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[CRITIQUE] : Bliss


Réalisateur : Mike Cahill
Acteurs : Owen Wilson, Salma Hayek, Madeline Zima,...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Drame, Science-fiction, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min

Synopsis :
Récemment divorcé, Greg, dont la vie va à vau-l'eau, rencontre la délicieuse Isabel, une femme vivant dans la rue, convaincue que le monde brisé et pollué autour d'eux n'est pas réel. Elle est persuadée qu'ils vivent dans une simulation laide et et rude à l'intérieur d'un autre vrai monde, beau et en paix. D'abord sceptique, Greg finit par découvrir qu'il y a peut être une part de vrai dans la théorie du complot d'Isabel.



Critique :


La carrière du (très) sympathique Owen Wilson est au moins aussi atypique que pouvait l'être ses débuts, notamment chez le génial Wes Anderson, puisque le bonhomme ne s'est refusé aucun genre, pas même l'épouvante - le pitoyable remake Hantise de Jan de Bont.
Pas étonnant dans un sens, et c'est peut-être là tout le drame de cet éclectisme, de le voir s'aventurer dans le giron de la SF sous la tutelle experte du talentueux Mike Cahill, avec Bliss, sorte de grosse panouille fantasmée et ennuyeuse - voire même presque prétentieuse -, totalement indigne du talent du papa d'Another Earth et I, Origins.
Réussissant la prouesse incroyable d'être définitivement plus sauvage, fun et intéressant à raconter qu'à regarder, avec ses courbures de Matrix du pauvre et sous acide, le film suit Greg (Wilson donc), en tant qu'employé de bureau désespéré qui, après avoir tué accidentellement son patron (ça peut arriver), est secouru in-extremis par une femme sans-abri chamanique, Isabel (campée par une Salma Hayek over-the-top et irritante comme jamais), qui lui apprend qu'ils sont non seulement des âmes sœurs (y'a plus malchanceux que le frangin de Luke Wilson), mais aussi qu'ils sont parmi la petite liste d'humains en chair et en os, à vivre une sorte de simulation informatique complexe à la Sims.

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Mais heureusement, ils peuvent redistribuer les cartes en collectionnant tels des pokémons, des cristaux colorés (à la littéralité et aux propriétés déroutantes, qui ont des effets aussi différents que leur mode d'injection) qui leur permettront de contourner les lois de la physique mais aussi voyager vers une réalité alternative paradisiaque où leurs journées consistent à se prélasser sur des yachts et à se gaver de petits fours en soirées.
Si la prémisse à de quoi allécher les amateurs de B movies déviant que nous sommes, tout tourne pourtant vite au vinaigre puisque dès les premiers instants, Bliss laisse transparaître le traitement étrangement terne et sans saveur de son intrigue (et que dire de ses personnages, croqués à la truelle et jamais empathiques).
Un vrai sentiment de gâchis tant Cahill, jusqu'ici ambitieux et réfléchi, avait su démontrer dans des bandes plus modestes sa faculté à mêler la complexité et la contradiction de l'âme humaine à des concepts SF plus qu'accrocheur; mais dans la profusion de moyens qui lui est alloué ici, le bonhomme se perd, s'embourbe dans une toile d'araignée grossièrement tissée et jonglant entre les idées prometteuses (et si tout ceci n'était qu'un trip sous acide ? Théorie effleurée sans être affirmée) sans jamais chercher à pleinement les développer - tout en etant cruellement dénué des sens du suspense et du spectaculaire.

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Sorte de relecture manquée, grotesque et friquée de son propre Another Earth (avec qui il partage le gimmick d'un monde parallèle, concentré ici non pas sur l'impact humain mais sur la mécanique rocambolesque et bancale derrière), dénué de toute emprise et implication dramatique, Bliss, porté par un couple Wilson/Hayek aussi mal croqué qu'assortis, est un trip SF sur-explicatif et manquant cruellement de substance et d'énergie.
Décidemment, février n'est pas joyeux chez Amazon Prime après Horizon Line en début de semaine (vivement Palm Springs...).


Jonathan Chevrier

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