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[CRITIQUE] : Théo et les métamorphoses


Réalisateur : Damien Odoul
Avec : Théo Kermel, Pierre Meunier, Ayumi Roux,…
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h36min

Synopsis :
Théo, un jeune trisomique de 27 ans, vit avec son père dans une maison isolée au cœur d’une forêt. Ils cohabitent en harmonie avec la nature et les animaux, mais un jour le père s’absente laissant son fils seul avec ses visions... Théo commence alors son odyssée dans laquelle il va se réinventer, s’ouvrir au monde, expérimenter la liberté, et tenter d’y découvrir la nature des choses tout comme la nature des êtres.



Critique :


C'est une proposition assez singulière et pour le moins fantaisiste que signe Damien Odoul avec son Théo et les métamorphoses, un documentaire entre réalisme et saillies surréalistes intégralement vissé sur le quotidien extravagant de Théo - dit To -, un jeune homme trisomique de 27 ans qui vit avec son père dans une maison isolée au coeur de la forêt.
L'obsession de To qui occupe toutes ses journées ou presque, et ce même s'il fait preuve d'un vrai talent pour le dessin et d'un amour sincère pour la nature, c'est d'apprendre les arts martiaux (entre techniques de combat et des exercices visant à booster son Chi pour mieux retrouver son équilibre intérieur) et de vivre comme un samouraï, transformant même, à ses yeux, le jardin familial en un camp d'entraînement grandeur nature.
Et c'est là tout l'intérêt justement, de cet effort : en privilégiant au maximum le point le point de vue son héros (jusque dans sa narration en voix-off à la première personne), le cinéaste offre un rare et pertinent aperçu du monde à travers le regard d'une personnalité atteinte du syndrome de la trisomie 21, et à l'imaginaire foisonnant.

Copyright Wild Bunch Distribution

Par ce prisme déroutant et ludique mais surtout constamment imprévisible, la forêt se transforme alors en un labyrinthe onirique plein de merveilles qui ne cesse de fasciner, un environnement certes désolé mais qui lui offre le plus authentique des sentiments de liberté, autant qu'un terreau fertile à son imagination et à sa créativité sans limite.
Si la première partie, résolument la plus cohérente et maîtrisée, suit la relation fusionnelle entre Théo et son père, la seconde elle, une fois le jeune homme laissé seul avec lui-même, se perd dans un trip psycho-physiologique et mystique (avec des rencontres allant d'une femme-serpent shakti à un Bob Marley ressuscité en chien,...) désordonné voire même un poil déconcertant, tant il ne donne jamais vraiment de substance à sa quête d'émancipation/découverte de soi/métamorphose ici totalement métaphorique.
Rythmé sur le pouls énergique et sympathiquement chaotique de son sujet, Théo et les métamorphoses peut parfois laisser sur le carreau son auditoire, mais n'en est pas moins un beau, poétique et gentiment cabossé effort sur la différence.


Jonathan Chevrier