[CRITIQUE] : Astrid

Réalisatrice : Pernille Fischer Christensen
Acteurs : Alba August, Maria Bonnevie, Trine Dyrholm, Magnus Krepper,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Biopic, Drame
Nationalité : Danois, Suédois, Allemand
Durée : 2h03min

Synopsis :
En 1920, Astrid Lindgren a 16 ans et des rêves plein la tête.
Elle décroche un travail de secrétaire dans un journal local, tombe amoureuse de son patron, se retrouve fille-mère. Talentueuse et résiliente, libre et déterminée, elle inventera des héroïnes à son image, dans des romans qui la rendront célèbre.



Critique :

Malgré une envie bienveillante de rendre hommage à Astrid Lindgren, Pernille Fischer Christensen rate le coche et fait de son #Astrid un biopic classique et peu original. Reste la prestation exemplaire de Alba August, qui ne sauve malheureusement pas le film. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/rVpOY5BgH1

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 10, 2019

Les biopics féminins ont la côte en cette année 2019. Certains sont réussis, comme Une femme d'exception de Mimi Leder ou Marie Stuart, Reine d'Ecosse de Josie Rourke. D'autres un peu moins comme Colette de Wash Westmoreland, avec Keira Knightley. Ce genre cinématographique est un excellent moyen de présenter des femmes qui ont compté dans l'Histoire, mais dont on oublie de parler (trop souvent). C'est pourquoi la réalisatrice suédoise Pernille Fischer Christensen choisit pour son nouveau film de s'intéresser à une autrice, Astrid Lindgren. Son nom vous dit peut-être rien, pourtant ses personnages nous ont accompagné dans notre enfance, comme la célèbre rousse Fifi Brindacier.

La bonne idée du film Astrid se cache dans son ouverture et sa fin, qui rend hommage à l'autrice de la plus belle des façons. Une vieille femme est assise à son bureau et lit les centaines de lettres de remerciement et d'anniversaire de la part de ses admirateurs : des enfants. "Comment peux-tu écrire aussi bien sur les enfants alors que tu n'en es plus un depuis longtemps ?" lui demande-t-on. Il est vrai qu'à travers ses romans, Astrid a su capter avec légèreté et gravité ce passage si particulier et innocent de la vie. Grâce à des extraits de messages durant le métrage, tous plus adorables les uns d’admirateurs inspirés, le film passe un hommage attendrissant à cette femme qui su comprendre les enfants mieux que personne.

Malheureusement, nous ne pouvons retenir que cela en point positif. Le reste de Astrid s'enlise dans un film trop sage et convenu, et arrive même à ne jamais parler de son œuvre, un comble pour un biopic d'écrivain. Si la réalisatrice évite le biopic linéaire, qui raconte la vie du personnage de A à Z , nous avons l'impression que Christensen passe à côté de son sujet.

Astrid évoque la jeunesse de l'autrice dans les années 20 et comment à 16 ans elle a dû quitter d'un coup le monde de l'enfance pour tomber dans des responsabilités d'adultes qui la dépassent. Devenant la stagiaire du journaliste du village, Astrid Lindgren (encore Ericsson à ce moment là) s'éprend de son patron et entame une liaison adultère. La jeune fille débordante de vie doit quitter sa province suédoise seule, enceinte pour cacher son état. Elle ne reviendra pas vivre chez ses parents, apprend le métier de secrétaire et trouve un travail à Stockholm. Elle a abandonné son nouveau né à une nourrice au Danemark le temps que son amant régule sa situation. Elle apprend donc à vivre avec sa honte d'avoir laisser son fils.

La réalisatrice ne juge jamais son héroïne et pose un regard très tendre sur Astrid et sa famille. Pourtant, elle ne choisit jamais de mettre sa mise en scène au diapason de Astrid. La jeune femme est pleine de vie, fofolle et impulsive, mais le film ne transpire jamais sa façon d'être, préférant une sobriété qui ne sied pas au personnage. Il ne sera jamais question de son œuvre dans Astrid car le film s'arrête bien avant qu'elle commence la rédaction de son premier roman. La question que l'on peut se poser : quel est donc l'intérêt de faire un film sur une autrice célèbre, dont l'œuvre a suivi des millions d'enfants et choisir finalement de ne pas mettre son talent en avant ?

Malgré une envie bienveillante de rendre hommage à Astrid Lindgren, Pernille Fischer Christensen rate le coche et signe un biopic classique et peu original. Reste la prestation exemplaire de Alba August, qui ne sauve malheureusement pas le film.


Laura Enjolvy