'une des sitcoms les plus influentes de tous les temps.
Vissé - non sans quelques flashbacks plus ou moins essentiels -, sur une semaine clé dans la vie du couple de comédiens, le long-métrage démontre non seulement que leur vie n'était pas une question de rires pré-enregistrés, mais aussi et surtout la ténacité de rester continuellement debout dans leur combat pour s'élever au-dessus du sexisme et du racisme de l'époque, pour créer quelque chose de profondément inspirant qui briserait - en partie - les barrières pré-établis et ouvrirait la voie aux sept décennies des sitcoms, qui sont venus dans leur sillage.
Canalisé sur une poignée de jours de la production d'un épisode sur I Love Lucy, de la lecture initiale du scénario à la réalisation en direct de l'épisode, quitte à ne pas totalement coller avec la réalité des faits dans son accumulation musclée d'événements (Ball qui apprend sa grossesse tout en étant accusé d'être membre du Parti communiste, ce qui en dit plus sur l'Amérique des 50s qu'on ne le pense; un journal/chiffon à potins annonçant que Ricky a trompé sa femme et aurait une liaison; la meilleure amie de Ball, Ethel, qui se rebelle contre l'image de matrone/faire valoir que celle-ci lui a imposée sur le show,...); Sorkin laisse grimper sa tension dramatique crescendo dans une mécanique créative absolument grandiose, tout en laissant le champ libre à son formidable casting (Nicole Kidman, Javier Bardem et J.K. Simmons en tête), pour épouser à la perfection ses dialogues finement ciselés.

Photo: Glen Wilson/Amazon Studios

Que ce soit son auscultation captivante des rouages de la création minutieuse - voire même maniaque - d'un épisode de sitcom, son opposition grisante entre la réalite et la fiction (aussi bien devant que derrière la caméra), sa critique du maccarthysme ou même - surtout - la mise en image profondément contemporaine des injonctions autant que de la complexité du personnage de Lucille Ball (une femme intransigeante et indépendante d'esprit qui ne se moquait de personne et se battre bec et ongles pour ses croyances, un monstre de professionnalisme acharné à la force mentale et physique hors du commun, qui trouve son émancipation devant une caméra); Being The Ricardos est une machine à voyager dans le temps fascinante et humaniste qui ne cherche pas tant à pointer la véracité des choses, qu'à en capter l'essence en les télescopant/superposant avec maestria.
Une vraie merveille.


Jonathan Chevrier


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