[CRITIQUE] : Alita : Battle Angel
Réalisateur : Robert Rodriguez
Acteurs : Rosa Salazar, Christoph Waltz, Mahershala Ali, Jennifer Connelly, Ed Skrein,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Science-Fition, Action.
Nationalité : Américain, Argentin, Canadien.
Durée : 2h02min.
Synopsis :
Lorsqu’Alita se réveille sans aucun souvenir de qui elle est, dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est accueillie par Ido, un médecin qui comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme au passé extraordinaire. Ce n’est que lorsque les forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite qu’Alita découvre la clé de son passé - elle a des capacités de combat uniques, que ceux qui détiennent le pouvoir veulent absolument maîtriser. Si elle réussit à leur échapper, elle pourrait sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer.
Critique :
Blockbuster hybride, #AlitaBattleAngel réussit le pari casse-gueule d'incarner un divertissement popcorn généreux et spectaculaire pouvant se voir autant comme un petit bout de SF post-apo léché qu'un teen movie initiatique et romantique sur une ado en pleine quête identitaire pic.twitter.com/S4fC0t3Jgp— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 9 février 2019
Projet au long cours (15 ans de gestation), adaptation d'un manga culte (Gunnm de de Yukito Kishiro) voulu comme le premier pion d'une wannabe franchise, production étirée sur la longueur, budget (très) conséquent - 200M$ au minimum -, sortie repoussée de manière un tantinet abusive, campagne promotionnelle à la limite de la catastrophe industrielle, réalisateur qui avait laissé son mojo au Texas depuis la fin de la dernière décennie, un producteur enthousiaste mais accaparé par son dernier bébé plus qu'imposant (et dont le label certifié à la production, n'a plus du tout de crédibilité depuis Terminator Genysis),... Alita : Battle Angel cochait sans forcément le vouloir, toutes les cases d'une entreprise cinématographique vouée à l'échec, à tel point qu'on le condamnait volontiers avant même qu'il ne puisse venir se défendre dans des salles obscures où il n'était presque pas convié pour certains.
Un potentiel vilain petit canard... sur le papier seulement, parce qu'après vision, il est bien difficile de franchement taper sur le dernier long-métrage du " desperado " Robert Rodriguez, jamais aussi inspiré que lorsqu'il est acculé dans les cordes.
Blockbuster hybride et polymorphe étonnamment captivant, le film réussit le pari hautement casse-gueule, et à la limite de l'impossible (coucou Ethan), de plus ou moins contenter les fans de la première heure du manga en adaptant au mieux les planches de Kishiro sans trop dénaturer la nature et le coeur même du manga (logiquement et pour coller au sceau d'une proposition " populaire ", le film est bien moins sombre que le matériau d'origine), tout concoctant un divertissement popcorn généreux et spectaculaire pouvant se voir autant comme un petit bout de SF post-apocalyptique léché (les SFX sont somptueux) et un brin cyber-punk, qu'un teen movie initiatique, romantique et émancipatoire sur une adolescente en pleine quête identitaire (avec un vrai questionnement sur la nature profonde de l'humanité), avec en prime, une résonance métaphysique joliment fouillée et une brutalité dans l'action totalement assumée.
Purgé de tout lissage facile et putassier made in Hollywood, mué par une ambition et une densité improbable (Iron City est un , Alita : Battle Angel déjoue les maigres attentes ou plutôt les nombreuses (fausses) accusations qui lui avaient été faites avant vision, en proposant une expérience solide, politique (l'éternel lutte des classes, ici bien plus justement aborder que dans de nombreux blockbusters) et réellement attachante tant son héroïne torturée Alita (parfaite Rosa Salazar, dont l'investissement transpire à l'écran), même tout en circuit et en gros yeux globuleux - donc factice -, nous donne l'impression d'être furieusement humaine dans son aura et ses réactions, et donc infiniment empathique, comme avait su l'être l'Astro Boy d'Osamu Tezuka - la comparaison est obligatoire -, autre relecture manga des mythes de Pinocchio et Frankenstein.
Alors tant pis si le film accumule les références sans forcément savoir comment les digérer convenablement à l'écran (ça pille sans vergogne Metropolis, Rollerball, Robocop, Blade Runner... comme la manga au fond), si l'émotion peine à réellement transpercer nos petits coeurs de cinéphiles fragiles ou si de grosses longueurs se font souvent ressentir (clairement dans son premier tiers, avant de redresser la barre dans son long final pétaradant) : Alita : Battle Angel est une vraie proposition de cinéma généreuse et maitrisée, une dystopie d'une densité rare, qui nous catapulte dans un univers prenant et esthétiquement soigné où Robert Rodriguez revisse son chapeau d'honnête faiseur - on y croyait plus - pour emballer des scènes d'action lisibles et virevoltantes.
Un bon blockbuster qui dépote mais qui en a aussi dans la caboche et dans les tripes, on en demandait pas tant.
Jonathan Chevrier