[CRITIQUE] : Une Ode Américaine
Réalisateur : Ron Howard
Avec : Amy Adams, Glenn Close, Gabriel Basso, Haley Bennett,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
J.D. Vance, un ancien Marine originaire du sud de l’Ohio désormais étudiant en droit à Yale, est sur le point de décrocher le poste de ses rêves quand une affaire de famille l'oblige à retourner chez lui et à retrouver tout ce qu'il avait tant voulu quitter. J.D. doit alors gérer la dynamique complexe de sa famille des Appalaches, et son rapport explosif avec sa mère qui souffre d'addiction. Touché par les souvenirs de sa grand-mère, la femme résiliente et redoutablement intelligente qui l'a élevé, J.D. comprend que ses origines lui serviront à construire son avenir.
Critique :
Dans une Amérique post-saison électorale 2016, qui commençait à gentiment réaliser l'impact de l'uppercut qu'elle venait de prendre dans la caboche avec l'élection (surprise ?) de Donald Trump, JD Vance catapultait dans les librairies Hillbilly Elegy: A Memoir of a Family and Culture in Crisis; des mémoires à l'ascendant politique très conservateur, qui confirmait avec fracas le réveil de tout un pan de l'Amérique profonde jusqu'alors plutôt silencieuse.
Pas à un hasard dès lors, de voir le film qui l'adapte pointer le bout de son nez pile poil quatre ans après, juste après la défaite du président sortant qui n'a fait que de renforcer la fracture intense séparant les habitants du pays de l'oncle Sam.
Sur le papier, rien de bien nouveau sous le sapin avec une ode à l'American Dream vu un nombre incalculable de fois auparavant, croqué comme un hymne au courage personnel et à la persévérance.
Évitant subtilement les jugements culturels plus radicaux et controversés de Vance (malgré quelques dialogues bien salés), Ron Howard, à la mise en scène plus académique et sans ambition que jamais, se recentre alors sur l'aspect familial de l'histoire, qui se distingue du tout commun uniquement par les performances incroyables - et chargées en jurons - de son trio de femmes Amy Adams, Haley Bennett et Glenn Close.
Rugueux et voyeuriste - à tel point qu'il peine à provoquer une quelconque empathie -, le film semble continuellement embrasser le chaos émotionnel et mélancolique d'une chanson country, sans jamais avoir les bonnes paroles pour la faire raisonner harmonieusement dans nos écoutilles.
Axé sur deux temporalités bien distinctes de la vie de JD, sa vie adolescente (fin des 90's, époque ou sa mère romantico-impulsive Bev, devient dépendante aux opioïdes, et où sa grand-mère entre en jeu pour lui fournir la parentalité dont il a besoin) et sa vie d'adulte en temps qu'étudiant en droit (2011, ou lui et sa sœur aînée, Lindsay, font face à l'hospitalisation de leur mère a la suite d'une d'overdose d'héroïne), le film expose très vite les coutures de sa narration lourdes, un recit fait de cycles perpétuels, de ce qui se répète et se joue encore et encore, à travers les décennies et les générations, et la nécessité de les briser, même si l'effort que cela demande est immense (entre responsabilité familiale et ambition personnelle).
Coincé le cul entre les deux chaises de l'observation pointue et de l'accumulation crasse et facile de clichés (avec tous les éléments en son centre : addiction, maltraitance, négligence, père absent, un cadre - une ville de l'Ohio - bouffé par la pauvreté, désir d'évasion et de rédemption), accentué par une écriture assez grossière de ses personnages (zéro nuance et sans conflits internes, les femmes ne sont montrés que dans leurs échecs et ne semble de facto, jamais vraiment réelles); Une Ode Américaine récite de manière générique son histoire (avec une voix-off déclinant une pluie de catchphrases semblant tout droit sortie des broderies de nos mamies), et s'engage à suivre la voie d'une honnêteté désagréable sans pour autant arriver à susciter la moindre authenticité (les traumatismes de JD ne laisse jamais transparaître l'idée qu'ils ont façonnés l'homme qu'il est aujourd'hui), tant il semble toujours trop conscient de lui-même pour être totalement sincère.
Reste alors à trouver de la justesse au seul endroit où elle réside : les performances de ses comédiennes, tant ni Close ni Adams ne rechignent à dépeindre la laideur de ces femmes, aussi choquante soit-elle, la ou Bennett se montre merveilleusement solaire (aussi forte que bienveillante envers les siens).
Deux femmes qui n'auront de cesse de se montrer pire que l'autre (grossières, violentes, impétueuses,...), même si Bev remporte la palme en tant que matriarche méchante et égoïste, qui n'hésite jamais à sacrifier les besoins de ses enfants (notamment pour son dernier petit ami en date), quand elle ne les attaque physiquement.
Des performances complexes dans une oeuvre rédemptrice frustrante qui en manque cruellement, voilà tout le paradoxe du dernier long d'un Ron Howard qui, même sur des films de commandes, s'était montré plus inspiré et moins sage.
Avec plus d'ambitions et une vraie envie de ne pas simplement se poser comme un témoin timide de son histoire, on aurait pu avoir droit à un grand drame sur l'impact indélébile d'une vie dans la pauvreté, traitant autant des répercussions graves sur les traumatismes familiaux dans les relations intergénérationnels, que proposant un regard puissant sur tout un pan des oubliés de l'Amérique (voire même les problèmes de drogues qui gangrènent toute cette population en marge des grandes cités); une péloche avec du coeur, de la force et de l'humanité.
Mais avec des si, on référait le monde, et surtout un nombre incalculable de films...
Jonathan Chevrier
Avec : Amy Adams, Glenn Close, Gabriel Basso, Haley Bennett,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
J.D. Vance, un ancien Marine originaire du sud de l’Ohio désormais étudiant en droit à Yale, est sur le point de décrocher le poste de ses rêves quand une affaire de famille l'oblige à retourner chez lui et à retrouver tout ce qu'il avait tant voulu quitter. J.D. doit alors gérer la dynamique complexe de sa famille des Appalaches, et son rapport explosif avec sa mère qui souffre d'addiction. Touché par les souvenirs de sa grand-mère, la femme résiliente et redoutablement intelligente qui l'a élevé, J.D. comprend que ses origines lui serviront à construire son avenir.
Critique :
Générique et peu empathique, #UneOdeAméricaine embrasse continuellement le chaos émotionnel et mélancolique d'une chanson country, sans jamais avoir les bonnes paroles pour la faire raisonner harmonieusement dans nos écoutilles... Reste un trio Close/Adams/Bennett qui en impose. pic.twitter.com/Vs8IL4yWHd
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 25, 2020
Dans une Amérique post-saison électorale 2016, qui commençait à gentiment réaliser l'impact de l'uppercut qu'elle venait de prendre dans la caboche avec l'élection (surprise ?) de Donald Trump, JD Vance catapultait dans les librairies Hillbilly Elegy: A Memoir of a Family and Culture in Crisis; des mémoires à l'ascendant politique très conservateur, qui confirmait avec fracas le réveil de tout un pan de l'Amérique profonde jusqu'alors plutôt silencieuse.
Pas à un hasard dès lors, de voir le film qui l'adapte pointer le bout de son nez pile poil quatre ans après, juste après la défaite du président sortant qui n'a fait que de renforcer la fracture intense séparant les habitants du pays de l'oncle Sam.
Sur le papier, rien de bien nouveau sous le sapin avec une ode à l'American Dream vu un nombre incalculable de fois auparavant, croqué comme un hymne au courage personnel et à la persévérance.
Évitant subtilement les jugements culturels plus radicaux et controversés de Vance (malgré quelques dialogues bien salés), Ron Howard, à la mise en scène plus académique et sans ambition que jamais, se recentre alors sur l'aspect familial de l'histoire, qui se distingue du tout commun uniquement par les performances incroyables - et chargées en jurons - de son trio de femmes Amy Adams, Haley Bennett et Glenn Close.
Copyright Lacey Terrell/NETFLIX |
Rugueux et voyeuriste - à tel point qu'il peine à provoquer une quelconque empathie -, le film semble continuellement embrasser le chaos émotionnel et mélancolique d'une chanson country, sans jamais avoir les bonnes paroles pour la faire raisonner harmonieusement dans nos écoutilles.
Axé sur deux temporalités bien distinctes de la vie de JD, sa vie adolescente (fin des 90's, époque ou sa mère romantico-impulsive Bev, devient dépendante aux opioïdes, et où sa grand-mère entre en jeu pour lui fournir la parentalité dont il a besoin) et sa vie d'adulte en temps qu'étudiant en droit (2011, ou lui et sa sœur aînée, Lindsay, font face à l'hospitalisation de leur mère a la suite d'une d'overdose d'héroïne), le film expose très vite les coutures de sa narration lourdes, un recit fait de cycles perpétuels, de ce qui se répète et se joue encore et encore, à travers les décennies et les générations, et la nécessité de les briser, même si l'effort que cela demande est immense (entre responsabilité familiale et ambition personnelle).
Coincé le cul entre les deux chaises de l'observation pointue et de l'accumulation crasse et facile de clichés (avec tous les éléments en son centre : addiction, maltraitance, négligence, père absent, un cadre - une ville de l'Ohio - bouffé par la pauvreté, désir d'évasion et de rédemption), accentué par une écriture assez grossière de ses personnages (zéro nuance et sans conflits internes, les femmes ne sont montrés que dans leurs échecs et ne semble de facto, jamais vraiment réelles); Une Ode Américaine récite de manière générique son histoire (avec une voix-off déclinant une pluie de catchphrases semblant tout droit sortie des broderies de nos mamies), et s'engage à suivre la voie d'une honnêteté désagréable sans pour autant arriver à susciter la moindre authenticité (les traumatismes de JD ne laisse jamais transparaître l'idée qu'ils ont façonnés l'homme qu'il est aujourd'hui), tant il semble toujours trop conscient de lui-même pour être totalement sincère.
Copyright Lacey Terrell/NETFLIX |
Reste alors à trouver de la justesse au seul endroit où elle réside : les performances de ses comédiennes, tant ni Close ni Adams ne rechignent à dépeindre la laideur de ces femmes, aussi choquante soit-elle, la ou Bennett se montre merveilleusement solaire (aussi forte que bienveillante envers les siens).
Deux femmes qui n'auront de cesse de se montrer pire que l'autre (grossières, violentes, impétueuses,...), même si Bev remporte la palme en tant que matriarche méchante et égoïste, qui n'hésite jamais à sacrifier les besoins de ses enfants (notamment pour son dernier petit ami en date), quand elle ne les attaque physiquement.
Des performances complexes dans une oeuvre rédemptrice frustrante qui en manque cruellement, voilà tout le paradoxe du dernier long d'un Ron Howard qui, même sur des films de commandes, s'était montré plus inspiré et moins sage.
Avec plus d'ambitions et une vraie envie de ne pas simplement se poser comme un témoin timide de son histoire, on aurait pu avoir droit à un grand drame sur l'impact indélébile d'une vie dans la pauvreté, traitant autant des répercussions graves sur les traumatismes familiaux dans les relations intergénérationnels, que proposant un regard puissant sur tout un pan des oubliés de l'Amérique (voire même les problèmes de drogues qui gangrènent toute cette population en marge des grandes cités); une péloche avec du coeur, de la force et de l'humanité.
Mais avec des si, on référait le monde, et surtout un nombre incalculable de films...
Jonathan Chevrier