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[CRITIQUE] : Fury


Réalisateur : David Ayer
Acteurs : Brad Pitt, Logan Lerman, Shia LaBeouf, Jon Bernthal, Michael Pena, Jason Isaacs, Scott Eastwood,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : 80 000 000 $
Genre : Guerre, Drame, Historique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h14min.

Synopsis :
Avril 1945. Les Alliés mènent leur ultime offensive en Europe. À bord d’un tank Sherman, le sergent Wardaddy et ses quatre hommes s’engagent dans une mission à très haut risque bien au-delà des lignes ennemies. Face à un adversaire dont le nombre et la puissance de feu les dépassent, Wardaddy et son équipage vont devoir tout tenter pour frapper l’Allemagne nazie en plein cœur…


Critique :

David Ayer ou pour tout cinéphile un minimum avertit, un nom synonyme de qualité indéniable, d'assurance de passer un pur moment de cinéma burné et nerveux comme tout fana des péloches décomplexés de l'époque bénit des 80's en raffole.

Le genre de cinéaste amis de la famille quoi, qui a su cracher toute sa rage avec habileté du bout de sa plume, depuis le début des années 2000.
En l'espace d'une décennie, il aura su balancer à la face des spectateurs ni plus ni moins que les plus réalistes et nerveux cop movie made in Hollywood, de Fast and Furious à Training Day en passant par S.W.A.T., Dark Blue, tout en se payant le luxe d'en tourner certains : Street Kings, Bad Times ou encore End of Watch.

Un bonhomme qui en a dans la tête mais surtout dans le froc donc, un cinéaste porteur d'une vision aux vraies allures de bol d'air frais dans un cinéma ricain ultra-balisé qui en manque cruellement depuis un bon bout de temps.

Quoi de plus normal donc que l'on attende avec une furieuse impatience la vision de son sixième long, Fury justement, ou sa vision - logiquement unique - de la Seconde Guerre Mondiale, pour laquelle il délaisse ses adorés flics de L.A. pour leur préférer des bidasses US plus vrais que nature, avec comme chef de clan l'inestimable Brad Pitt.


Pitt + Ayer, une association qui sur le papier, ferait bander même un octogénaire sans viagra, et quand on pense un minimum au reste du casting - Logan " Percy Jackson " Loman, Michael Pena, Jon " Fucking " Bernthal et Shia " To Crazy " LaBeouf -, on se dit que cette épopée guerrière au sein d'un tank Sherman, à tout pour faire oublier aux amateurs de séries B que nous sommes, la grosse déception que fut le testostéroné mais foutrement bancal Sabotage, avec tonton Schwarzenegger.

Qu'on se le dise, tout cinéastes de talent acquiert souvent ses lettres de noblesses une fois qu'il a tâté du genre - très sérieux - du film de guerre, Spielberg, Kubrick ou encore Eastwood s'y étant même essayer plus d'une fois, avec succès.
Flanqué de la logique mention du " inspiré de faits réels " et du lourd handicap qui ampute toute production prenant pour terrain de jeu la WWII - on a quasiment tout vu et tout lu dessus -, Ayer va pourtant faire de son Fury une oeuvre à part, unique puisqu'elle suit les affres de la guerre sous l'angle d'un tank, et du bataillon qui le peuple.

Profondément personnel, Fury retrace le parcours initiatique d'un bleu, Norman Ellison, dactylographe propulsé du jour au lendemain au sein d'un tank monstrueux nommé Fury, qui résiste tant bien que mal aux atrocités de la guerre, et peuplé d'une famille de soldat faisant corps et âme avec leur machine, et mené d'une main de fer par le sergent Don Collier.

Dîte famille qui vient justement de perdre l'un des leurs, difficile donc de les voir sauter de joie face à l'annonce de la greffe d'un nouveau qu'ils ne connaissent ni d'Adam ni d'Eve, et qui lui-même, ne connait pas réellement les conditions extrêmes que vivent ses hommes en première ligne sur le front, puisqu'il est fraichement débarqué dans l'armée.


C'est la fin de la guerre, et si les nazis sont au plus bas, les soldats américains eux, ne sont pas au mieux pour autant, fatigués, désabusés, d’où la nécessité d'injecter du sang frais dans les troupes, et Norman est de ses hommes " sacrifiables ", " sacrifiés " pour le bien de la victoire du Bien justement, contre le Mal.
Mais peu à peu, face à une violence qui remet constamment en jeu ses croyances et son identité (le meurtre, impensable pour lui avant qu'il ne soit pousser à le commettre), il se laissera porter par un instinct de survie insoupconné, et fusionnera avec ses nouveaux compagnons d'infortunes, et leur machine à tuer tout droit sortie de l'enfer.

" C'était pas ma guerre " qui disait le John Rambo, et la troupe du Wardaddy pourrait décemment en dire de même, elle qui avec un tank nettement plus inférieurs à ceux des nazies, et un nombre de soldats proprement ridicule (cinq), est envoyé en plein cœur des lignes ennemies pour asséner le coup fatal qui mettra définitivement chaos l'Allemagne.

Méchamment documenté et captant avec vérité la dureté de la guerre, son impact psychologique et ses répercutions sur les enjeux humains, Ayer va tirer de son unité de lieu limitée et confinée (un char d'assaut) et de son unité de temps qui l'est tout autant - à peine vingt-quatre heures -, toute l'essence même de ce que doit dégager toute péloche de guerre qui se respecte : une ambiance sombre, morose et anxiogène, une violence frontale et non édulcorée, une reconstitution sobre et fidèle mais surtout une pluie de personnages attachants et finement croqués, qui force tout du long le spectateur à vibrer pour et avec eux.

Efficace, rude, intense et sérieux, bourré jusqu'à la gueule de scènes impressionnantes, magnifié par un script fouillée, à la structure maline ainsi que par une mise en scène tranchante et redoutable (sans oublier la superbe photo de Roman Vasyanov et la subtile musique de Steven Price), Fury vaut surtout son pesant de popcorn pour la prestation hors norme de son casting vedette, en tout point exceptionnel.


D'un Logan Lerman excellent en jeunot confronté à la dure réalité du combat à un Jon Bernthal tout simplement excellent dans la peau d'un Coon-Ass sanguin et à fleur de peau, sans oublier un Shia LaBeouf époustouflant (et investit comme jamais) en Bible, croyant jusqu'au bout des ongles et un brin manipulateur et un Michael Pena toujours aussi sympathique en Gordo, le pilote du tank; tous gravitent à la perfection autour d'un Brad Pitt des grands jours, encore une fois dément devant la caméra d'un cinéaste à même de capter toute la puissance de son charisme et de son talent.

Dans la peau complexe de Wardaddy, confronté aussi bien à la cruauté de l'ennemi qu'aux tempéraments de feu de sa famille de guerre - au point qu'il doit constamment asseoir son autorité -, il est d'une justesse incroyable, son jeu tout en nuances captant avec minutie toutes les facettes et émotions du personnage.

Alors tant pis si le film enquille quelques incohérences et clichés faciles, tant pis si il pue le patriotisme à plein nez (rares sont les blockbusters ricains à ne pas faire de même) et que son rythme parait parfois en dent de scie - 2h15 de métrage qui passe pourtant à la vitesse d'un obus -, Fury est de ses péloches dont l'histoire et le témoignage qu'elle incarne, sont follement pertinents et font savoureusement mal, un divertissement tendu et barbare hautement jouissif, au réalisme et à l'authenticité remarquable.


L'un des meilleurs films historique et de guerre de ces dernières années (avec le formidable diptyque Mémoires de Nos Pères/Lettres d'Iwo Jiwa signé Clint Eastwood), et décemment le meilleur long de la filmographie burnée de David Ayer.

On en espérait beaucoup, et à la différence de Sabotage, le bonhomme a ici répondu présent sur tous les points.

Vivement Suicide Squad donc...


Jonathan Chevrier


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