[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #125. The Punisher
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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#125. The Punisher de Mark Goldblatt (1989)
Si le souvenir douloureux de l'adaptation gentiment raté de Jonathan Hensleigh daté de 2004, nous reste encore férocement en mémoire (malgré un Thomas Jane badass), gageons que le Punisher est l'un des seuls personnages made in Marvel, à l'instar du Tisseur, à avoir connu de multiples adaptations on ne peut plus regardable (le solide Punisher : War Zone de Lexi Alexander, avec un Ray Stevenson né pour le rôle) voire même hautement défendable (le show Netflix, avec un Jon Bernthal habité), même venant d'une époque où le genre super-héroïque était encore un peu regardé de haut... comme avec la version de 1989 signée Mark Goldblatt, qui emboîtait le pas de manière burnée, au Batman de Tim Burton, et vaut décemment mieux que son incompréhensible (et peu flatteuse) réputation.
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Un brin écorné par le naufrage critique - mais pas totalement public - du gentil nanar Les Maîtres de l'Univers du côté de la Cannon, ou il campe un Musclor crapahutant 90% du temps torse nu et de nuit, dans les parkings d'un patelin paumé de la Californie, Dolph Lundgren y trouve sans forcer son meilleur rôle, lui dont le jeu monolithique (machoire serrée, rictus inexpressif et regard véner comme jamais) et très physique (quand la castagne démarre, ses aptitudes martiales en fond un vrai dur), ne pouvait que coller à la perfection à l'odyssée vengeresse d'un Frank Castle qui n'a jamais autant aligné les corps qu'ici (125 victimes... rien que dans l'ouverture).
Impressionnant (dommage qu'il est juste rechigné à porter le costume iconique de l'anti-héros), il écrase l'écran de son charisme et crédibilise tout du long les actes vengeurs de Castle, ange de la mort troublé et troublant, qui prodigue la bonne parole aux mafieux à coups de chargeurs dans le buffet, et sans le moindre sentiment de culpabilité.
Il lui apporte même une nuance dramatique et désespérée salutaire, sans doute moins poignante que celle offerte par Bernthal un peu moins de trois décennies plus tard, qui le rend totalement indifférent et sans la moindre émotion, une âme endeuillée profondément inconsolable, qui n'erre que pour punir tout ce qui franchit les limites de la loi; un pur psychopathe (il est tiraillé par des voix intérieurs, qui lui martèlent sans cesse de rester debout et de mener à bien son odyssée destructrice), semblant tout droit sortie des dessins encrés d'une bande dessinée de Frank Miller.
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Goldblatt l'a totalement compris, et au-delà de quelques errances expérimentales pas toujours justifiées - ni même réussies -, il visse sa caméra tout du long sur son Castle, dans un actionner jouissif et musclé, à la violence non-sensique et totalement décomplexée, faisant fit de sa simplicité; l'important est ailleurs, dans sa manière de laisser parler la rage contenue de son anti-héros, dans des séquences sauvages n'édulcorant jamais sa personnalité, mais pointant habilement les limites entre la vengeance (qu'il a franchit depuis bien longtemps), et le massacre de masse.
Flanqué dans le milieu - résolument à la mode à la fin des 80's - des yakuzas (avec, assez rare pour le notifier, un vilain au féminin campé par la géniale Kim Miyori) et porté par un casting de seconds couteaux solide (Louis Gossett Jr en tête), The Punisher est une adaptation aussi réussie que mature, qui mériterait une réhabilitation immédiate, surtout à une heure ou le genre commence gentiment à se morfondre dans un conformisme plus qu'irritant.
Jonathan Chevrier