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[CRITIQUE] : Les Anarchistes


Réalisateur : Elie Wajeman
Acteurs : Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos, Swann Arlaud, Cédric Kahn,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min.

Synopsis :

Paris 1899. Le brigadier Jean Albertini, pauvre et orphelin, est choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Pour lui, c’est l’occasion de monter en grade. Mais, obligé de composer sans relâche, Jean est de plus en plus divisé. D’un côté, il livre les rapports de police à Gaspard, son supérieur, de l’autre, il développe pour le groupe des sentiments de plus en plus profonds.



Critique :



Autant l'avouer tout de suite, le deuxième long métrage signé Elie Wajeman (déjà passé par Cannes avec Aliyah) avait tout pour allécher les cinéphiles que nous sommes, et ce depuis sa présentation en ouverture sur la dernière Croisette Cannoise, de la section La Semaine de la Critique.
Il faut dire, tout film avec le génial Tahar Rahim en vedette a le mérite d'être vu, même quand celui-ci prends les atours d'une comédie familiale un poil bancal mais infiniment craquante (le surprenant Le Père Noël, il y a quasiment une pige).

Et encore plus quand on lui offre comme partenaire de jeu l'un des cinéastes les plus intéressants de ces dernières années dans l'hexagone - Cédric Kahn -, mais surtout la belle Adèle Exarchopoulos, révélation du Festival de Cannes elle aussi.


Mieux, plus qu'un simple casting au talent certain, Les Anarchistes proposait avant tout et surtout, un pitch des plus accrocheurs sur l'infiltration d'un flic/anti-héros au sein d'un groupe d'anarchistes dans un Paris prêt à basculer entre le XIXeme et le XXeme siècle; le tout prenant les atours d'une romance impossible entremêlés de manipulations et de trahisons.
Ambitieux, le second passage derrière la caméra de Wajeman l'est indiscutablement.
Le problème, c'est que dans son exécution la péloche semble totalement perdre toute l'essence qui faisait son intérêt (la reconstitution historique adoubé par un propos politique excitant et follement cinégénique) pour se corrompre dans un divertissement bavard et limité qui ne fait qu'envisager une flamme romanesque qu'il n'a jamais réellement la lucidité d'embrasser.

Les Anarchistes donc, ou l'histoire dans le Paris de 1899, du brigadier Jean Albertini, pauvre et orphelin, qui se voit choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes.
Pour lui, c’est l’occasion de monter en grade mais, obligé de composer sans relâche, Jean est de plus en plus divisé.
D’un côté, il livre les rapports de police à Gaspard, son supérieur, de l’autre, il développe pour le groupe des sentiments de plus en plus profonds...


Se voulant dans la droite lignée de Claude Sautet (Max et les Ferrailleurs) mais également James Gray, le second long d'Elie Wajeman divise - et divisera - plus qu'il ne conquis à sa cause les cinéphiles.

Quête identitaire façon épopée engagée au classicisme certain (la reconstitution est élégante et appliquée, la photographie est impeccable) au sein d'un mélange des genres pas toujours habile, Les Anarchistes déçoit aussi bien par son scénario sur-écrit et shooté aux poncifs qui survole son sujet (les nombreuses tirades peinent à convaincre, la caractérisation des personnages est réduits à des archétypes faciles) que par sa mise en scène manquant cruellement d'ampleur.

Dommage, car devant la caméra, Tahar Rahim offre une composition des plus solide tandis que la belle Adèle elle, électrise toujours son audience par la force d'un simple regard.
Mieux, même quelques seconds couteaux - Karim Leklou et Swann Arlaud en tête - parviennent à sortir leur épingle du jeu dans un balai de faux-semblants tendu mais malade.


Épuré et mélancolique mais follement ennuyeux et jamais vraiment passionnant (et ce n'est pas la romance contrariée entre Jean et Judith, molle au possible, qui changera la donne), Les Anarchistes s'avère beaucoup trop sage et fonctionnel pour pleinement convaincre.

On espérait une belle fresque romanesque comme le cinéma hexagonale en pond que trop rarement - voir même une série B bandante -, on a droit au final à une déception au moins équivalente à la valeur des talents impliqués dans sa conception.
Too bad...


Jonathan Chevrier