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[CRITIQUE] : Supernova

Réalisateur : Harry Macqueen
Avec : Colin Firth, Stanley Tucci, Pippa Haywood, Peter Macqueen, ...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame, Romance
Nationalité : Britannique
Durée : 1h34min

Synopsis :
Sam et Tusker s'aiment depuis 20 ans. À bord de leur vieux camping-car, ils rendent visite à leurs amis et famille et retournent sur les lieux de leur jeunesse. Depuis que Tusker est atteint d'une grave maladie, tous leurs projets ont été suspendus. Le temps est compté et être ensemble est désormais la chose la plus précieuse. Cependant, ce dernier voyage va mettre leur amour à rude épreuve.


Critique :



Supernova, le deuxième long métrage du cinéaste et acteur britannique Harry Macqueen, avait tout du film crève-cœur de la rentrée, à l’image de Blackbird l’année dernière, réalisé par Roger Michell, avec exactement le même thème. Le film nous invite à sillonner les routes de campagnes anglaises, habillées des couleurs d'automne, en compagnie de Colin Firth et Stanley Tucci formant un couple sur le point de vivre un drame.

Copyright 2020 British Broadcasting Corporation, The British Film Institute, Supernova Film Ltd.

Le terme supernova est l’ensemble des phénomènes résultant à l’explosion d’une étoile, augmentant considérablement sa luminosité dans le ciel, alors qu’elle est déjà morte. Le film commence par un ciel, de nuit, où quelques étoiles brillent plus que d’autres forment d'étranges dessins. Un fondu enchaîné nous montre deux mains jointes l’une à l’autre, celles de Tucker (Stanley Tucci) et Sam (Colin Firth), un couple d'artistes enlacé dans un lit. Tucker est atteint d’une maladie dégénérative précoce et perd progressivement son habileté à écrire (il est écrivain), à se souvenir, à contrôler ses émotions. La métaphore ne se fait pas bien subtil et une peur légitime survient, celle de se trouver face à un drame lourdingue comme le cinéma peut en produire. La musique, lancinante au possible, n'aide en rien à espérer autre chose.

Pourtant, le film d’Harry Macqueen est surprenant à plus d’un titre. Le récit ne tourne pas autour de la maladie, mais du couple et de leurs souvenirs ensemble. Partis faire un road-trip dans leur vieille caravane, Sam et Tucker font un dernier voyage tant que ce dernier peut encore être lui-même (dans la mesure du possible). Parce que le film commence alors qu’ils ont déjà vingt ans de vie commune dans les pattes, il fallait que la mise en scène nous montre leur façon unique d’être un couple. Cela passe par les gestes, les regards et l’alchimie entre les deux acteurs, amis de longue date, qui forment un couple solide et aimant devant la caméra.

Copyright THE BUREAU

L’approche intimiste est aidée par le paysage anglais et l’intérieur confiné de la caravane. Le film est rythmé par les différents arrêts du couple, formant toute une vie à deux, qui se déroule sous nos yeux sans l’aide de flash-back. Les dialogues fourmillent de piques savoureuses entre deux personnes qui se connaissent comme leur poche et évitent, avec beaucoup de subtilité, les moments emphatiques sur la maladie. Ce sont justement les silences, les non-dits, la différence entre ce qui est dit et ce qui est montré, qui sont éloquents. La simplicité (et l’originalité restreinte) du scénario est compensée par la mise en scène pleine d'empathie que nous propose le cinéaste. La cadre ne se sépare jamais du couple et se sert parfois d’un encadrement de miroir, de fenêtre pour que Sam et Tucker restent ensemble, bien que séparés dans la scène. Mais ce procédé est de moins en moins utilisé à mesure que nous comprenons ce que prépare Tucker à l’insu de son époux, nous permettant d’être omniscient⋅es et donc totalement déchiré⋅es par ce qui est sur le point d'arriver. Hélas, cette anticipation dessert complètement le récit. Parce qu’il arrive un moment où le couple doit s’expliquer et parler enfin concrètement de la maladie. Cette séquence sur-explicative, à l’ambiance sonore lourde de sens, fait basculer Supernova vers le drame symbolique lourdingue, chose que le film avait réussi à éviter jusque-là.

Harry Macqueen fait preuve d’une belle subtilité, couplée à une mise en scène intimiste pour son deuxième long métrage. Le cinéaste, qui s’est beaucoup renseigné avant d’écrire son film, signe un drame poignant sans esbroufe, avec beaucoup de savoir-faire et de délicatesse.


Laura Enjolvy



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