[FUCKING SERIES] : Sex Education saison 3 : L’année de la maturité ?
(Critique - avec spoilers - de la saison 3)
À la différence de nombreux shows made in Netflix, il y a quelque chose d'étonnament réconfortant à l'idée de voir comment Sex Education a su garder son (bon) cap, même passé le difficile virage de la troisième saison, s'extirpant gentiment de son (faux) statut de sitcom régressive et torride pour adolescents qu'il menaçait d'être à l'origine, à quelque chose de plus juste dramatique, prêt à aborder des thèmes épineux avec pragmatisme sans pour autant dénigrer sa désinvolture.
Et c'est peut-être ce qui en fait toute sa saveur finalement, cet esprit de " normalisation " des traumas de l'adolescence - quitte à épouser certains clichés faciles des teen shows US -, se savoir révolutionnaire sans forcément marqué plus que de raison ses efforts, aborder des sujets aussi épineux que futiles, sans sermonner ni assommer son auditoire.
Il n'y a donc rien de mal alors, que la formule s'étiole un peu, devient moins précise et laisse moins de vie à certains ses personnages (voire même à certaines intrigues, dépassant rarement plus d'un épisode), justement dans l'idée d'élargir le trait et les sujets à aborder, subvertissant un brin les attentes sur ce point là (notamment en reléguant Otis, vrai/faux personnage central du show, au rôle de soutien passif), assumant plus encore que dans les deux précédentes saisons, son statut de pièce d'ensemble, alternant les perspectives de manière fluide dans des épisodes presque indépendants des autres.
Une maturité qui se reflète au sein même de ses personnages (comme Eric, dont l'épisode centré sur son voyage dans son Nigeria natal, fait spirituellement écho à l'épisode de la première saison qui lui était consacré, et montre sa belle évolution), même si les scénaristes ont une volonté peut-être encore plus prononcée, de soigner ses personnages féminins (même si l'arc d'Eric et Adam - sans parler de l'intrigue secondaire dédiée au père d'Adam, l'ancien directeur -, est la colonne vertébrale de ses huit nouveaux épisodes), plus que les masculins (dû voyage intime de Maeve à la gestion de la grossesse du Dr Milburn, en passant par Hope, loin de l'antagoniste unidimensionnel tant le personnage se bat elle aussi avec ses propres démons, mais aussi le lot de revers inhérents à son succès - et encore plus pour une femme de son âge).
Teen show émancipateur sur la Gen-Z qui évite soigneusement les écueils de son époque, au point de sembler exister dans une sorte de bulle vintage/monde analogique, Sex Education clôt sa nouvelle (dernière ?) salve d'épisodes sur une note profondément mélancolique : si nous ne serions pas contre une nouvelle saison, que la série s'arrête ici, au moment même où les personnages sont au bord de nouvelles aventures et d'avenirs prometteurs, cela ne serait pas une catastrophe.
Mieux même, cela serait la preuve que le concept d'éducation prôné par la série conserverait ici toute sa cohérence, au moment même où Otis, Eric ou encore Maeve, doivent mettre enfin à profit tout ce qu'ils ont pu apprendre.
Jonathan Chevrier
À la différence de nombreux shows made in Netflix, il y a quelque chose d'étonnament réconfortant à l'idée de voir comment Sex Education a su garder son (bon) cap, même passé le difficile virage de la troisième saison, s'extirpant gentiment de son (faux) statut de sitcom régressive et torride pour adolescents qu'il menaçait d'être à l'origine, à quelque chose de plus juste dramatique, prêt à aborder des thèmes épineux avec pragmatisme sans pour autant dénigrer sa désinvolture.
Et c'est peut-être ce qui en fait toute sa saveur finalement, cet esprit de " normalisation " des traumas de l'adolescence - quitte à épouser certains clichés faciles des teen shows US -, se savoir révolutionnaire sans forcément marqué plus que de raison ses efforts, aborder des sujets aussi épineux que futiles, sans sermonner ni assommer son auditoire.
Copyright Sam Taylor/NETFLIX |
Il n'y a donc rien de mal alors, que la formule s'étiole un peu, devient moins précise et laisse moins de vie à certains ses personnages (voire même à certaines intrigues, dépassant rarement plus d'un épisode), justement dans l'idée d'élargir le trait et les sujets à aborder, subvertissant un brin les attentes sur ce point là (notamment en reléguant Otis, vrai/faux personnage central du show, au rôle de soutien passif), assumant plus encore que dans les deux précédentes saisons, son statut de pièce d'ensemble, alternant les perspectives de manière fluide dans des épisodes presque indépendants des autres.
Une maturité qui se reflète au sein même de ses personnages (comme Eric, dont l'épisode centré sur son voyage dans son Nigeria natal, fait spirituellement écho à l'épisode de la première saison qui lui était consacré, et montre sa belle évolution), même si les scénaristes ont une volonté peut-être encore plus prononcée, de soigner ses personnages féminins (même si l'arc d'Eric et Adam - sans parler de l'intrigue secondaire dédiée au père d'Adam, l'ancien directeur -, est la colonne vertébrale de ses huit nouveaux épisodes), plus que les masculins (dû voyage intime de Maeve à la gestion de la grossesse du Dr Milburn, en passant par Hope, loin de l'antagoniste unidimensionnel tant le personnage se bat elle aussi avec ses propres démons, mais aussi le lot de revers inhérents à son succès - et encore plus pour une femme de son âge).
Copyright Sam Taylor/NETFLIX |
Teen show émancipateur sur la Gen-Z qui évite soigneusement les écueils de son époque, au point de sembler exister dans une sorte de bulle vintage/monde analogique, Sex Education clôt sa nouvelle (dernière ?) salve d'épisodes sur une note profondément mélancolique : si nous ne serions pas contre une nouvelle saison, que la série s'arrête ici, au moment même où les personnages sont au bord de nouvelles aventures et d'avenirs prometteurs, cela ne serait pas une catastrophe.
Mieux même, cela serait la preuve que le concept d'éducation prôné par la série conserverait ici toute sa cohérence, au moment même où Otis, Eric ou encore Maeve, doivent mettre enfin à profit tout ce qu'ils ont pu apprendre.
Jonathan Chevrier