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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #51. All The Boys Love Mandy Lane

Copyright TFM Distribution

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


#51. Tous les Garçons aiment Mandy Lane de Jonathan Levine (2007)

Trop souvent considéré, en dehors de ses portes étendards les plus populaires, comme un véhicule de productions ultra calibrées dont les uniques qualités reposent avant tout sur sa capacité franchement déviante - mais jouissive - d'aligner les morts avec une frénésie plus ou moins bien gérée selon ses faiseurs (eux-mêmes plus ou moins inspirés); le slasher est sans doute le sous-genre le plus méprisé du cinéma horrifique.
Récoltant bien plus souvent la négativité - ou l'indifférence - que les louanges, à tel point qu'il n'aurait presque aucune légitimité artistique (puisque n'existant qu'au travers de ses velléités purement commerciales), le slasher à heureusement quelques âmes charitables non seulement pour l'aimer à la hauteur qu'il le mérite, mais aussi et surtout, pour savamment démonter ce préjugé on ne peut plus stupide...
Comme Jonathan Levine qui, en 2007, offrait une alternative au marasme des franchises abrutissantes, en signant une petite bombe ensorcelante à l'approche aussi mature que maîtrisée, Tous les garçons aiment Mandy Lane.

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Abordant le slasher avec un sens de l'image captivant et une écriture au traitement incisif et sensible (saupoudré d'un regard profondément humain sur ses protagonistes), le tout avec une absence salutaire de cynisme rafraîchissant, à une heure ou les wannabe Scream cherchaient encore à lancer des regards en quête d'approbation à feu Wes Craven.
Sans la moindre surenchère gore putassière, suivant stricto sensu le pitch épuré et allant strictement à l'essentiel du scénariste Jacob Forman (Mandy Lane, beauté du diable qui hante tous les fantasmes - souvent mouillés - des ados du Texas, devient lors d'un week-end estudiantin, la cible d'une compétition amoureuse qui ne va pas mettre trente ans à tourner mal), Levine, dont la mise en scène - comme le cadre - cite directement le Massacre à la Tronçonneuse de feu Tobe Hooper, épouse les contours mélancoliques d'une horreur old school pour mieux y injecter un penchant sociologique étonnant; une étude des états d'âmes de l'adolescence 2.0 fragile loin des clichés et d'autant plus effrayante parce que douloureusement réaliste (une obsession sexuelle pour le sexe opposée, voulant le consommer sans forcément chercher à le comprendre, tout en ayant un accès facile à tous les vices : armes, drogues, alcools,...), laissant penser que les teen movies potaches et régressifs, n'étaient pas aussi à côté de la plaque qu'on pouvait le laisser penser.
Un versant masculin sombre auquel il offre un contrepoint puissant : une jeune femme (Amber Heard, parfaite de fausse - innocence) loin de la bimbo facile, une girl next door vierge (augmentant de facto son statut d'objet du désir ultime), angélique, complexée et attachante même dans ses travers, cherchant continuellement à se battre pour prouver qu'elle vaut mieux que l'image qu'elle renvoie.

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Entre Gus Van Sant et John Hughes (un entre-deux formidable, qui se ressent parfaitement dans sa manière de mélanger les genres), épousant judicieusement les conventions du slasher tout en s'en démarquant juste ce qu'il faut pour offrir une vraie personnalité à son récit sur le dur passage à la vie d'adulte (et la nécessité de toujours rester soi-même, même sous la pression sociale); Levine signe un petit bout de film d'horreur aussi brutal et sensitif qu'il est étonnamment touchant (oui), un cauchemar romantico-macabre froid en terres arides à la sincérité cruelle et poétique, ou l'on suit la belle pour mieux sonder les entrailles des bêtes - dans tous les sens du terme.
Par chez nous, on appelle ça un put*** de premier long intelligent et grisant, tout simplement.


Jonathan Chevrier