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[CRITIQUE] : Sweet Escape


Réalisateur : Miles Joris-Peyrafitte
Avec : Margot Robbie, Finn Cole, Travis Fimmel,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Historique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Durant la Grande Dépression. Eugene Evans, 15 ans, a juré de sauver l'exploitation de ses parents détruite par des tempêtes de poussière en capturant une braqueuse de banques en cavale dont la tête est mise à prix.



Critique :


Tourné en novembre 2017 avant d'être mis au placard par une Paramount décidément toujours aussi finaude, qui se décidera in fine de le balancer trois ans plus tard, quasiment jour pour jour, en VOD en pleine pandémie du Covid-19 (un miracle dans un sens, tant la firme bazarde à tour de bras ses projets aux plus offrants - souvent Netflix); Dreamland de Miles Joris-Peyrafitte (Sweet Escape par chez nous... d'accord) avait tout du petit incident industriel que l'on cache à défaut de savoir trop quoi en faire, un petit couac pour une Margot Robbie qui commençait enfin à porter des projets sur son propre nom, après le triomphe critique du I, Tonya de Craig Gillepsie.
Enfin disponible - légalement - dans l'hexagone, force est d'avouer que la péloche n'est strictement rien de tout cela, bien au contraire tant il incarne un solide drame romantico-criminel sous fond de récit sur le dur passage à l'âge adulte en pleine Grande Dépression; une fable saisissante sur fugue passionnée et désespérée de deux âmes sans le sou comme on en a vu mille fois, mais qui fait pourtant joliment mouche à l'arrivée.

Copyright Paramount Pictures

Véritable conte folklorique s'inscrivant dans une sorte de songe lucide, poétique et fataliste à la fois, au coeur d'une Amérique hostile écrasé sous un soleil de plomb, le film colle aux basques d'Eugene Evans, adolescent rêveur à la tête remplie par les bandes dessinées qu'il vole au magasin du coin.
L'exploitation familiale est au plus bas - la faute aux nombreuses et apocalyptiques tempêtes de sable -, mais aucune perspective d'avenir ne se présente à lui jusqu'à ce qu'une braqueuse de banque, qui bâclé son dernier braquage en laissant cinq personnes sur le carreau, ne vienne se réfugier chez lui, alors quelle à une sacré prime de mise sur sa tête - 10 000 $ - pour quiconque lui mettra la main dessus.
Conscient que cet événement est la chose la plus effrayante et excitante qui lui soit jamais arrivé - d'autant plus qu'il est facilement manipulable -, il va s'enticher d'elle (si lui ne lui cache pas ses sentiments, elle ne lui cache pas ses réticences en échange), et partager son désir de fuir ces terres maudites pour toujours...
S'il est on ne peut plus facile de prévoir ou nous mènera cette odyssée tendue et folle, tant les nuances réelles du script de Nicolaas Zwart ne sont jamais assez puissantes pour en masquer les facilités, le voyage qu'il propose n'en reste pas moins infiniment captivant, notamment dans la maturité progressive du personnage d'Eugene (Finn Cole, juste et magnétique), jeune agneau/sidekick dans le crime qui se fait lion au contact d'une lionne moins délicate qu'elle en a l'air (Margot Robbie, excellente et parfaitement consciente du pouvoir de séduction de son personnage).

Copyright Paramount Pictures

Avec un cadre irradiant de beauté et désenchanté qui évoque le mysticisme du chef-d'oeuvre Days of Heaven de Terrence Malick (superbe photo de Lyle Vincent, déjà remarqué pour ses brillants efforts pour A Girl Walks Home Alone at Night, The Bad Batch et Thoroughbreds), là où la mise en scène convoque bien plus la fureur urgente de Fritz Lang (avec ses plongées bourdonnantes au coeur du danger, en complet osmose avec son découpage et le score rythmé de Patrick Higgins, décuplant grandement son énergie); Dreamland est un joli drame sur deux âmes " Bonnie and Clyd-esque " qui en cherchant désespérément le bonheur dans un monde gris et aigri, vont in fine le trouver l'un dans l'autre.
Il n'y a évidemment aucun échappatoire quand on est coincé au coeur d'une terre de fardeau, mais le film de Joris-Peyrafitte trouve quelque chose de tragique et de réconfortant dans ce refus de porter le lourd poids d'une vie que l'on a pas choisi, et que l'on décide de fuir peu importe ce que cela en coûte...


Jonathan Chevrier



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