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[CRITIQUE] : Zero Theorem


Réalisateur : Terry Gilliam
Acteurs : Christoph Waltz, Mélanie Laurent, Matt Damon, David Thewlis, Tilda Swinton, Peter Stormare, Luke Hedges,...
Distributeur : Wild Side/ Le Pacte
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Drame.
Nationalité : Américain, Britannique et Roumain.
Durée : 1h46min.

Synopsis :
Londres, dans un avenir proche. Les avancées technologiques ont placé le monde sous la surveillance d’une autorité invisible et toute-puissante : Management. Qohen Leth, génie de l’informatique, vit en reclus dans une chapelle abandonnée où il attend désespérément l’appel téléphonique qui lui apportera les réponses à toutes les questions qu’il se pose. Management le fait travailler sur un projet secret visant à décrypter le but de l’Existence – ou son absence de finalité – une bonne fois pour toutes. La solitude de Qohen est interrompue par les visites des émissaires de Management : Bob, le fils prodige de Management et Bainsley, une jeune femme mystérieuse qui tente de le séduire. Malgré toute sa science, ce n’est que lorsqu’il aura éprouvé la force du sentiment amoureux et du désir que Qohen pourra enfin comprendre le sens de la vie...


Critique :

On le sait et cela ne fait difficilement aucun doute, depuis la débâcle (et le mot est malheureusement trop faible) Don Quichotte - que le bonhomme n'a d'ailleurs toujours pas abandonné puisque le projet à été remis en route il y a peu -, le génial Terry Gilliam n'est plus que l'ombre de lui-même, et sa filmographie en pâti énormément.

Passé d'oeuvres infiniment cultes (tous les Monty Python, Brazil, Les Aventures du Baron de Munchausen, Fisher King, L'Armée des Douze Singes ou encore Las Vegas Parano) à une quête interminable pour retrouver son mojo, parsemée de films de commandes (le bousillé Frères Grimm), d'erreurs de parcours (le trop bavard Tideland) et de trop peu de fulgurances notables et abouties (aussi fou que cela puisse paraitre, le bancal Imaginarium du Docteur Parnassus reste pourtant son essai le plus réussi depuis) pour vraiment convaincre les cinéphiles les plus sceptiques, les années 2000 ont été rude pour ce bon vieux Terry, très rude.

A tel point qu'on se demande même si les années 2010 ne se calqueront pas très vite sur elle, vu le quotidien professionnel mouvementé du cinéaste.


Mais qu'on se le dise, le metteur en scène maudit le plus attachant du septième art contemporain a toujours plus d'un tour dans son sac pour créer - plus ou moins - l'événement en salles, et cette année, il nous revient donc avec Zero Theorem, projet de longue haleine basé sur une nouvelle de Pat Rushin, pour lequel il convoque un casting aux petits oignons : les habitués Matt Damon et Peter Stormare, David Thewlis, Lucas Hedge ainsi que les petits nouveaux en la jolie personne de la frenchy Mélanie Thierry, mais surtout l'inestimable Christoph Waltz, qui joue d'ailleurs ici le rôle principal.

Ou celui de Qohen Leth, génie de l’informatique, vit en reclus dans une chapelle abandonnée où il attend désespérément l’appel téléphonique qui lui apportera les réponses à toutes les questions qu’il se pose.
Dans un Londres futuriste, les avancées technologiques ont placé le monde sous la surveillance d’une autorité invisible et toute-puissante appelée Management.

Celui-ci le fait justement, travailler sur un projet secret visant à décrypter le but de l’Existence – ou son absence de finalité – une bonne fois pour toutes.
La solitude de Qohen se verra vite interrompue par les visites des émissaires de Management : Bob, le fils prodige de Management et Bainsley, sa jolie voisine call girl un brin mystérieuse, qui tentera de le séduire.

Et malgré toute sa science, ce n’est que lorsqu’il aura éprouvé la force du sentiment amoureux et du désir que Qohen pourra enfin comprendre le sens de la vie...


De retour avec une pure péloche SF, Gilliam plus ou moins concerné, se rapproche enfin de la marginalité et de la paranoïa ambiante de ses chefs d’œuvres du passé tout en offrant avec ce Zero Theorem, un prolongement thématique logique à son immense et Kafkaïen Brazil, pile poil trente ans après sa mise en boite.

Tout comme lui - sans pour autant en avoir ni la puissance esthétique ni la force subversive -, il incarne une parabole délirante et d'une grande acuité sur la société d'aujourd'hui, dominé par une hiérarchie omnisciente, invisible et autoritaire, par le biais de nouvelles technologies dans lequel l'homme archi-consumériste trouve du réconfort, aussi bien dans le réel que dans le virtuel.

Un Brazil 2.0 sauce Her de Spike Jonze - pour la love-story virtuelle -, et réactualisé sous fond de réflexion sur le pouvoir d’aliénation de la société, son totalitarisme masqué, la place de l'imaginaire dans l'existence de tous les jours,  la virtualisation et la finalité de la vie, le tout sous fond d'une dinguerie indéniable, d'un humour follement absurde (et pince sans rire) et d'un visuel aussi foisonnant que le verbal de ses protagonistes.
Bref, de quoi satisfaire n'importe quel cinéphile amoureux du bonhomme, si son nouvel essai ne paraissait pas in fine, hautement laborieux et caractérisé par un manque d'ambition assez globale.

D'un point de vue visuel tout d'abord, ses origines modestes étant méchamment balancées face caméra (on le sait que le Terry n'a que très rarement des budgets conséquents, pas besoin de le rappeler à tous les plans), que ce soit via des effets spéciaux malingres ou des décors du pauvre assez moches, mais surtout du point de vue de son propos, manquant de pertinence, de conviction et paraissant même cruellement démodé, la faute également, à un scénario qui même si il comporte son ADN, est bourré jusqu'à la gueule de tout et n'importe quoi, et part très (trop) souvent dans tous les sens au point qu'il est difficile d'éprouver de l'empathie ou de l'attachement pour l'outrancier Qohen.


Un bien beau bordel exubérante aux métaphores existentielles, métaphysiques et philosophiques, pas toujours compréhensible et légitimé mais cohérent puisqu'on se retrouve chez Gilliam, qui nous lâche quelques plans à tomber, une couleur criarde à souhait, quelques gags référencés faisant joliment mouche et une magnifique direction d'acteurs, histoire de maintenir l'illusion tout du long.

Outre des seconds couteaux de génies -Tilda Swinton succulente en psy online hystérique et le trop rare David Thewlis en tête -, Zero Theorem vaut donc clairement pour les performances impliqués de l'inestimable Christoph Waltz, extraordinaire en Mr Propre paranoïaque et obsessionnelle au possible, mais surtout de la sublime Mélanie Thierry, véritable atout de charme de la péloche, et ce dans tous les sens du terme.

Que ce soit physiquement - dans une tenue d'infirmière affriolante qui fera sacrément son effet chez la gente masculine -, ou émotionnellement - via la fragilité de ses liens avec Qohen -, la belle française impressionne dans la peau d'une de ses femmes/enfants chères au cinéaste.


L'amour plus fort que tout, au point de chambouler toutes nos croyances et de nous sauver de la déshumanisation ?
Voyage initiatique hybride à la fois lourd et fascinant, certains verront en lui de l'auto-plagiat peu inspiré et limite facile et fainéant, d'autres un retour aux sources pas complétement maitrisé mais qui laisse de bon espoir pour la suite.

Dans tous les cas le nouveau Terry Gilliam qui laisse sur sa faim vu le talent immense du bonhomme (sans pour autant incarner sa plus mauvaise péloche), va méchamment faire parler de lui.

Et dans un certain sens, c'est l'essentiel non ?


Jonathan Chevrier


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