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[CRITIQUE] : Amour sur Place ou à Emporter


Réalisateur : Amelle Chahbi
Acteurs : Amelle Chahbi, Noom Diawara, Aude Pepin, Pablo Pauly,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min.

Synopsis :

Amelle et Noom sont deux jeunes trentenaires que tout oppose et que le destin va réunir. ELLE sérieuse, manager au Starbucks, dynamique et LUI en dilettante, malin, et apprenti comique.
Tous deux victimes de déceptions amoureuses, ils ont juré qu'on ne les y prendra plus.
Alors comment faire quand malgré tout ces contraires s'attirent ? Un jeu de séduction se met alors en place pour notre plus grand bonheur. Mais tout n'est pas si rose, les familles, les amis, les collègues s'en mêlent, les guerres sont déclarées, les brouilles explosent.
Pris entre les racines de leur éducation et le feu de leurs sentiments, quel camp vont-ils choisir ? L’amour triomphera-t-il ? Une chose est sure, ils nous feront passer un bon moment de franche rigolade et d'émotions...


Critique :

On ne peut qu'être heureux d'affirmer que la comédie française va très bien en 2014, des Trois Frères le retour à Babysitting, en passant par Les Crocodiles du Botswanga, sans oublier Situation Amoureuse : C'est compliqué, Libre et Assoupi ou encore Les Gazelles, c'est simple, on a rarement autant rit dans les salles obscures avec des comédies hexagonales, depuis des années.

Mieux, les succès monstrueux de Supercondriaque et - enfin, surtout - Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu (pas les meilleurs du cru, mais bon...) on même sacrément relancer la distribution francophone face à l’écrasante suprématie ricaine.

Un élan positif que s'engage à perpétuer Amour sur Place ou à Emporter, adaptation de la sympathique pièce éponyme mise en scène par Fabrice Eboué, avec Amelle Chahbi et Noom Diawara qui se retrouvent justement en tête d'affiche de cette version cinéma, avec la première derrière la caméra pour la première fois.


Soit la continuité en quelque sorte, du cinéma de la famille du Jamel Comedy Club (Diawara, Chahbi et Eboué font partis des premiers piliers du collectif), initié par les excellents Case Départ et Les Crocodiles du Botswanga.

Si la pièce originale, pas hilarante mais franchement drôle, avait su conquérir son public au fil du temps, difficile de ne pas admettre que son passage sur grand écran laissait un poil songeur, tant la pièce en elle-même, ne s'appuyait dans le fond que sur un enchainement plutôt réussi il est vrai, de vannes plus ou mois raciales sur le thème de la mixité ethnique, thème justement central du carton improbable de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu...

Amour sur Place ou à Emporter
donc, ou l'histoire d'Amelle et Noom, deux jeunes trentenaires que tout oppose et que le destin va finalement réunir, pour le meilleur et pour le pire.
Elle est sérieuse, manager au Starbucks, dynamique, responsable et lui en dilettante et plutôt malin dans la vie de tous les jours - même si il vit encore chez ses parents -, se veut apprenti comique.
Tous deux victimes de déceptions amoureuses, ils ont juré qu’on ne les y prendra plus, mais l'amour a ses raisons que la raison elle-même ignore, et un jeu de séduction va se mettre en place entre les deux tourtereaux, au point même que les familles, les amis, les collègues respectifs, s’en mêlent.

Entre deux guerres qui explosent constamment vu leur caractère (très) différents, quel camp vont-ils choisir, celui de l'amour malgré la différence des racines de leur éducation, ou celui de la résignation malgré le feu de leurs sentiments ?


Sorti un poil en retard après l'excellent Situation Amoureuse : C'est Compliqué et surtout derrière le raz de marrée Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu - dans lequel se trouvait déjà Noom Diawara -, le film d'Amelle Chahbi jouant sur les deux tableaux de la comédie romantique mais également de la mise en avant la mixité sociale qui caractérise la jeunesse actuelle, se voit donc instinctivement comparé à ses deux ainés, et inutile de dire que celle-ci ne lui sied guère tant la péloche n'a ni le capital sympathie et générationnelle du premier, et encore moins la finesse d'écriture (oui) du second.

S'attachant comme Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, a démonté les clichés des racistes d'une génération antérieur (les parents quoi) bien moins tolérante en ce qui concerne la question du métissage, pour en montrer leur infini bêtise, le film ne s'apparente pourtant in fine qu'à une accumulation de sketchs axés sur une dynamique de vannes qui si ils ne font pas toujours mouche (cf la scène de la pilule), confère cependant son petit lot de rire.

Une déception pourtant attachante mais tronqué par un rythme en dent de scie, un coup de pub maladroit (merci pour Starbuck) mais surtout à un manque cruelle de consistance là ou il aurait pu devenir une comédie communautaire référence, à l'instar de l'excellent Les Kaïra.

Référencé, profondément contemporain aussi bien dans son propos (une société française qui se résume aujourd'hui à l'instantané, soit on consomme aussi vite que l'on jette) que dans ses dialogues - ce qui pourrait rebuter les spectateurs les moins jeunes -, n'exploitant pas complétement certaines de ses situations pourtant très intéressantes (le concept de la frustration sexuelle de l'homme face à l'attente de conclure notamment) et méchamment amputé par une dernière partie abracadabrantesque et convenu, ainsi que par une mise en scène ne crève pas forcément (mais alors pas du tout) le plafond, le métrage a beau être une comédie sur la France mixte rafraichissante, elle perd tout son intérêt par sa prévisibilité et son schéma humoristique anodin.


Heureusement, le duo plein de fraicheur et pétillant campé par Chahbi - moins bancale devant que derrière la caméra - et Diawara - véritable star montante à suivre de la comédie française -, entouré de seconds couteaux plutôt sympas, sauve le tout du naufrage.

Ou quand transposition d'une bonne pièce aux excellentes vannes de la scène sur grand écran, ne veut pas forcément dire film aboutie et réussi pour autant...


Jonathan Chevrier


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