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[CRITIQUE] : Super Mario Bros le film


Réalisateurs : Aaron Horvath et Michael Jelenic
Avec les voix originales de : Chris Pratt, Anya Taylor-Joy, Charlie Day, Seth Rogen,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Animation, Action, Aventure, Comédie, Famille
Nationalité : Américain, Japonais
Durée : 1h32min

Synopsis :
Un film basé sur l’univers du célèbre jeu : Super Mario Bros.


Critique :


Le cinéma et les jeux vidéo ne forment pas un mariage heureux. Les bonnes adaptations se comptent sur les doigts d’une (seule) main. Dans le tas des films à jeter, le Super Mario Bros de 1993, mal aimé des fans du petit personnage. Trente ans plus tard, Mario revient sur grand écran, sous des traits animés cette fois. Malgré le joug des aficionados de l’univers Nintendo à propos du doublage anglais du plombier (Chris Pratt au lieu de la voix mythique de Charles Martinet), les premières images ont grandement plu. Super Mario Bros le film, version 2023, est-il un nouveau flop ? Verdict.

Copyright 2022 Nintendo and Universal Studios


It’s me, Mario !”. Après un incipit pour nous présenter le grand méchant du récit, Bowser, c’est au tour du héros, le petit plombier à la salopette bleue. La voix et l’accent interpellent (petite précision, nous avons vu le film dans sa version originale, donc avec la voix de Chris Pratt), bien loin de ce que nous ont présenté les bandes annonces. Mais surprise, la voix et l’accent sont faussées, et utilisées seulement pour la publicité de l’entreprise de Mario et de Luigi, son frère, qui jouent la caricature de l’ouvrier italien. Issus d’une famille d’immigrés italiens, Mario et Luigi parlent parfaitement anglais, mais agrémentent quelquefois les dialogues d’un “mama mia” retentissant. La narration joue des éléments du personnage : les costumes, l’enthousiasme inégalée et même sa propension à ne jamais abandonner malgré les difficultés (un trait de caractère propre aux gamers cependant, Mario étant le réceptacle de la volonté et des abandons dans les jeux Super Mario …). Le film n’oublie pas les fans de la première heure, ceux et celles qui ont connu la difficulté des jeux de plateforme et l’apprentissage du gameplay. La mise en scène joue sur un visuel de plateforme dès le début (une scène à Brooklyn notamment) et montre Mario recommencer jusqu’à la perfection un niveau, afin de convaincre la princesse Peach qu’il est compétent pour sauver le monde à ses côtés. Les parents aimeront cet hommage (à outrance on le reconnaît) aux jeux de leur enfance, qui convaincront sûrement leurs enfants de s’y essayer (et de s’y casser les dents).

Mais si nous laissons de côté l’aspect fan service de Super Mario Bros, le film devient une œuvre cohérente dans l’univers de la firme Illumination. On retrouve leur amour des personnages à la marge, dans le déni de leur situation (ici une entreprise en faillite), et/ou dans un enthousiasme démesuré. On retrouve également leur amour des créatures mignonnes (les petites pingouins bagarreurs), des personnages féminins badass (Peach n’est plus une princesse en détresse mais une meuf prête à en découdre), des méchants pas si méchants et du comique de situation (Illumination AIME le comique de situation). L’humour du film se forme constamment sur du contrepoint, en mettant en parallèle la petitesse des pingouins et leur hargne guerrière, ou le méchant Bowser qui est en fait secrètement amoureux de Peach, quitte à chanter son amour au piano comme une diva. Le récit a la bonne idée d’intégrer Mario dans le monde réel et de ne pas coller aux caractéristiques des personnages lors de leur création (dans les années 80). De ce fait, Peach n’a pas besoin d’être sauvée mais aussi, le scénario n’a pas besoin d’instaurer une histoire d’amour entre Mario et Peach. Reprenant le chemin pris par Disney depuis quelque temps, l’amour est fraternel ici. Toute l’histoire tourne autour du lien Mario/ Luigi, de l’amour qu’ils se portent et de combien, à deux, ils sont plus forts. Les spectateur⋅trices les plus vigilant⋅es verront que la narration est un exemple assez classique du voyage du héros (concept créé par Joseph Campbell) et qu’au demeurant, il est compliqué d’attaquer le film sur son scénario, comme il sera compliqué de l’attaquer sur son animation (les scènes d’action étant particulièrement réussies). Mais si le public attendait une œuvre “nintendoesque”, ils seront déçus tant Super Mario Bros est un film purement “Illumination like”.

Copyright 2022 Nintendo and Universal Studios



Le verdict est alors en demi-teinte. Super Mario Bros le film ne se démarquera sûrement pas des productions Illumination mais aura le mérite d’offrir à son public un long métrage solide, à défaut d’être parfait.


Laura Enjolvy