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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #155. The Barbarians

Copyright Cannon Films

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#155. Les Barbarians de Ruggero Deodato (1987)

Cela ne s'explique pas, et c'est peut-être tout ce qu'il y a de plus beau dans cet attachement paradoxal que l'on ressent tous pour feu la délirante Cannon : même plus de trois décennies plus tard, entre le patriotisme assumé (ah la Guerre Froide...), des penchants intrinsèquement facistes - voire racistes -, ou encore la facilité déconcertante de valider des productions sans la moindre ligne de scénario - voire même sans limitation de budget au préalable -, la firme et son concept de cinéma/restauration rapide, singé depuis par une Netflix qui n'a décemment pas inventé le concept (comme peu faussement le penser le consommateur de péloches le moins averti), fascine encore son cinéphile, et pas qu'un peu.
Capable de produire tout et n'importe quoi, des films de grands cinéastes (Cassavetes, Godard,...) à des productions volontairement régressives, en passant par d'autres visant à pomper tous les canons/hits du moment, le tandem Golan et Globus ne s'est jamais rien refusé, pas même de raviver la flamme du péplum d'antan, tout en louchant - sur le tard - vers l'heroïc fantasy popularisé par Conan le Barbare, et fleurant bon le bis rital... comme avec The Barbarians de Ruggero " Cannibal Holocaust " Deodato.

Copyright Cannon Films

Délire méchamment hybride et purement ancré dans son époque (mysoginie décomplexée et masculinité exacerbée à la clé), faisant l'apologie d'une virilité spartiate avec ses deux héros jumeaux " Schwarzeneggerien " en diable (les frangins David et Peter Paul, culturistes de métier et vrais clones - jusqu'aux cheveux - de Conan, au jeu pitoyablement génial), la péloche, un temps voulu comme sérieuse - enfin, on se comprend -, s'avère in fine le rip-off le plus délirant du chef-d'oeuvre de John Milius, plus encore même que le malade Kalidor, avec un humour tellement débridé qu'il n'a jamais peur de virer vers la bouffonnerie absolue.
Avec un budget quasi-intégralement accaparé par l'huile pour bébé badigeonné sur les muscles saillants de ses héros (c'est con pour les SFX, au mieux rigolos et cheap), articulé autour d'un pitch prétexte citant un poil Double Impact avant l'heure (deux frères jumeaux orphelins, Kutchek et Gore, séparés à la naissance et réduits en esclavage, se retrouvent face à face une fois adulte en tant que gladiateurs, et refusent le combat pour mieux s'allier et se libérer du joug de leurs maîtres et libérer leur reine); Les Barbarians, plastiquement le cul entre deux sièges, est un sommet de nanar à la crétinerie épique et assumée, ou le cabotinage extrême des comédiens (le casting est bourré jusqu'à la gueule de visages familiers des 80s, George Eastman, Richard Lynch ou encore Michael Berryman) fornique fougueusement avec l'imprévisibilité folle de quelques séquences venant dynamiter un " scénario " pourtant douloureusement convenu.

Copyright Cannon Films

À prendre au millième degré - minimum -, manquant cruellement de souffle dans sa mise en scène (Deodato en fait le moins possible, tout comme Pino Donnagio au score) tout en étant joliment rythmé (dû aux rebondissements pas toujours cohérent mais au moins nombreux), le film se veut comme un pur plaisir coupable enfantin, régressif et inoffensif fait uniquement pour divertir un auditoire facile et sans doute déjà conquis, avant même d'appuyer sur le bouton " play " de sa télécommande.
Tous les amoureux de la Cannon en ont poncé sa VHS, et s'en souvienne encore, en mal comme en (surtout) bien...


Jonathan Chevrier