[CRITIQUE/RESSORTIE] : On murmure dans la ville
Réalisateur : Joseph L. Mankiewicz
Avec : Cary Grant, Hume Cronyn, Jeanne Crain, Walter Slezak,...
Distributeur : Swashbuckler Films
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min.
Date de sortie : 3 octobre 1952
Date de reprise : 10 novembre 2021
Synopsis :
À la faculté de médecine d'une petite ville de province, le brillant docteur Praetorius aide une jeune femme enceinte et en tombe amoureux. Il est en même temps confronté aux attaques d'un collègue jaloux, qui fouille dans son passé et le suspecte d'être un charlatan...
Critique :
Ce qu'il a de formidable grâce aux nombreuses ressorties qui ont la chance de pouvoir peupler nos salles obscures hexagonales chaque semaine, c'est autant la possibilité qu'il nous est donné de pouvoir découvrir ou redécouvrir une oeuvre - plus ou moins - phare sur grand écran, que de nous replonger parfois, dans le contexte d'une époque pas si lointaine, parfois tout aussi passionnante que l'oeuvre en elle-même.
Ce qui est sensiblement le cas avec People Will Talk - On murmure dans la ville - du grand scénariste et réalisateur Joseph Leo Mankiewicz (une adaptation de la pièce de l'écrivain germano-suisse Curt Goetz, Dr. Praetorius), qui se fait une réponse frontale, libérale et dyspeptique (oui) à la véritable chasse aux sorcières lancée par le sénateur McCarthy au coeur des 50s.
Se servant de la légende Cary Grant (dans l'un de ses meilleurs rôles) comme de son porte-parole devant la caméra, il fait du comédien un gynécologue et professeur de médecine peu orthodoxe d'une petite faculté endormie du Midwest, le Dr Praetorius, qui se préoccupe davantage des questions de l'âme humaine que des maux du corps humain.
Une vision plus humaniste de la médecine, qui place le patient en première ligne, opposée à celle plus conformiste du professeur Elwell (Hume Cronyn, savoureusement détestable) uniquement concentrée sur la maladie à traiter et non le malade; un homme qui jalouse Paraetorius et qui incarne l'attitude dogmatiquement limitée du sénateur McCarthy.
Précurseur anti-conformiste, Paraetorius, bien que respecté par ses patients et ses étudiants, est calomnié (Elwell l'accuse d'être un charlatan) et va devoir se défendre devant le conseil d'administration de son école de son innocence, alors que dans le même temps, sa relation amoureuse avec la jeune femme enceinte qu'il a sauvé (superbe Jeanne Crain), commence à vasciller...
Comédie de moeurs d'une authenticité rare, profondément politique et engagée même si elle est toujours habilement traitée comme une comédie romantique sophistiquée et urbaine, People Will Talk se fait le pamphlet bouillant (même si scénaristiquement confus parfois, la faute sans doute à sa volonté de privilégier la romance au drame) du maccarthisme, fustigeant la rumeur publique et ses conséquences destructrices et souvent injustifiées.
Une oeuvre importante dont le but n'est pas tant de donner une pertinence à la carrière de Praetorius (incarnant la nécessité de braver l'ordre établi), mais bien de célébrer les notions de générosité, de bonheur et les qualités infatigables de l'humanité, dans une société anxiogène et rétrograde.
Soixante-dix ans au compteur, et pourtant toujours aussi d'actualité...
Jonathan Chevrier
Avec : Cary Grant, Hume Cronyn, Jeanne Crain, Walter Slezak,...
Distributeur : Swashbuckler Films
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min.
Date de sortie : 3 octobre 1952
Date de reprise : 10 novembre 2021
Synopsis :
À la faculté de médecine d'une petite ville de province, le brillant docteur Praetorius aide une jeune femme enceinte et en tombe amoureux. Il est en même temps confronté aux attaques d'un collègue jaloux, qui fouille dans son passé et le suspecte d'être un charlatan...
Critique :
Comédie de moeurs d'une authenticité rare, profondément engagée même si elle est toujours habilement traitée comme une romcom sophistiquée et urbaine,#OnMurmuredanslaville se fait le pamphlet bouillant du maccarthisme, fustigeant la rumeur publique et ses conséquences ravageuses pic.twitter.com/FK6qlnWj9C
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 14, 2021
Ce qu'il a de formidable grâce aux nombreuses ressorties qui ont la chance de pouvoir peupler nos salles obscures hexagonales chaque semaine, c'est autant la possibilité qu'il nous est donné de pouvoir découvrir ou redécouvrir une oeuvre - plus ou moins - phare sur grand écran, que de nous replonger parfois, dans le contexte d'une époque pas si lointaine, parfois tout aussi passionnante que l'oeuvre en elle-même.
Ce qui est sensiblement le cas avec People Will Talk - On murmure dans la ville - du grand scénariste et réalisateur Joseph Leo Mankiewicz (une adaptation de la pièce de l'écrivain germano-suisse Curt Goetz, Dr. Praetorius), qui se fait une réponse frontale, libérale et dyspeptique (oui) à la véritable chasse aux sorcières lancée par le sénateur McCarthy au coeur des 50s.
Se servant de la légende Cary Grant (dans l'un de ses meilleurs rôles) comme de son porte-parole devant la caméra, il fait du comédien un gynécologue et professeur de médecine peu orthodoxe d'une petite faculté endormie du Midwest, le Dr Praetorius, qui se préoccupe davantage des questions de l'âme humaine que des maux du corps humain.
Copyright SWASHBUCKLER FILMS |
Une vision plus humaniste de la médecine, qui place le patient en première ligne, opposée à celle plus conformiste du professeur Elwell (Hume Cronyn, savoureusement détestable) uniquement concentrée sur la maladie à traiter et non le malade; un homme qui jalouse Paraetorius et qui incarne l'attitude dogmatiquement limitée du sénateur McCarthy.
Précurseur anti-conformiste, Paraetorius, bien que respecté par ses patients et ses étudiants, est calomnié (Elwell l'accuse d'être un charlatan) et va devoir se défendre devant le conseil d'administration de son école de son innocence, alors que dans le même temps, sa relation amoureuse avec la jeune femme enceinte qu'il a sauvé (superbe Jeanne Crain), commence à vasciller...
Comédie de moeurs d'une authenticité rare, profondément politique et engagée même si elle est toujours habilement traitée comme une comédie romantique sophistiquée et urbaine, People Will Talk se fait le pamphlet bouillant (même si scénaristiquement confus parfois, la faute sans doute à sa volonté de privilégier la romance au drame) du maccarthisme, fustigeant la rumeur publique et ses conséquences destructrices et souvent injustifiées.
Une oeuvre importante dont le but n'est pas tant de donner une pertinence à la carrière de Praetorius (incarnant la nécessité de braver l'ordre établi), mais bien de célébrer les notions de générosité, de bonheur et les qualités infatigables de l'humanité, dans une société anxiogène et rétrograde.
Soixante-dix ans au compteur, et pourtant toujours aussi d'actualité...
Jonathan Chevrier