[CRITIQUE] : À Plein Temps
Réalisateur : Eric Gravel
Avec : Laure Calamy, Anne Suarez, Geneviève Mnich,…
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min
Synopsis :
Julie se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer.
Critique :
Nous avons tous fait ce cauchemar anxiogène (et universel dans les angoisses qu'il chérit) où nous nous retrouvons à essayer d'arriver à l'heure à une réunion, un cours voire à un événement important, alors que le monde entier et tous les éléments possibles et inimaginables, semble conspirer contre nous et nous faire arriver en retard.
Ce cauchemar, c'est le quotidien douloureux de la mère célibataire qu'est Julie, femme courage au coeur du second long-métrage d'Eric Gravel, le bien nommé À Plein Temps, qui n'est pas reparti les mains plaines à la dernière Mostra de Venise.
Tout du long, la caméra est totalement vissé sur son calvaire constant (aussi physique que psychologique), elle dont les ressources et à la ténacité à toute épreuve est mise à rude épreuve par une société contemporaine dont la seule mission semble celle de l'épuiser jusqu'à ce qu'elle perde définitivement pied.
Elle se lève avant même que le soleil n'en fasse de même, laisse ses deux enfants avec une baby-sitter réfractaire vivant à proximité de sa maison, puis court à toute vitesse à Paris où elle travaille dans un palace parisien.
Mais ses élans titanesques et déjà complexes vont vite le devenir encore plus, à une heure ou le bras de fer entre les syndicats des transports et le gouvernement français bat son plein, vont la contraindre à trouver des solutions de plus en plus ingénieuses et désespérées pour retourner chaque soir auprès de ses enfants, et se présenter tous les matins au travail...
Fable sociale sensible et foutrement réaliste au rythme effréné (à peine quatre-vingt-dix minutes menées tambour battant) autant qu'une belle ode contre l'adversité à la fois digne et douloureuse ne tombant jamais dans un misérabilisme facile, À Plein Temps est aussi un solide portrait de femme pas si éloigné du brillant Deux Jours, Une Nuit des frangins Dardenne, porté avec conviction et force par Laure Calamy.
Dans la peau souffrante mais déterminée de Julie, l'actrice, follement empathique, ne s'écroule jamais sous le poids de ses contraintes (couplées à un ex-mari qui ne paye pas sa pension alimentaire ou un employeur qui conteste les retards malgré la situation) et du manque de soutien des siens (un entourage qui lui conseille de déménager et d'arrête de rêver d'un travail décent dans le secteur qui correspond au mieux à ses compétences : le marketing et les statistiques de marché).
Elle est comme un roseau : elle a beau plier constamment et flirter avec le chaos, elle ne rompt jamais dans son combat pour rester à flot face à une société qui rompt tout sentiment de sécurité personnelle et professionnelle (l'une des dérives les plus inquiétantes de la société occidentale capitaliste et impitoyable), pour être une bonne mère tout en ne pas renonçant pas au désir de s'épanouir professionnellement.
Difficile au final de dire ce qui est le plus douloureux à la vision de ce véritable thriller du quotidien : la course sans fin de Julie pour assurer la survie de sa famille et celle de ses ambitions, ou la prise de conscience déroutante que l'on peut avoir, qu'il y a beaucoup de choses qui nourrissent cette chronique juste et sèche, dans lesquelles nous pouvons tous totalement nous reconnaître...
Jonathan Chevrier
Avec : Laure Calamy, Anne Suarez, Geneviève Mnich,…
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min
Synopsis :
Julie se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer.
Critique :
Fable sociale sensible et réaliste autant qu'une belle ode contre l'adversité à la fois digne et douloureuse, #ÀPleinTemps se fait aussi un solide portrait de femme pas si éloigné du brillant #DeuxJoursUneNuit des frères Dardenne, porté avec conviction et force par Laure Calamy. pic.twitter.com/m0TEp9Z9xB
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 12, 2022
Nous avons tous fait ce cauchemar anxiogène (et universel dans les angoisses qu'il chérit) où nous nous retrouvons à essayer d'arriver à l'heure à une réunion, un cours voire à un événement important, alors que le monde entier et tous les éléments possibles et inimaginables, semble conspirer contre nous et nous faire arriver en retard.
Ce cauchemar, c'est le quotidien douloureux de la mère célibataire qu'est Julie, femme courage au coeur du second long-métrage d'Eric Gravel, le bien nommé À Plein Temps, qui n'est pas reparti les mains plaines à la dernière Mostra de Venise.
Tout du long, la caméra est totalement vissé sur son calvaire constant (aussi physique que psychologique), elle dont les ressources et à la ténacité à toute épreuve est mise à rude épreuve par une société contemporaine dont la seule mission semble celle de l'épuiser jusqu'à ce qu'elle perde définitivement pied.
Copyright Haut et Court |
Elle se lève avant même que le soleil n'en fasse de même, laisse ses deux enfants avec une baby-sitter réfractaire vivant à proximité de sa maison, puis court à toute vitesse à Paris où elle travaille dans un palace parisien.
Mais ses élans titanesques et déjà complexes vont vite le devenir encore plus, à une heure ou le bras de fer entre les syndicats des transports et le gouvernement français bat son plein, vont la contraindre à trouver des solutions de plus en plus ingénieuses et désespérées pour retourner chaque soir auprès de ses enfants, et se présenter tous les matins au travail...
Fable sociale sensible et foutrement réaliste au rythme effréné (à peine quatre-vingt-dix minutes menées tambour battant) autant qu'une belle ode contre l'adversité à la fois digne et douloureuse ne tombant jamais dans un misérabilisme facile, À Plein Temps est aussi un solide portrait de femme pas si éloigné du brillant Deux Jours, Une Nuit des frangins Dardenne, porté avec conviction et force par Laure Calamy.
Dans la peau souffrante mais déterminée de Julie, l'actrice, follement empathique, ne s'écroule jamais sous le poids de ses contraintes (couplées à un ex-mari qui ne paye pas sa pension alimentaire ou un employeur qui conteste les retards malgré la situation) et du manque de soutien des siens (un entourage qui lui conseille de déménager et d'arrête de rêver d'un travail décent dans le secteur qui correspond au mieux à ses compétences : le marketing et les statistiques de marché).
Copyright Haut et Court |
Elle est comme un roseau : elle a beau plier constamment et flirter avec le chaos, elle ne rompt jamais dans son combat pour rester à flot face à une société qui rompt tout sentiment de sécurité personnelle et professionnelle (l'une des dérives les plus inquiétantes de la société occidentale capitaliste et impitoyable), pour être une bonne mère tout en ne pas renonçant pas au désir de s'épanouir professionnellement.
Difficile au final de dire ce qui est le plus douloureux à la vision de ce véritable thriller du quotidien : la course sans fin de Julie pour assurer la survie de sa famille et celle de ses ambitions, ou la prise de conscience déroutante que l'on peut avoir, qu'il y a beaucoup de choses qui nourrissent cette chronique juste et sèche, dans lesquelles nous pouvons tous totalement nous reconnaître...
Jonathan Chevrier