[CRITIQUE] : Les Animaux Fantastiques
Réalisateur : David Yates
Acteurs : Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Colin Farrell, Alison Sudol, Dan Fogler, Ezra Miller, Samantha Morton, Jon Voigt,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Fantastique, Aventure.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 2h13min.
Synopsis :
New York, 1926. Le monde des sorciers est en grand danger. Une force mystérieuse sème le chaos dans les rues de la ville : la communauté des sorciers risque désormais d'être à la merci des Fidèles de Salem, groupuscule fanatique des Non-Maj’ (version américaine du "Moldu") déterminé à les anéantir. Quant au redoutable sorcier Gellert Grindelwald, après avoir fait des ravages en Europe, il a disparu… et demeure introuvable.
Ignorant tout de ce conflit qui couve, Norbert Dragonneau débarque à New York au terme d'un périple à travers le monde : il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques dont certaines sont dissimulées dans les recoins magiques de sa sacoche en cuir – en apparence – banale. Mais quand Jacob Kowalski, Non-Maj’ qui ne se doute de rien, libère accidentellement quelques créatures dans les rues de la ville, la catastrophe est imminente. Il s'agit d'une violation manifeste du Code International du Secret Magique dont se saisit l'ancienne Auror Tina Goldstein pour récupérer son poste d'enquêtrice. Et la situation s'aggrave encore lorsque Percival Graves, énigmatique directeur de la Sécurité du MACUSA (Congrès Magique des États-Unis d'Amérique), se met à soupçonner Norbert… et Tina.
Norbert, Tina et sa sœur Queenie, accompagnés de leur nouvel ami Non-Maj’ Jacob, unissent leurs forces pour retrouver les créatures disséminées dans la nature avant qu'il ne leur arrive malheur. Mais nos quatre héros involontaires, dorénavant considérés comme fugitifs, doivent surmonter des obstacles bien plus importants qu’ils n’ont jamais imaginé. Car ils s'apprêtent à affronter des forces des ténèbres qui risquent bien de déclencher une guerre entre les Non-Maj’ et le monde des sorciers.
Critique :
Pas sans (gros) défauts, #AnimauxFantastiques joue pleinement la carte de l'émerveillement. Beaucoup seront ensorcelés, d'autres moins— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 15 novembre 2016
Force est d'avouer que voir débarquer sur grand écran Les Animaux Fantastiques, première (et sûrement point la dernière) franchise spin-off à la saga Harry Potter, quatre ans après le merveilleux dernier opus, incarnait une nouvelle aussi bien enthousiamante que douteuse sur le papier.
Douteuse, car il est évident que l'appât du gain est ce qui a poussé la Warner, en panne de franchises racoleuses de billets vert (elle nous avait déjà fait le coup avec Le Hobbit...), a ressortir du placard la saga du sorcier binoclard, qui en dix ans s'est offert une place de choix dans la pop culture moderne.
Enthousiasmante, car il est impossible de ne pas se sentir un minimum nostalgique de l'univers magique qui aura peuplé les aventures d'Harry, Ron et Hermione.
Mais surtout, on imagine aisément que ce retour, adoubé par la reine mère J.K. Rowling qui sera scénariste sur les cinq films de cette nouvelle franchise, offre une possibilité énorme à cette dernière d'étoffer une mythologie déjà très riche; et ce même si l'oeuvre d'origine, livre mineur difficilement déclinable sur plusieurs péloches, inquiétait un brin quant au potentiel de la chose.
Cornaqué par David Yates, réalisateur sur la saga depuis l'Ordre du Phoenix - et qui tournera d'ailleurs tous les autres -, alors que le grand Alfonso Cuaron avait un temps été cité (Le Prisonnier d'Askaban est le meilleur HP, point à la ligne), Fantastic Beasts en v.o., s'attache donc à compter les aléas de Norbert Dragonneau, magizoologiste qui débarque dans le New-York de la fin des années 20 (1926), dans le but de remplir sa mallette de créatures magiques, animaux rares et en danger dans un monde de moldus où les sorciers se cachent par peur d'être découvert.
Mais à la suite de quelques maladresses, plusieurs des créatures capturées, certaines très dangereuses, sortent de sa mallette et mettent à mal la Grosse Pomme...
S'il y a bien une chose qu'il est impossible à retirer à ce premier Les Animaux Fantastiques, c'est la joie immense de pouvoir retrouver l'univers des sorciers sur grand écran, et encore plus au sein du cadre lui aussi magique, du N.Y des Années Folles.
Pari loin d'être aisé vu la fan base énorme d'Harry Potter, le film offre un changement de cadre et d'époque rafraîchissant à la saga, ouvrant une pluie de possibilités pour une J.K. Rowling pleinement consciente qu'elle a énormément à dire avec un terreau aussi fertile.
Bourré jusqu'à la gueule de clins d'oeil pour les amoureux de HP, familier sans vraiment l'être, charmant et plaisant sans pour autant atteindre le pouvoir ensorcelant de la saga mère, le film étonne par son ton plus mature et un poil plus sombre, au risque de larguer les fans d'origine.
Et même si l'empathie est moindre (on a vu grandir, et nous avons nous aussi grandi, avec Harry), le nouveau quatuor qu'incarne Norbert/Tina/Queenie/Jacob (le casting est impeccable, mention à Waterston et Redmayne, dont le jeu maniéré fait ici des merveilles) s'avère in fine très attachant et fonctionne admirablement bien, grâce à une caractérisation aussi fine que maline.
Idem pour les antagonistes, bien croqués, et dominé par le charismatique Colin Farrell (à qui les blockbusters ne vont pourtant pas des masses).
Sincèrement divertissant et inventif, répondant parfaitement à son statut de blockbuster familial accessible et plaisant à suivre (humour simplet et 3D inutile en prime), Les Animaux Fantastiques perd finalement de son impact dans la nature même de ce qu'il incarne aux yeux des cinéphiles : une origin story.
Si visuellement (les CGI sont excellents) et esthétiquement (de la reconstitution d'époque aux décors et costumes, tout est exemplaire), l'habitué David Yates rend une copie soignée à défaut d'être transcendante (imaginez Cuaron à la direction, un cinéaste avec une vraie personnalité, puis pleurez un brin...), le métrage, assez prévisible et sans véritable enjeu dans le fond, se perd dans sa volonté - logique - de s'imposer comme la première pierre solide d'un nouvel édifice référencé et facilement identifiable.
Opus d'introduction plus ou moins bien charpenté, il perd très vite toute l'originalité et l'innocence de son sujet en calquant son rendu sur le modèle super-héroïque (référence du moment niveau origin story), ton et contenu autant léger que prévisible, final bruyant et pétaradant - à la limite du destruction porn - à la clé (après les Avengers, N.Y prend encore une fois très cher...).
Un malus assez important (auquel on peut ajouter quelques longueurs discutables, des parallèles sociaux et politiques avec la société contemporaine pas assez creusés ou encore une thématique très semblable aux précédents films), qui ne nuit pourtant en rien à l'enthousiasme qui se dégage de ce Animaux Fantastiques premier du nom, qui joue pleinement la carte de l'émerveillement, et dont on attend la (prometteuse) suite avec une impatience non feinte, taraudé par la fameuse question (comme pour Le Hobbit) : est-ce que rallonger la trilogie en une franchise de cinq films, est une bonne ou une mauvaise idée ?
L'avenir nous le dira, même si on se fait déjà une bonne petite idée...
Jonathan Chevrier