[CRITIQUE] : Dernier Train pour Busan
Réalisateur : Yeon Sang-ho
Acteurs : Gong Yoo, Kim Soo-Ahn, Dong Seok-ma,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Sud-Coréen.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...
Critique :
Véritable roller coaster de sensations fortes à l'efficacité redoutable & jouissive,#DerniertrainpourBusan est LE grand blockbuster de l'été— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 16, 2016
Parole de cinéphiles endurcis, si l'on nous avait assuré que le meilleur blockbuster de l'été ciné 2016, nous viendrait du pourtant très riche cinéma sud-coréen, et incarnerait un zombie movie aussi furieux et férocement humain que le merveilleux 28 Jours Plus Tard du vénéré Danny Boyle; nous aurions certainement rit comme des cochons au visage de ce malheureux messager/hérétique (kill the messenger, right ?), sans se douter une seule seconde que sa prédiction puisse être un tant soit peu réaliste et véridique.
Et pourtant, au sein d'une saison estivale ou les quelques fulgurances artistiques (Le BGG - Le Bon Gros Géant, Peter et Eliott le Dragon et, dans une moindre mesure, Instinct de Survie - The Shallows et Dans Le Noir), peuvent se compter sur les doigts d'une main salement amputée, l'éclaircie cinéphilique se devait de venir que d'un cinéma engagé, et déjà auteur de deux des plus grosses claques mésestimées de ses dernières semaines, The Strangers de Na Hong-jin et Man on High Heels de Jang Jin.
Ayant tout autant culbuté la Croisette au moment de sa présentation (Hors Compétition, en séance de minuit), que The Strangers, Dernier Train pour Busan, premier long métrage live de Yeon Sang-ho - qui a bâti sa carrière dans l'animation -, se veut comme un zombie movie moderne qui s'il ne révolutionne pas (logiquement) le genre, n'en est pas moins une solide nouvelle pierre à son édifice, bien moins brinquebalant ces derniers temps (merci The Walking Dead), à la différence de la décennie précédente.
Fort d'un concept de série B simpliste mais jouissif (tiré de l'un de ses animes, Seoul Station), Train to Busan suit comment, partout en Corée du Sud, une horde de personnes infecté par un mal/virus inconnu, attaquent et dévorent leurs compatriotes dans un mouvement de panique sans précédent.
Jamais déstabilisé par sa trame rectiligne, Sang-ho s'attaque à une poignée d'usagers d'un train reliant Seoul à Busan (censé être la seule ville épargnée par l'épidémie), et eux-mêmes aux prises avec ces fameux zombies.
Pur blockbuster movie en puissance, volontairement spectaculaire et pop-corn, avec ses personnages archétypaux et son gout immodéré pour le fun, le film n'en est pas moins un divertissement estival méchamment calibré de bout en bout (on ne s'ennuie pas une seule seconde), qui parvient à surprendre - toujours dans le bon sens - un auditoire qui n'en demandait certainement pas tant.
Quasi huis clos mené tambour battant sur un tout petit peu moins de deux heures (le temps du trajet ferroviaire), assumant autant ses partis-pris - les bonnes idées narratives sont légion - que ses références multiples (les cinémas de Romero, Boyle et Emmerich en tête), pimentant ses nombreux moments de bravoure avec un humour justement dosé et une émotion parfois déchirante; Dernier Train pour Busan impressionne par sa maitrise (la réalisation de Yeon Song-ho est aussi assurée qu'épurée de tout artifice putassier, et sa direction d'acteurs est parfaite) et sa redoutable efficacité.
Tout autant au fond, que sa volonté de rendre hommage aux fondations du genre instauré par l'inestimable George Romero (les zombies usés comme outil contestataire) que celle de perpétuer la tradition frondeuse d'un cinéma sud-coréen brutal mais réaliste, avec un propos social féroce (l'image hargneuse des sociétés contemporaines, ou le grand Capital n'hésite pas à piétiner la classe ouvrière pour survivre, ou la mort du déjà bien agonisant " vivre ensemble ").
Politique, offensif, tétanisant et même mélodramatique - mais pas trop -, aussi tendu que jubilatoire et mémorable, le premier long du papa du génial The King of Pigs est un thriller catastrophe foutrement malin, audacieux et spectaculaire qui sonne toujours juste, qui excite la rétine et régale les sens; un roller coaster de sensations fortes en tout genre, comme devrait l'être tout divertissement estival qui se respecte.
Hollywood peut aller se rhabiller, cet été elle se sera fait surpasser et enterrer - pour être poli - sur son propre terrain, par une concurrence haute gamme...
Jonathan Chevrier