[CRITIQUE] : Guest of Honour
Réalisateur : Atom Egoyan
Acteurs : David Thewlis, Laysla De Oliveira, Luke Wilson,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Un père fait face à sa fille âgée d'une vingtaine d'années qui souhaite rester en prison pour une agression sexuelle qu'elle ne sait pas avoir commise. Leur relation va se compliquer lorsque le passé refait surface.
Critique :
Mélange désespérément confus et trouble entre le mélodrame familial et le thriller d'investigation, aussi captivant qu'il est férocement frustrant,#GuestOfHonour permet au jadis génial Atom Egoyan, d'opérer un retour en demi-teinte. Reste une partition impeccable de David Thewlis pic.twitter.com/oarGtGHghY— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 28, 2020
Sans jouer les mauvaises langues, après plus d'une péloche difficilement mémorable et défendable (le piteux Chloé et le très décevant The Devil's Knot, entre autres), nous étions de ceux pensant que le jadis talentueux Atom Egoyan avait les plus belles heures de sa filmographie derrière lui.
Sa difficulté à transcender son propos et sa (grande) peine à raconter avec un minimum d'intérêt ses histoires, en faisait indiscutablement un de ses cinéastes - pourtant talentueux -, coincés sur une pente tellement descendante qu'on ne les voyaient pas (ou plus) capable de la remonter et nous pondre une claque digne de ce nom dans un futur plus ou moins proche.
Pourtant, son double retour dans nos salles obscures en 2014 avec Captives puis Remember, avait tout d'un potentiel comeback en force, qui mettra finalement six ans à pleinement se concrétiser avec le thriller dramatique Guest of Honour.
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Ou une petite déception passée par la Dernière Mostra (et condamnée à une sortie en catimini sur les plateformes VOD, dans l'hexagone), qui laisse à nouveau entrevoir l'idée qu'il n'a toujours pas totalement retrouvé toute la pertinence de son propos, même en revenant au source de son cinéma (en s'inspirant de ses meilleurs essais).
Vaillant effort pour attiser à nouveau les braises de sa gloire passée, le film est un thriller élaboré et partiellement intriguant (au moins autant qu'il est un brin ennuyant) sur les péchés du passé et les dilemmes moraux du présent.
On y suit les aléas de Jim Davis (David Thewlis, parfait), un inspecteur de la santé dont l'attitude douce et sans sourire est indicative aussi bien d'un professionnalisme intense ou que dépression de plus en plus rampante.
Il virevolte entre les restaurants de Toronto, identifiant le moindre travers (un cheveu, un rat dans la cuisine etc), tout en réfléchissant aux crimes conséquents de sa fille Veronica, qui a atterri en prison après avoir (soi-disant) couché avec ses élèves.
Entre incompréhensions, chronologies qui s'enlacent et se tordent, Guest of Honour séduit autant qu'il frustre, laissant constamment apercevoir l'idée d'une longue et tendue chute psychologique voguant lentement mais sûrement vers un dévoilement scandaleux de la réalité... qui n'arrivera finalement jamais, puisqu'à l'heure où la grande révélation finale se produit, elle étonne et décontenance férocement son auditoire.
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Riche et intriguant tout autant qu'il est décevant tant il laisse constamment l'impression que son cinéaste s'est laissé emporté par son sujet - au point de ne pas le traiter avec tout l'égard qu'il le devrait -, mélange désespérément confus et trouble de mélodrame familial et de thriller d'investigation; le film vaut pourtant son pesant de popcorn pour la prestation impliquée de son casting choral, d'un Luke Wilson étonnant de sobriété à un David Thewlis formidable en homme pathétique mais digne.
Jonathan Chevrier