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[CRITIQUE] : Fiston


Réalisateur : Pascal Bourdiaux
Acteurs : Franck Dubosc, Kev Adams, Valérie Benguigui, Nora Arnezeder,...
Distributeur : SND
Budget : 7 466 244 €
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h58min.

Synopsis :
Depuis qu’il a 7 ans, Alex n’a qu’une obsession : séduire Sandra Valenti, la plus jolie fille d’Aix en Provence et, à ses yeux, la plus jolie fille du monde. Aujourd’hui, il lui faut un plan infaillible pour pouvoir enfin l’aborder. Il décide de s'adjoindre les services d'Antoine Chamoine qui presque 20 ans auparavant, a séduit Monica, la mère de Sandra.


Critique :

Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, qu'on le trouve drôle ou à la limite du pitoyable, force est d'admettre qu'aujourd'hui, le nom de Kev Adams est foutrement vendeur.

Il cartonne à la fois sur le petit écran (Soda), sur le grand (son premier film, Les Profs, est le plus gros carton ciné français de l'an dernier) et même sur scène, et inutile de dire que lorsque l'on vient, comme moi, de la génération précédente, glorifié par Jamel, Michael Youn, et les duos Eric et Ramzy et Omar et Fred, logiquement on est très vite dépassé par le succès du bonhomme.

Mais il faut vivre avec son temps comme on dit, et tant pis si on ne comprend pas vraiment ce qui fait vibrer les jeunes dans l'humour aujourd'hui...

Tant pis, parce que parti comme c'est parti, il va vite falloir s'y faire à sa grosse bouille et ses cheveux faussement en pétard, car pour son second long seulement, le Kev se paye déjà un premier rôle et pas des moindres (il prépare donc, petit à petit, l'après Soda), puisqu'il partage la vedette avec ni plus ni moins que Franck Dubosc, l'un des portes étendards les plus populaires de la comédie française sur grand écran.


Autant dire donc, que ce Fiston sentait de prime abord, la grosse réunion bankable - et ce, même si le Frank n'a pas connu de gros succès ces derniers temps, à part Les Seigneurs -, surtout que, gros hasard du calendrier, la première semaine de sortie du film est calée sur les trois jours du printemps du cinéma 2014, autant dire que les producteurs ont savamment orchestré leur coup de poker...

Mais catalogué la seconde péloche de Pascal Bourdiaux (le sympathique Le Mac) de simple coup marketing serait foutrement injuste il est vrai, car si le métrage joue clairement sur son affiche pour racoler le spectateur, il n'en a pas moins dans les tripes pour proposer un bon moment de cinéma référencé pour ados - mais pas que -, comme on n'en voit que trop peu dans nos salles obscures hexagonales.

Fiston donc, ou l'histoire pas forcément attirante sur le papier, d'Alex qui depuis l'âge de sept ans, ne désire qu'une chose : séduire Sandra Valenti, la plus jolie fille d’Aix en Provence et, à ses yeux, la plus jolie fille du monde.
Plus qu'un désir même, c'est une véritable obsession, mais c'est un peu peine perdu car c'est une sorte de loser qui a pour seul vie social, une mère un peu barrée - elle lui parle de cul pour le décoincer - mais aimante.

Mais pour l'aborder et enfin arriver à ses fins, le bonhomme a un plan infaillible : s’adjoindre les services d’Antoine Chamoine, ex-séducteur et ex-écrivain accro à la bière, qui presque 20 ans auparavant, a séduit Monica, la mère de Sandra...


Malin sans forcément péter dans la dentelle de l'originalité, plaisant et drôle sans pour autant provoquer l'hilarité générale, le film de Bourdiaux réussit intelligemment là ou toutes les comédies pour ados made in France (on pense aux récents Lol et Les Profs) se sont salement ratatiner la tronche, à savoir proposer un divertissement avec un fond mais surtout une véritable identité, calquer certes sur les teen movies ricains, mais dont l'émotion elle, est solidement sincère.

En effet, dans ce choc générationnel, si la pile électrique Kev Adams amuse plus ou moins dans la peau de l'ado gaffeur/amoureux qui est capable de tout pour séduire sa belle, c'est surtout la prestation tout en retenue d'un Franck Dubosc inédit, qui attire l'attention et capitalise toute l'aura qualitative de la bande.
Sorte de Don Juan bucheron à col roulé et ayant perdu toute sa joie de vivre au fil des années, le bonhomme est d'un humour et d'une sobriété étonnante et offre une épaisseur non négligeable à un personnage broyé par la solitude.

Grâce au personnage d'Alex, il retrouve une seconde jeunesse, et les deux vont tisser un lien fort, le plus jeune sortant le plus vieux de sa solitude, tandis qu'en monnaie d'échange, celui-ci incarne la figure paternelle qu'il n'a jamais eu.
De tout son long, Fiston s'amuse et touche par cette quête initiatique de deux personnages que tout semble opposer sur le papier, mais qui partage plus d'un point commun au final.
L'alchimie entre Dubosc et Adams, fortement palpable, aidant encore plus au succès du métrage.

Bien rythmé, Jouant autant sur le comique de situation que sur d'excellent dialogues histoire de masquer une mise en scène passe-partout et limite téléfilm, abordant des thèmes aussi large que la filiation ou celui de la famille recomposée, le film vaut également pour sa sympathique galerie de seconds couteaux, porté par la regretté et pétillante Valérie Benguigui, géniale en mère de famille paumée mais émouvante.


Et même si ses grosses ficelles scénaristiques sont lourdement visibles, et qu'il ne révolutionnera pas une comédie française qui se porte pourtant de mieux en mieux en ce début d'année 2014, Fiston n'en est pas moins un joli divertissement familiale porté par de bons comédiens et une belle morale, et qui joue habilement des clichés pour mieux les détourner par la suite.

Ou un petit buddy movie comique très sympa qui prouve que comédie populaire française (et teen movies hexagonal) ne rime plus forcément avec navet (et Lol)...


Jonathan Chevrier