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[CRITIQUE] : L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S. Spivet


Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Acteurs :
Kyle Catlett, Helena Bonham Carter, Judy Davis, Callum Keith Rennie,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : 33 000 000 $
Genre : Aventure, Drame, Famille.
Nationalité : Français et Américain.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa soeur Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington. Sans rien dire à sa famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis sur un train de marchandises. Mais personne là-bas n’imagine que l’heureux lauréat n’a que dix ans et qu'il porte un bien lourd secret…


 Critique :

Quatre ans et demi, voilà le temps qu'il aura fallu au précieux Jean-Pierre Jeunet pour se remettre du semi-échec de son Micmacs à Tire-Larigot - mais surtout, de son incapacité à pouvoir mettre en scène L'Odyssée de Pi, finalement mis en boite par Ang Lee -, et nous revenir, enfin, avec un nouveau projet dans les salles obscures.

Et quel projet, l'adaptation en live action du roman de Reif Larsen, L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet, promesse d'un conte à la fois initiatique et délirant, dans la droite lignée du Fabuleux (et le mot est faible) Destin D'Amélie Poulain.

Alléchant, ce parcours initiatique en culotte courte du jeune T.S., douze ans au compteur, et qui décide de quitter tout seul son Montana natal pour rejoindre la capital Washington - ou il doit y recevoir un prix pour l'une de ses inventions -, avait tout pour salement nous contenter, surtout après sa (très) jolie bande annonce.
Mais la vraie question que se posait tout cinéphile un minimum avertit, était de savoir si l'un des cinéastes les plus talentueux de l'histoire du cinéma hexagonal, avait encore son mojo en lui, lui qui n'a tourné que deux métrages durant la dernière décennie.

Résultat après vision, si il est difficile de ne pas tomber, une fois de plus, sous le charme de conteur hors norme du metteur en scène, en revanche, malgré toutes les jolies qualités de son T.S. Spivet, le Jeunet nous donne une sale impression de tourner un peu en rond dans sa filmographie, pourtant pétrie de bandes originales et cultes.


Bien plus inspiré que le passage enfantin de Luc Besson - la très bancale trilogie Arthur et les Minimoys -, le septième film du papa de Delicatessen est une gentille et généreuse fable sur l'enfance, doublée d'une incroyable vision carte postale d'une Amérique certes un poil idéalisée, mais à la richesse mythologique et visuelle imposante.
Presque hors du temps, perdue dans une quantité de paysages somptueux, magnifié par les qualités de monteur du bonhomme et une 3D minutieuse - et rarement aussi bien utilisée ses derniers temps, et encore plus dans une péloche familiale -, l'Amérique façon Jeunet n'a jamais paru aussi populaire et belle, et encore moins dans une production estampillée " étrangère " au pays de l'Oncle Sam.

Une approche fantasmé qui rend de ce fait l'itinéraire de son jeune héros infiniment chaleureuse et séduisante, un sentiment d'autant plus fortifié par la caractérisation caricaturée d'une galerie de personnages principaux hautement sympathique, allant de la mère intello et lunaire (sublime Helena Bonham Carter, que l'on retrouve, enfin, avec plaisir) à la grande sœur trop contemporaine pour la campagne ou elle vit, sans oublier le père cowboy dans l'âme.

T.S. Spivet avait donc tout pour plaire, si seulement le frenchy ne se laissait pas aller à quelques erreurs et errances franchement agaçantes, qui nuisent lourdement quand à l'appréciation finale de son œuvre.

Trop rose-bonbon là ou il aurait mérité d'être un petit peu plus critique - quoique sa satire des médias US est vraiment immersive et réussite -, plombé par une voix-off omniprésente et loin d'être franchement subtile, la péloche pâti surtout d'une promesse à peine tenue, celle d'un voyage autour des États-Unis beaucoup trop court et banale pour convaincre.
Expédié à la va-vite, sans aucun rebondissement marquant et ponctué d'interventions et de rencontres - toutes ou presque -, inutiles, tout le périple du jeune bonhomme (cela dit impeccablement interprété par le tout jeune et talentueux Kyle Catlett, déjà repéré dans la très bonne série The Following), laisse un gout de déception au fond de la gorge, là ou on l'avait rêvé bien plus fantasque.


Dommage, car même si il est parfois un peu trop prévisible et mélancolique (surtout dans son dernier tiers), dans l'état, le film est un joli conte sur l'enfance, à la mise en scène aussi inspirée que maitrisée.

Bien plus réussi que Micmacs à Tire-Larigot mais moins marquant que ses précédents longs, L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Spivet reste tout de même un sympathique divertissement de transition, en attendant de retrouver un Jean-Pierre Jeunet plus ambitieux.

En espérant surtout que celui-ci se donnera les moyens de réellement l'être à l'avenir...


Jonathan Chevrier

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