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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #52. The Ward

Copyright Echo Lake Productions

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


#52. The Ward de John Carpenter (2011)

Voilà onze ans, quasiment jour pour jour, que ce bon vieux John Carpenter jouit d'une retraite certes frustrante pour ses fans, mais amplement mérité aux vues d'une carrière foisonnante, comportant une pluie de péloches cultes à en faire pâlir d'envie tout wannabe cinéaste.
Film du chant du cygne, The Ward vaut décemment plus que sa piètre réputation l'a longtemps laissé entendre, une série B d'épouvante modeste et profondément old school qui nécessite sans doute plusieurs visions pour en apprécier toute sa splendeur.
Un poil ironique sur le papier (alors qu'il a toujours été critiqué pour la fragilité de ses personnages féminins, son dernier long est quasiment porté QUE par des femmes), le film suit au coeur des 60s - à une heure ou l'usage des électrochocs était plus que commun -, un pentagone d'adolescentes toutes plus torturées les unes que les autres, Sarah (une snob érotomane), Iris (une tête d'ampoule), Zoey (une lolita prostrée), Emily (une brute qui aime provoquer les autres) et Kristen (une pyromane à l'amnésie plus ou moins présente), internées dans un hôpital psychiatrique.
Chacune est persuadée qu'un spectre vengeur cherche à leur faire du mal, poussant Kristen a accumuler les tentatives d'évasion...

Copyright Echo Lake Productions

Totalement conscient de la fragilité évidente du script de Michael et Shawn Rasmussen (assez anecdotique et léger pour un maître de l'horreur comme Carpenter, même si les personnages féminins sont plutôt bien croqués, le cinéaste ne fait qu'adapter la chose sans y apporter sa patte), dont les incohérences plus ou moins volontaires - certaines sont des indices se lient jusque dans un twist final original (et dont toute la vérité ne se décèle pas entièrement) émaillent les coutures d'un thriller psychologique au demeurant plus que recommandable, Big John fait comme toute bonne bande d'épouvante d'époque : il mise tout sur la mise en scène, ici limpide et au découpage millimétré (sans doute sa plus belle depuis L'Antre de la Folie), prenant la pleine ampleur de son cadre (l'hôpital psychiatrique, follement immersif) avec une gestion des corps et des espaces proprement grandiose, le tout embaumé dans une ambiance austère et mystérieuse, qu'il n'avait plus tutoyé du bout de la caméra depuis Vampires.
Questionnant constamment le spectateur sur ce qu'il croit voir ou non avec un souci du détail incroyable, Carpenter distille un joli vertige sur la complexité et l'instabilité de l'esprit humain (un des thèmes forts de sa filmographie) et rend un vibrant et mature hommage au chef-d'oeuvre Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene.
Pas le plus retentissant des baroud d'honneur, mais un adieu bien, bien moins artificiel qu'annoncé a tort depuis maintenant dix ans... mais tu nous manques quand-même John, terriblement même.


Jonathan Chevrier