[CRITIQUE] : Yo Mama

Réalisatrice•teur : Leïla Sy et Amadou Mariko
Avec : Claudia Tagbo, Zaho, Sophie-Marie Larrouy, Jean-Pascal Zadi,...
Distributeur : Gaumont
Budget : -
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Durée : 1h37min

Synopsis :
Affolées par le clip de rap de leurs fils de 11 ans, trois mères de famille décident de se lancer à leur tour dans le rap avec un clip explosif dans le but de rétablir la communication au sein de leur foyer. Contre toute attente, les trois meilleures amies rencontrent un succès retentissant mais vont vite être dépassées par ce monde dont elles ignorent les codes et leur soudaine notoriété...

Critique :

Certes,#YoMama est aussi fin que du gros sel, impose une grosse suspension d'incrédulité et est enrobé dans un positivisme très sucré, mais il n'est vraiment pas cité-rible (tu l'as ?), porté qu'il est par un regard juste sur les problématiques propres à la jeunesse des banlieues pic.twitter.com/0hZOgV8A0D
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 4, 2023

Il est toujours mauvais de tirer aveuglément sur l'ambulance de la comédie populaire française dite " facile " - pour être poli -, ne serait-ce parce que cela alimente les commentaires tout aussi faciles de spectateurs/haters bas du front considérant que le cinéma hexagonal ne produit que cela (absurdité elle-même alimentée il est vrai, par un abattage promotionnel/publicitaire résolument plus importante pour ce type de production), mais aussi et surtout parce que cracher sa bile sans le moindre argument (et parfois même sans avoir vu le film en question dans son vomis textuel), démontre avant tout et surtout que l'on est un média ne visant que du putaclic - donc inconsistant et à chier, pas de ça chez nous.

Sur le papier, et fort d'une promotion pas réellement habile pour titiller l'intérêt du spectateur, Yo Mama de Leïla Sy et Amadou Mariko fleurait bon la comédie estivale pas forcément défendable, dégainée à la sauvette entre deux blockbusters rutilants made in America, et louchant maladroitement sur un sujet pas toujours maîtrisé - ici, la banlieue -, à coup de " bon vivre ensemble " lancé avec un cynisme malhonnête.

Une fausse mauvaise impression donc, mais une vraie bonne surprise à l'arrivée, pour ce qui est une comédie involontairement d'actualité mais surtout infiniment juste dans sa manière de traiter des problématiques propres à la jeunesse des banlieues, à la difficulté des familles et, plus directement ici des figures maternelles, à éduquer et préserver du côté obscur des mauvaises influences, des gosses souvent décrochés par le fruit lentement pourrie d'une incapacité à communiquer - et pas uniquement avec leurs proches.

Car tout le cœur du film, comme l'indique son titre, au-delà d'être une auscultation pas totalement artficielle - et au féminin - du monde du rap (porté la présence désopilante du génial Jean-Pascal Zadi), c'est la relation qui unit les mères à leur progéniture, trois mères devant rectifier le tir face à la bêtise de leurs mômes, en arpentant le même terrain de jeu - un clip de rap, devenu viral -, tout en étant littéralement dépassés par ses règles.
Alors certes, c'est aussi fin que du gros sel, ça impose une grosse suspension d'incrédulité et le tout est enrobé dans un positivisme sucré qui frôle parfois l'overdose, mais Yo Mama n'est vraiment pas cité-rible (tu l'as ?), et il est même plutôt chouette au final, bien aidé par un excellent trio Claudia Tagbo/Zaho/Sophie-Marie Larrouy.

Jonathan Chevrier