[CRITIQUE] : The Cloud in Her Room
Réalisatrice : Zheng Lu Xinyuan
Avec : Jin Jing, Zhou Chen, Ye Hongming,...
Distributeur : Norte Distribution
Avec : Jin Jing, Zhou Chen, Ye Hongming,...
Distributeur : Norte Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chinois, Hong-kongais.
Durée : 1h41min
Synopsis :
C’est un hiver humide à Hangzhou, Muzi rentre pour le nouvel an lunaire. L’ancien appartement de ses parents est toujours là. Un lit, une chaise abandonnée, une fenêtre abimée – les restes d’une relation qui a évolué. Son père a fondé une nouvelle famille, sa mère est en couple avec un étranger ; Muzi replonge dans ses souvenirs et tente de trouver des repères dans cette ville si familière et pourtant si changée. La jeune femme est tiraillée entre passé et présent, entre la fuite et l’éternel retour.
Critique :
Représentation mélancolique et à la dérive de l'aliénation, de la solitude, de l'ennui et de la quête d'amour au coeur la vie urbaine contemporaine, le premier long-métrage de Zheng Lu Xinyuan, The Cloud in Her Room (embaumé dans un noir et blanc assez singulier), décontenance autant qu'il fascine par sa singularité et son refus d'arborer les contours d'une narration traditionnelle; tant elle embrasse passionnément les contours d'une expérience sensorielle lancinante vissée sur la confusion et le spleen existentielle d'une jeune femme qui se cherche.
Soit Mizu, vingt-deux ans au compteur, qui vient de finir ses études et rentre dans sa ville natale d'Hangzhou, pour passer le Nouvel an chinois avec ses proches.
Ses parents sont divorcés, son père musicien s'est remarié et est père d'une jeune fille, tandis que sa mère semble dériver entre petits amis dans un brouillard d'alcool et de fumée de cigarette.
Un retour à la maison qui l'oblige à réfléchir sur sa situation, ses perspectives et sa vie amoureuse, elle qui est coincée dans une relation quelque peu insatisfaisante (et rarement consommée) avec le photographe Yu Fei...
L'aliénation et la solitude moderne ont beau être des sujets plus qu'usés par le septième art sur la dernière décennie, le regard que pose la cinéaste sur eux n'en reste pas moins joliment frais et bienvenu, tant elle ne cherche aucune délivrance dans l'évidence ou le conventionnel, ni ne se heurte au manque de sens apparent de son exploration des atermoiements d'une héroïne anxieuse et de son parcours mental chaotique : elle aime s'attarder sur l'ennui silencieux et gênant de la vie, et propose simplement d'expérimenter sincèrement tous ses sentiments plutôt que de les fuir.
D'autant qu'elle fait ici de l'intimité, le pôle répulsif qui éloigne ses personnages et nourrit sa réflexion sur la nature destructrice et isolante de la vie urbaine moderne, ou les âmes semblent flotter dans l'air tout comme la fumée bouillonnante émise par les (nombreuses) cigarettes et la brume qui plane sur Hangzhou; une métropole qui est, comme tant d'autres en Chine et même sur tout le continent asiatique, en perpétuelle mutation.
Une transformation difficile qui trouve un parallèle dans celle toute aussi complexe de Muzi, encore quelque peu immature et même enfantine, elle qui n'a pas encore accepté son propre statut d'adulte responsable, naviguant dans les fissures douloureuses de sa famille fracturée autant que dans ses propres enchevêtrements romantiques hésitants et maladroits.
D'une froideur assez clinique, constamment enlacé entre réalisme et fantastique, impressionnisme et minimalisme, Zheng Lu Xinyuan répartit son attention autant sur les corps de ses personnages que sur les espaces dans lesquels ils gravitent (sans doute même aussi important qu'eux), et fait de son premier effort, pas si éloignés finalement de ceux d'Hong Sang-soo, un moment de cinéma joliment erratique et onirique, une audacieuse chronique de la fin du monde (ou plutôt d'un monde : celui de l'adolescence) mélancolique et douce-amère.
Une belle découverte.
Jonathan Chevrier
Genre : Drame.
Nationalité : Chinois, Hong-kongais.
Durée : 1h41min
Synopsis :
C’est un hiver humide à Hangzhou, Muzi rentre pour le nouvel an lunaire. L’ancien appartement de ses parents est toujours là. Un lit, une chaise abandonnée, une fenêtre abimée – les restes d’une relation qui a évolué. Son père a fondé une nouvelle famille, sa mère est en couple avec un étranger ; Muzi replonge dans ses souvenirs et tente de trouver des repères dans cette ville si familière et pourtant si changée. La jeune femme est tiraillée entre passé et présent, entre la fuite et l’éternel retour.
Critique :
D'une froideur assez clinique, constamment enlacé entre réalisme et fantastique, Zheng Lu Xinyuan répartit son attention autant sur les corps de ses personnages que sur les espaces dans lesquels ils gravitent, et fait de #TheCloudinHerRoom une expérience onirique et mélancolique pic.twitter.com/I8cLqkfd3r
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 23, 2021
Représentation mélancolique et à la dérive de l'aliénation, de la solitude, de l'ennui et de la quête d'amour au coeur la vie urbaine contemporaine, le premier long-métrage de Zheng Lu Xinyuan, The Cloud in Her Room (embaumé dans un noir et blanc assez singulier), décontenance autant qu'il fascine par sa singularité et son refus d'arborer les contours d'une narration traditionnelle; tant elle embrasse passionnément les contours d'une expérience sensorielle lancinante vissée sur la confusion et le spleen existentielle d'une jeune femme qui se cherche.
Soit Mizu, vingt-deux ans au compteur, qui vient de finir ses études et rentre dans sa ville natale d'Hangzhou, pour passer le Nouvel an chinois avec ses proches.
Ses parents sont divorcés, son père musicien s'est remarié et est père d'une jeune fille, tandis que sa mère semble dériver entre petits amis dans un brouillard d'alcool et de fumée de cigarette.
Un retour à la maison qui l'oblige à réfléchir sur sa situation, ses perspectives et sa vie amoureuse, elle qui est coincée dans une relation quelque peu insatisfaisante (et rarement consommée) avec le photographe Yu Fei...
Copyright Norte Distribution |
L'aliénation et la solitude moderne ont beau être des sujets plus qu'usés par le septième art sur la dernière décennie, le regard que pose la cinéaste sur eux n'en reste pas moins joliment frais et bienvenu, tant elle ne cherche aucune délivrance dans l'évidence ou le conventionnel, ni ne se heurte au manque de sens apparent de son exploration des atermoiements d'une héroïne anxieuse et de son parcours mental chaotique : elle aime s'attarder sur l'ennui silencieux et gênant de la vie, et propose simplement d'expérimenter sincèrement tous ses sentiments plutôt que de les fuir.
D'autant qu'elle fait ici de l'intimité, le pôle répulsif qui éloigne ses personnages et nourrit sa réflexion sur la nature destructrice et isolante de la vie urbaine moderne, ou les âmes semblent flotter dans l'air tout comme la fumée bouillonnante émise par les (nombreuses) cigarettes et la brume qui plane sur Hangzhou; une métropole qui est, comme tant d'autres en Chine et même sur tout le continent asiatique, en perpétuelle mutation.
Une transformation difficile qui trouve un parallèle dans celle toute aussi complexe de Muzi, encore quelque peu immature et même enfantine, elle qui n'a pas encore accepté son propre statut d'adulte responsable, naviguant dans les fissures douloureuses de sa famille fracturée autant que dans ses propres enchevêtrements romantiques hésitants et maladroits.
Copyright Norte Distribution |
D'une froideur assez clinique, constamment enlacé entre réalisme et fantastique, impressionnisme et minimalisme, Zheng Lu Xinyuan répartit son attention autant sur les corps de ses personnages que sur les espaces dans lesquels ils gravitent (sans doute même aussi important qu'eux), et fait de son premier effort, pas si éloignés finalement de ceux d'Hong Sang-soo, un moment de cinéma joliment erratique et onirique, une audacieuse chronique de la fin du monde (ou plutôt d'un monde : celui de l'adolescence) mélancolique et douce-amère.
Une belle découverte.
Jonathan Chevrier