[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #59. Starman
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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#59. Starman de John Carpenter (1985)
Les années 80 furent décemment les plus belles années de la foisonnante carrière d'un roi Carpenter certes peu célébré en salles, mais dont la légende s'est forgée au forceps via des chefs-d'oeuvres indiscutables autant que par des films un brin plus mineurs, pas moins infiniment plus plaisant à suivre que la moyenne des péloches de l'époque.
Sans doute son essai le plus faible de la décennie - c'est dire le niveau de sa filmographie -, et clairement le film qui lui ressemble le moins (logique d'autant qu'il n'en a même pas signé une ligne du scénario), Starman n'en est pas moins un joli moment de cinéma fièrement ancré dans son époque, jouant pleinement de la hype " gentil envahisseur venu d'ailleurs ", initié par Spielberg dès la fin des 70's.
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Sorte de rencontre du troisième type au sex-appeal définitivement plus développé qu'E.T., la bande conte l'histoire d'un énième naufragé de l'espace qui bouscule le quotidien d'une jeune veuve, Jenny.
En effet, le dit extra-terrestre, attiré sur notre chère planète bleue par le message de paix de la sonde Voyager, a tout simplement prit l'apparence physique du mari défunt de la pauvre femme (on comprend le choc).
Mais comme toute arrivée venue d'ailleurs qui se respecte, l'extra-terrestre pacifiste sera poursuivi par l'armée et aura des agents du gouvernement à ses trousses et à celle de Jenny donc, qui l'accompagne dans une folle poursuite en avant, où l'humour (articulé autour des maladresses du Starman), l'amour et la tragédie vont se mêler avec une certaine délicatesse.
D'une sobriété exemplaire, pur road-movie haletant au coeur de paysages fantastiques, glissant lentement mais sûrement vers la romcom itinérante (à la révérence assumée au merveilleux New York - Miami de Frank Capra) sur la naissance et la renaissance du sentiment amoureux, Starman touche par son souci de constamment confronté sa science-fiction, clinquante et aux effets visuels plutôt solide pour l'époque (mais évidemment dépassés depuis), à un cadre férocement terrestre, entre une réalité tangible, des sentiments universels et une humanité palpable.
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Mieux, même s'il n'est pas le cinéaste le plus à l'aise avec le sentiment amoureux, Carpenter étonne par ses dispositions insoupçonnées mais évidemment non-conventionnelles (le pitch aidant grandement son anticonformisme à s'exprimer, même si l'on a connu des love story au point de départ bien plus déviant), dans sa mise en images d'une romance bouleversante, portée par les prestations sincères des magnétiques Jeff Bridges et Karen Allen.
Si tous les films mineurs de grands cinéastes pouvaient ressembler à cela...
Jonathan Chevrier