[CRITIQUE] : La prochaine fois je viserai le coeur
Réalisateur : Cédric Anger
Acteurs : Guillaume Canet, Ana Girardot, Jean-Yves Berteloot, Patrick Azam,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : 4 000 000 $
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Français.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
Pendant plusieurs mois, entre 1978 et 1979, les habitants de l’Oise se retrouvent plongés dans l’angoisse et la terreur : un maniaque sévit prenant pour cibles des jeunes femmes.
Après avoir tenté d’en renverser plusieurs au volant de sa voiture, il finit par blesser et tuer des auto-stoppeuses choisies au hasard. L’homme est partout et nulle part, échappant aux pièges des enquêteurs et aux barrages. Il en réchappe d’autant plus facilement qu’il est en réalité un jeune et timide gendarme qui mène une vie banale et sans histoires au sein de sa brigade. Gendarme modèle, il est chargé d’enquêter sur ses propres crimes jusqu’à ce que les cartes de son périple meurtrier lui échappent.
Critique :
#LaProchaineFoisjeviseraileCoeur ou un puissant polar captivant et déstabilisant porté par un Guillaume Canet touché par la grâce @MarsFilms
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 11, 2014
Si l'on peut, assez aisément, critiquer certains de ces choix de carrière un brin maladroit (Vidocq, Jappeloup, Jappeloup ou encore... Jappeloup), force est d'admettre que Guillaume Canet est, à l'instar de Romain Duris et Vincent Cassel, ni plus ni moins que l'un des acteurs les plus importants du cinéma hexagonal de ces vingt dernières années, doublé de l'un des cinéastes les plus séduisant à suivre.
Et si sa dernière réalisation en date, honteusement raillé lors de sa présentation sur l'avant dernière Croisette, le puissant Blood Ties, n'a pas convaincu son audience, le bonhomme nous est revenu méchamment en forme devant la caméra d'André Techiné cet été, dans le (très) bon L'Homme qu'on aimait trop aux côtés de Catherine Deneuve notamment.
Plus insaisissable que jamais, attendu dans le prochain film de Stephen Frears, Armstrong - ou il campera Michele Ferrari, le médecin du champion cycliste déchu -, Canet est surtout à l'affiche cette semaine de La Prochaine Fois je viserai le Cœur (titre magnifique soit dit en passant), troisième long métrage signé par l'un des scénaristes régulier de Techiné, Cédric Anger.
Ou une péloche inspirée de l'époque meurtrière d'Alain Lamare, le " Tueur de l'Oise " qui défraya la chronique et terrifia l'hexagone à la fin des années 70.
La Prochaine Fois je viserai le Cœur donc ou l'histoire vraie des habitants de l'Oise qui pendant plusieurs mois, entre 1978 et 1979, se retrouvent plongés dans l'angoisse et la terreur, la faute à un maniaque, Frank qui sévit dans la région, prenant pour cibles des jeunes femmes.
Après avoir tenté d'en renverser plusieurs au volant de sa voiture, il finit par blesser et tuer des auto-stoppeuses choisies au hasard.
L'homme est partout et nulle part, échappant aux pièges des enquêteurs et aux barrages.
Il en réchappe d'autant plus facilement qu'il est en réalité un jeune et timide gendarme qui mène une vie banale et sans histoire au sein de sa brigade.
Gendarme modèle, il est chargé d'enquêter sur ses propres crimes jusqu'à ce que les cartes de son périple meurtrier lui échappe...
Se réinventer pour mieux avancer et surprendre, voilà comment on peut caractériser le nouveau virage prit par Guillaume Canet, acteur/cinéaste au visage de gendre modèle qui peut à peut, semble se distancer de cette étiquette un peu facile que le cinéma lui a collé sur le dos depuis sa prestation " blockbusterisé " dans La Plage de Danny Boyle.
Merveilleux d'arrogance et de mystère dans la peau du séducteur ambitieux/suspect idéal Maurice Agnelet chez Techiné cet été, le papa des Petits Mouchoirs monte clairement d'un cran et démontre une nouvelle fois son penchant pour les prises de risques ambitieuses avec le film de Cédric Anger, ou il trouve ni plus ni moins que l'un de ses meilleurs rôles.
Porté par une fébrilité et une colère fiévreuse, il est tout simplement méconnaissable d’ambiguïté dans la peau fascinante de Franck, personnage incroyablement opaque, banale et sans grandes qualités, dont la furie meurtrière n'est jamais réellement justifié tant le bonhomme ne prend jamais ou presque, de plaisir à ôter la vie de jeunes femmes complétement sans défense face à la violence sourde et douloureuse dont il fait preuve.
Une plongée sombre et terrifiante dans l'inconnu - voir même l'incompréhensible - à l'ambiance proprement immersive (le film est joliment documenté, et quelques détails par-ci, par-là, jamais trop écrasant, nous rappelle bien l'époque dans laquelle les événements se situent), bien loin d'un Henry : Portrait d'un Serial Killer du pauvre et sauce frenchy redouté, La Prochaine Fois je viserai le Cœur est un thriller noir, froid et maitrisé incroyablement captivant et déstabilisant à la fois, d'une tension constante.
Via une mise en scène des plus inspirés, Anger offre une retranscription honnête et pleine de vigueur d'un faits divers effarant, et épouse les moindres faits et gestes de son acteur vedette, à la palette de jeu impressionnante et nuancée, qui rendrait presque empathique un personnage qui nous pousse pourtant à un profond rejet.
On en sort troublé et joliment conquis, par une performance que l'on voit déjà récompensée par une nomination aux prochains Césars (comme celle tout aussi investie, de Romain Duris dans Une Meilleure Amie), et une péloche qui apporte une nouvelle preuve - si besoin était - que le cinéma français ne s'est jamais aussi bien porté que durant le dernier tiers de cette année 2014...
Jonathan Chevrier