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[C’ÉTAIT DANS TA TV] : #24. The O.C.

CREDIT: THE WB

Avant de devenir des cinéphiles plus ou moins en puissance, nous avons tous été biberonnés par nos chères télévisions, de loin les baby-sitter les plus fidèles que nous ayons connus (merci maman, merci papa).
Des dessins animés gentiment débiles aux mangas violents (... dixit Ségolène Royal), des teens shows cucul la praline aux dramas passionnants, en passant par les sitcoms hilarants ou encore les mini-séries occasionnelles, la Fucking Team reviendra sur tout ce qui a fait la télé pour elle, puisera dans sa nostalgie et ses souvenirs, et dégainera sa plume aussi vite que sa télécommande.
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#24. Newport Beach / The O.C. (2003 - 2007)

Dans la catégorie des teen shows ayant émergés dans le ventre mou des années 2000, The O.C. pouvait clairement se voir comme la grande soeur irrévérencieuse de One Tree Hill (son pilote a été diffusé pile un mois avant, en août 2003), et peut-être même comme l'une des seules à avoir tellement bien digéré le genre, qu'elle en a livré une sorte de quintessence éphémère, à une époque où les audiences étaient plus fragmentées, et ou il était difficile de capter une audience adolescente qui n'avaient pas encore les plateformes de streaming pour mater d'un trait ses séries favorites (les deux premières saisons feront des excellentes audiences, avant que la troisième amorce sont inexorable déclin).
Sans doute parce qu'elle narrait les aléas d'un adolescent comme les autres, en difficulté et peinant à trouver sa place au coeur d'une famille à la dérive des bas fonds de la Californie - Chino.

CREDIT: THE WB

Soit Ryan Atwood (Ben McKenzie, devenu depuis l'une des valeurs sûres du petit écran US), qui trouvera une famille d'adoption auprès du bon et généreux Sandy Cohen (formidable Peter Gallagher, l'un des meilleurs papas de la télévision US), un avocat venu lui-même du ghetto - le Bronx - et vivant désormais dans les beaux quartiers WASP de Newport - avec sa femme Kirsten et son fils Seth.
Durant quatre saisons à la qualité il est vrai éparse (de grande réussite à plaisir coupable souvent très, très coupable), la série nous a fait suivre les rebondissement souvent (trop?) bigger than life de ce clan Cohen-Atwood angoissé, aux rapports compliqués mais constamment aimant, et de leurs proches dans un contenu alternant autant avec le mélodrame cheap so-télénovela, que vers la vision intelligente et avant-gardiste d'un genre souvent stigmatiser pour sa superficialité - là où son pendant adulte est rarement aussi raillé, mais tout aussi fragile.
Plus intensément encore que One Tree Hill et Gossip Girl (qui est son descendant le plus direct), The O.C. mettait un point d'honneur à placer la cellule familiale - celle que l'on préserve autant que celle que l'on trouve et retrouve - en son coeur, donnant du corps aux atermoiements adolescents, de leurs joies à leurs angoisses étonnamment bien retranscrites, au sein d'un contexte social ou leurs rapports sont presque tout aussi importants que leur statut/image dans la communauté; mais surtout ou les liens enfants/parents fonctionnaient comme une unité collective souvent indissociable (notamment grâce à Sandy et Kirsten Cohen, phare de la raison pour tous), et ce dès la base même du show (la relation entre Ryan et Sandy).

CREDIT: THE WB

Trop facilement considéré comme un teen show romantique direct (ce qu'il est aussi, ne mentons pas sur la marchandise non plus), avec ses relations - parfois triangulaires - et romantiques souvent tortueuses mais grisantes (mention au trio Anna/Seth/Summer de la saison 1, puis aux couples Seth/Summer et Ryan/Taylor), ce sera finalement une bromance qui se démarquera le plus dans la série : celle qui lie Seth et Ryan, deux êtres solitaires dans un monde qui ne se préoccupe pas vraiment d'eux - sauf leurs parents évidemment -, deux gosses opposés (un ado rebelle vs un ado geek) qui vont commencer à se lier par la force... des jeux vidéos - le reste appartient à l'histoire.
Ryan, mutique et réservé, avait quelqu'un pour le sortir de son univers un brin dépravé et le ramener vers le droit chemin et Seth lui, volubile et angoissé, avait quelqu'un pour le faire sortir de sa bulle enrobée d'innombrables comics et de références à la culture pop (réservant un lot conséquents de dialogues de sourd cocasses entre eux).
Tous les deux n'auront eu de cesse d'ailleurs de se défendre et de se soutenir l'un et l'autre, et leur affection même malgré la distance parfois, n'aura jamais faibli d'un iota, le duo étant même deux versants du problème de classe américain qui peine à s'intégrer.
Ryan, qui a fait la transition entre un quartier difficile et la richesse démesuré (et les privilèges qui vont avec) de Newport, à ses propres idées sur la vaste inégalité des revenus dans cette zone géographique relativement réduite (il incarne à la perfection une jeunesse aux ressources inexploitée, privée de leurs possibilités à cause d'un souci purement économique); alors que Seth, tout comme ses parents, critique le manque de responsabilité et le privilège incontesté de la plupart de la population de Newport, microcosme dans lequel il a grandit tout en ne s'y reconnaissant absolument pas.

CREDIT: THE WB

Plus étonnant, la série avait même réussit la prouesse (ce que One Tree Hill avait furtivement fait avec le personnage de Brooke Davis, à la transformation plus expéditive, mais surtout Nathan Scott, avec plusieurs rétropédalages à la clé) de corriger subtilement le tir sur ses propres personnages, rompant avec les clichés faciles de ce genre de production.
Si Summer Roberts avait tout de la peste insupportable et paresseuse (voire même volontairement méchante, notamment avec Seth), cousine pas si éloignée de Cordelia Chase et Blair Waldorf, elle est peu à peu devenue l'un des personnages les plus empathiques et intelligents du show, imparfaite et férocement drôle.
Même Seth Cohen, à un moment où la culture geek n'avait pas eu The Big Bang Theory pour la rendre " cool ", était plus qu'un simple nerd (et par nerd, on parle bien d'un ado passionné par ses hobbys, comme on peut tous l'être), plus qu'un véhicule comique ou un acolyte du héros, il était un protagoniste touchant dans sa maladresse et bien croqué, qui façonnera sa propre histoire.
Impossible de ne pas voir d'ailleurs dans ce personnage, autant une (grosse) pièce du puzzle dans le processus de normalisation de la sous-culture nerd (à une heure actuelle ou les séries super héroïques sont légion sur le petit écran US), que la genèse de ce qui servira à son créateur, Josh Schwartz (le plus jeune showrunner de l'histoire de la télévision américaine), dans la conception de son chef-d'oeuvre (oui) télévisuel : Chuck.

CREDIT: THE WB

Autoréférentielle, portée par une bande originale démente (pour preuve, en l'espace de quatre saisons la série a connue six albums de bande originale !) et un vrai amour de ses personnages (adultes comme adolescents), si Newport Beach n'a pas forcément su garder toute sa fraîcheur sur sa courte durée, elle n'en est pas moins resté divertissante (la première et la quatrième saison, quoiqu'en diront certains, sont vraiment excellentes), avec ce qu'il faut comme pointe de douceur et surréalisme pour être gentiment addictive.
" Californiaaaaaaa, Californiaaaaaaa here we come... ".


Jonathan Chevrier


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