[CRITIQUE] : Tout s’est bien passé
Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
Adaptation du roman Tout s’est bien passé d’Emmanuèle Bernheim.
Emmanuèle, romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle, se précipite à l’hôpital, son père André vient de faire un AVC.
Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, il demande à sa fille de l’aider à en finir.
Avec l’aide de sa sœur Pascale, elle va devoir choisir : accepter la volonté de son père ou le convaincre de changer d’avis.
Critique :
Toujours plus insaisissable et prolifique que jamais, François Ozon n'aura mit qu'un tout petit peu plus d'une année avant de retrouver nos salles obscures, après avoir embellit la cuvée 2020 du septième art hexagonal avec le superbe Été 85, tourbillon intense sur la complexité de l'âme humaine frappée par la logique implacable du feu de la passion, plaquée sur une odyssée adolescente urgente et immersive.
Un teen movie enchanté et enchanteur qui imprime la rétine et le coeur, collant à la peau comme un de ses tubes estivaux dont on ne peut totalement se défaire.
Tout s'est bien passé lui, n'est pas fondamentalement fait du même bois, tant dans sa forme volontairement moins légère, que dans son sujet plus grave et pleinement de société : l’euthanasie ou le droit de mourir et l’accompagnement des personnes dite dépendantes, vers le crépuscule de leur existence.
Douloureux, le projet l'est encore plus dans ses fondements, puisqu'il est l'adaptation d'un roman biographique de feu Emmanuèle Bernheim, collaboratrice de longue date du cinéaste (elle a participé à l'écriture des scripts de Sous le sable, Swimming pool, 5X2 et Ricky), et qui devait même en être le rôle titre, à l'époque où Alain Cavalier portait le film (il l'abandonna suite au décès de celle-ci).
Un poids considérable pour un film dont le pivot central - le droit de mourir dans la dignité - était déjà sujet au potentiel dérapage incontrôlé, mais Ozon l'embrasse avec une puissance au moins égale à celle de Grâce à Dieu, en croquant une superbe dichotomie évitant soigneusement les travers du drame sociétal, articulé autour du choix implacable d'un père d'en finir, et du cataclysme de celui-ci sur sa progéniture obligée de digérer la décision (mais aussi sa lente agonie), autant d'oeuvrer à la mettre en exergue.
Loin d'un Amour d'Haneke, le cinéaste opère un jeu d'équilibriste étonnamment accrocheur, entre une puissance émotionnelle sèche et radicale, et un humour narquois, installant son auditoire au coeur d'une vérité dérangeante, un chaos tendu shooté comme un film catastrophe agité ou les corps et les âmes sont mises à rude épreuve, jusqu'à une conclusion aussi connue qu'elle est redoutée.
Dénué de tout pathos facile, cette chronique d'une mort désirée et annoncée - mais illégale - subjugue dans son refus de plonger tête la première dans le drame larmoyant et contemplatif, provoquant l'empathie de manière insoupçonnée dans des décalages de tons et de réactions qui font justement toute l'authenticité de ses personnages, habités et passionnants à suivre - surtout dans leurs imperfections et leur démesure.
Porté par un trio épatant (si Sophie Marceau et Géraldine Pailhas sont exceptionnelles, un André Dussolier tout en désinvolture et en égoïsme pervers, leur vole merveilleusement la vedette), Ozon, dont le cinéma est toujours autant abîmé par le deuil et les maux familiaux, tutoie le mordant de ses débuts et se fait le chef d'orchestre d'une symphonie brute et follement humaine démontant savamment les préjugés; un air presque vaudevillesque où cruauté et mélancolie s'enlacent dans un amour de la vie tel, que l'on se doit de chercher à la quitter avant qu'elle même nous quitte.
Une sacrée proposition.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
Adaptation du roman Tout s’est bien passé d’Emmanuèle Bernheim.
Emmanuèle, romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle, se précipite à l’hôpital, son père André vient de faire un AVC.
Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, il demande à sa fille de l’aider à en finir.
Avec l’aide de sa sœur Pascale, elle va devoir choisir : accepter la volonté de son père ou le convaincre de changer d’avis.
Critique :
Avec #ToutSEstBienPassé, Ozon, dont le cinéma est toujours aussi abîmé par le deuil, tutoie le mordant de ses débuts et se fait le chef d'orchestre d'une symphonie brute et follement humaine démontant savamment les préjugés, un air quasi-vaudevillesque entre cruauté et mélancolie pic.twitter.com/vOBFk9Ji7I
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 7, 2021
Toujours plus insaisissable et prolifique que jamais, François Ozon n'aura mit qu'un tout petit peu plus d'une année avant de retrouver nos salles obscures, après avoir embellit la cuvée 2020 du septième art hexagonal avec le superbe Été 85, tourbillon intense sur la complexité de l'âme humaine frappée par la logique implacable du feu de la passion, plaquée sur une odyssée adolescente urgente et immersive.
Un teen movie enchanté et enchanteur qui imprime la rétine et le coeur, collant à la peau comme un de ses tubes estivaux dont on ne peut totalement se défaire.
Tout s'est bien passé lui, n'est pas fondamentalement fait du même bois, tant dans sa forme volontairement moins légère, que dans son sujet plus grave et pleinement de société : l’euthanasie ou le droit de mourir et l’accompagnement des personnes dite dépendantes, vers le crépuscule de leur existence.
Copyright Carole BETHUEL/Mandarin Production/Foz |
Douloureux, le projet l'est encore plus dans ses fondements, puisqu'il est l'adaptation d'un roman biographique de feu Emmanuèle Bernheim, collaboratrice de longue date du cinéaste (elle a participé à l'écriture des scripts de Sous le sable, Swimming pool, 5X2 et Ricky), et qui devait même en être le rôle titre, à l'époque où Alain Cavalier portait le film (il l'abandonna suite au décès de celle-ci).
Un poids considérable pour un film dont le pivot central - le droit de mourir dans la dignité - était déjà sujet au potentiel dérapage incontrôlé, mais Ozon l'embrasse avec une puissance au moins égale à celle de Grâce à Dieu, en croquant une superbe dichotomie évitant soigneusement les travers du drame sociétal, articulé autour du choix implacable d'un père d'en finir, et du cataclysme de celui-ci sur sa progéniture obligée de digérer la décision (mais aussi sa lente agonie), autant d'oeuvrer à la mettre en exergue.
Loin d'un Amour d'Haneke, le cinéaste opère un jeu d'équilibriste étonnamment accrocheur, entre une puissance émotionnelle sèche et radicale, et un humour narquois, installant son auditoire au coeur d'une vérité dérangeante, un chaos tendu shooté comme un film catastrophe agité ou les corps et les âmes sont mises à rude épreuve, jusqu'à une conclusion aussi connue qu'elle est redoutée.
Dénué de tout pathos facile, cette chronique d'une mort désirée et annoncée - mais illégale - subjugue dans son refus de plonger tête la première dans le drame larmoyant et contemplatif, provoquant l'empathie de manière insoupçonnée dans des décalages de tons et de réactions qui font justement toute l'authenticité de ses personnages, habités et passionnants à suivre - surtout dans leurs imperfections et leur démesure.
Copyright Carole BETHUEL/Mandarin Production/Foz |
Porté par un trio épatant (si Sophie Marceau et Géraldine Pailhas sont exceptionnelles, un André Dussolier tout en désinvolture et en égoïsme pervers, leur vole merveilleusement la vedette), Ozon, dont le cinéma est toujours autant abîmé par le deuil et les maux familiaux, tutoie le mordant de ses débuts et se fait le chef d'orchestre d'une symphonie brute et follement humaine démontant savamment les préjugés; un air presque vaudevillesque où cruauté et mélancolie s'enlacent dans un amour de la vie tel, que l'on se doit de chercher à la quitter avant qu'elle même nous quitte.
Une sacrée proposition.
Jonathan Chevrier