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[CRITIQUE] : Chien de la casse


Réalisateur : Jean-Baptiste Durand
Acteurs : Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Galatea Bellugi,...
Distributeur : Bac Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l'arrivée au village d'une jeune fille, Elsa, avec qui Dog va vivre une histoire d'amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place.



Critique :

Gentiment mais sûrement, à force de bouffer l'écran et de voler la vedette dans le moindre second rôle qui lui ait donné, que ce soit sur la petite (les excellentes HP sur OCS et Family Business sur Netflix) où la grande lucarne (Coupez !, La Cour des Miracles, Novembre, Les Olympiades, Fumer fait tousser où le tout récent Je verrai toujours vos visages...), le génial et charismatique Raphaël Quenard imprime les rétines et fait son trou au cœur d'un septième art auquel il n'était pas vraiment prédestiné.

Mais comme toutes les vraies " gueules ", le bonhomme est fait pour le cinéma et celui-ci commence, enfin, a bien le lui rendre avec un rôle-titre, aux côtés d'une autre next big thing - Anthony Bajon -, dans le premier effort de Jean-Baptiste Durand, Chien de la Casse, comédie dramatique sur une amitié fusionnelle et déglinguée qui déraille dès qu'une jeune femme de passage, vient redistribuer les cartes d'un château relationnel toxique et furieusement bancal.

Copyright Camille Sonally

Soit l'hâbleur et agressif Mirales et le plus réservé Dog, engoncé dans une amitié co-dépendante qui voit les deux être aussi inséparables qu'ils s'étouffent mutuellement, trompant le temps comme ils le peuvent (c'est à dire avec pas grand chose mais surtout des mesquineries pour le premier), dans leur petit bled du sud de la France d'où ils (sur)vivent avec des petits trafics.
Deux amis à la vie, à la mort jusqu'à ce que la belle Elsa, venue garder la maison de sa tante, bouscule leur (mauvaise) dynamique autant que leur (in)certitude, renvoyant à Mirales sa propre solitude

Questionnant habilement la notion de vulnérabilité au travers d'une confrontation entre un être conscient de passer à côté de sa vie (le meneur du duo) et un autre qui cherche à pleinement vivre la sienne et grandir (paradoxalement le soumis de cette relation), Durand signe un double récit initiatique à la fois insolent et mélancolique sur deux mômes blessés, une comédie dramatique un brin social qui veille consciencieusement à ne jamais cocher toutes les cases de la chronique sur une jeunesse paumée et sans perspective d'avenir - d'autant qu'il n'a pas pour cadre une banlieue fantasmée.

Copyright Camille Sonally

Totalement vissé sur la vérité et la puissance de ces deux vedettes (à l'alchimie détonnante, entre un Quenard étourdissant et volubile, et un Bajon tout en retenue), Chien de la casse se fait un premier effort à la fois drôle et délicat, lumineux et doux-amer, une errance émouvante et existentielle dont on ressort agréablement bousculé.
Un premier film plein de promesses.


Jonathan Chevrier